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qui est de garde ne doit pas se mêler. Lorsqu’il manque des sergens à une compagnie, un caporal va à l’ordre avec son fusil. Tous les sergens doivent avoir leurs halebardes lorsqu’ils vont à l’ordre, & qu’ils vont le porter à leurs officiers. Histoire de la milice françoise, par le pere Daniel.

Mot, (Hist. mod.) on le dit aussi des armoiries & des devises. Voyez armoiries & Devise.

Ce qu’on appelle le mot dans les armoiries, est une courte sentence ou phrase écrite sur un rouleau qu’on place ordinairement au-dessus de l’écusson, & quelquefois au-dessous. Tantôt ce mot fait allusion au nom ou à quelques pieces des armes de la personne à qui appartiennent les armes, & tantôt il n’a rapport ni au nom ni au blason.

Le mot, dit Guillin, est un ornement extérieur attaché à la cotte d’armes ; il présente, ajoute-t-il, une idée de celui à qui les armes appartiennent, mais exprimée succinctement & avec force en trois ou quatre paroles au plus, écrites sur une bande ou compartiment qu’on place au pié de l’écusson ; & comme ce mot tient la derniere place dans les armes, on le blasonne aussi le dernier. A la rigueur, il devroit exprimer quelque chose de relatif à ces armes ; mais l’usage a fait admettre toute sorte de sentences expressives ou non. Voyez Blason.

Cette coutume d’employer un mot ou symbolique, ou comme cri de guerre pour s’animer, se reconnoître, & se rallier dans les combats, est très-ancienne : l’Histoire sacrée & profane nous en fournissent également des exemples. Nos ancêtres faisoient choix du mot le plus propre à exprimer leur passion dominante, comme la piété, l’amour, la valeur, &c. ou quelque événement extraordinaire qui leur fût arrivé. On trouve plusieurs mots de cette derniere sorte qui se sont perpétués dans les familles, quoiqu’ils ne convinssent proprement qu’à la premiere personne qui se l’étoit attribué.

Le mot de la maison royale de France est espérance ; & dans quelques écussons lilia non laborant neque nent, par allusion à la loi salique, qui exclut les femmes de la couronne : celui de la maison royale d’Angleterre est Dieu & mon droit. L’ordre de la Jarretiere a pour mot, honi soit qui mal y pense ; & le duc de Nortfolk ces paroles, sola virtus invicta : le duc de Bedfort celles ci, che sara sara : celui de Devonshire, cavendo tutus, par allusion au nom de sa maison, qui est Cavendish. Le duc de Kinston, dont le nom est Pierrepont, a pour mot Pie reponete : le comte de Radnor, quæ supra, parce qu’il porte trois étoiles dans ses armes : le lord Klinton, dont le nom est Fortescue, prend celui-ci, Forte scutum, salus ducum.

On peut voir sous l’article cri de guerre, les mots que prennent ou prenoient plusieurs des premieres maisons de France. Le mot d’une devise s’appelle aussi l’ame de la devise. Voyez Devise.

Mot, terme de Commerce, & particulierement de détail : il se dit du prix que le marchand demande de sa marchandise, ou de celui que l’acheteur en offre. Ce drap est de vingt francs, c’est mon dernier mot : vous n’en offrez que seize, vous ne serez pas pris au mot.

On dit qu’on a été pris au mot, quand le marchand livre sa marchandise à l’acheteur sur la premiere offre que celui-ci en a faite.

Un marchand qui n’a qu’un mot, est celui qui ne surfait pas. On dit que les Quakres d’Angleterre & les Anabaptistes de Hollande qui exercent le trafic, en usent ainsi & avec succès. Dictionnaire de Commerce.

Mot, sonner un ou deux mots, (Vénerie.) c’est sonner un ou deux tons longs du cors, qui est le signal du piqueur pour appeller ses compagnons.

MOTALA, MOTOLA, ou MOTULA, (Géogr.) petite ville d’Italie au royaume de Naples, dans la terre d’Otrante avec un évêché suffragant de Tarente : elle est à 4 milles N. O. de Massafra, 2 N. E. de Castellaneta. Long. 34. 45. lat. 40. 51.

MOTAY, (Géog.) en latin Claudius mons, montagne de la basse Hongrie, d’une grande étendue ; elle s’avance juqu’en Styrie, & reçoit divers noms selon la diversité des lieux.

MOTAYES, (Géog.) peuples sauvages de l’Amérique méridionale, au Bresil. Ils sont de couleur olivâtre, petits de taille, vont tout nuds, & vivent de maiz, de racines, de chiens & de chats sauvages. (D. J.)

MOTAZALITES, s. m. (Hist. mod.) C’est le nom des partisans d’une secte de la religion mahométane, dont la principale erreur est de croire que l’alcoran a été crée, & n’est point co-éternel à Dieu. Cette opinion, anathématisée par l’alcoran même, & proscrite par les Sonnites, n’a pas laissé de trouver des partisans zélés ; elle excita même des persécutions sous quelques-uns des califes abassides qui déciderent que l’alcoran avoit été créé ; enfin Motawakel permit à tous ses sujets de penser ce qu’ils voudroient sur la création ou l’éternité de cet ouvrage. Un docteur musulman trouva un milieu à la dispute, en disant que l’idée originaire du koran étoit réellement en Dieu ; par conséquent qu’elle étoit co-essentielle & co-éternelle à lui, mais que les copies qui en ont été faites, étoient l’ouvrage des hommes.

MOTELLE, s. f. (Pêche.) est un petit poisson de riviere, & principalement de lac. Il est ordinairement gras comme l’éperlan ; il a la peau visqueuse, sans écailles, le corps tortueux, la tête grande, large & un peu applatie, & il est très gourmand ; il est commun en Suisse & en Bourgogne ; sa chair quoique visqueuse, est assez estimée pour son goût.

MOTET, s. m. en Musique. Ce mot signifioit anciennement une composition fort recherchée & enrichie de toutes les beautés & de toutes les finesses de l’art, & cela sur une période fort courte ; d’où lui vient selon quelques-uns le nom de motet, comme si ce n’étoit qu’un mot.

Aujourd’hui motet s’entend de toute piece de Musique faite sur des paroles latines à l’usage de l’Église, comme pseaumes, hymnes, antiennes, répons, &c. & tout cela s’appelle en général musique latine, voyez Composition. Les François réussissent bien dans ce genre de musique. Leurs motets sont beaux & bien travaillés. Ceux du célebre Lalande sont des chefs-d’œuvres en ce genre, & les motets de M. de Mondonville, tout petillans de génie & de feu, charment aujourd’hui les amateurs de la nouvelle musique.

Je dois avertir que les Musiciens des xiij. & xiv. siecles donnoient le nom de motetus à la partie que nous nommons aujourd’hui haute-contre. Ce nom, & plusieurs autres aussi étranges, causent souvent bien de l’embarras à ceux qui s’appliquent à déchiffrer les anciens manuscrits de musique qui ne s’écrivoient pas en partition comme à présent. (S)

MOTEUR, adj. (Méchan.) ce qui meut ou met en mouvement. Voyez Mouvement.

Moteur, (Hydr.) est ce qui meut, ce qui fait mouvoir. C’est la force principale, c’est la puissance par laquelle agit une machine hydraulique. Dans un moulin à vent, c’est le vent, c’est l’eau dans un moulin à eau ; dans une pompe ordinaire, c’est un homme ou un cheval. Le moteur doit être proportionné à la colonne de l’eau que l’on veut élever, & un peu plus fort pour em-