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nairement, se sont évanouis à l’examen, & M. Duverney en a pris la peine. Il a vérifié que la moëlle ne souffroit aucun changement dans les divers aspects de la lune ; que sa qualité n’augmentoit point ou ne diminuoit point suivant le cours de cet astre, mais suivant la bonne nourriture ou le repos que prenoit l’animal ; que les os ne sont pas moins pleins de moëlle à la nouvelle qu’à la pleine lune ; que ceux des lions sont creux & remplis de moëlle, contre le sentiment d’Aristote ; enfin, que ceux du cheval ne sont point sans moëlle, contre l’opinion populaire.

La moëlle dans les animaux est liquide. La moëlle des animaux est toujours coulante & liquide, tandis qu’ils sont en vie ; si elle nous paroît avoir de la consistance après leur mort, & principalement après qu’elle est cuite, cela provient d’un côté, de l’interruption de sa circulation & du froid de l’air qui l’a congelée ; & de l’autre côté, de ce que le feu faisant évaporer ce qu’il y a de plus aqueux, donne plus de consistance au reste.

La moëlle est émolliente comme la graisse, & n’a pas d’autre qualité, ni celles des divers animaux n’ont pas plus d’efficace les unes que les autres.

Il faut lire & relire Clopton Havers sur cette matiere de Phisiologie ; son ouvrage écrit originairement en Anglois, est traduit en latin. Il a le premier découvert dans chaque articulation, des glandes particulieres, d’où sort une substance mucilagineuse, qui sert avec la moëlle que les os fournissent, à humecter, lubrifier les jointures & les parties qui y ont leur emboîtement. Il a aussi fait quelques découvertes sur le périoste, & plusieurs sur la moëlle en particulier. Mais Jacques de Marque a soutenu le premier, que la moëlle ne servoit pas à la nourriture des os, & a fait pour le prouver, un livre exprès qui est aujourd’hui fort rare, & qu’il mit au jour à Paris en 1609, in-8°. Le chevalier de Jaucourt.

Moelle des plantes ; (Botan.) c’est une substance molle, spongieuse qui se trouve au milieu de quelques arbres & autres plantes, comme dans le sureau & dans la tige de l’héliotrope. Grew pense d’après Hook, que la moëlle est un amas de plusieurs petits bouillons, dont le mouvement latéral & le mouvement perpendiculaire élevent le suc, & font croître la plante, tant en grosseur qu’en hauteur : mais cette idée ne paroît être qu’une pure hypothèse. (D. J.)

Moelle des pierres. (Hist. nat.) Voyez Medulla saxorum. On a quelquefois donné à la marne le nom de moëlle de terre.

Moelle du cerveau & du cervelet, (Anat.) est la partie blanche & molle du cerveau & du cervelet, laquelle est couverte extérieurement de la substance corticale, qui est d’une couleur plus obscure & cendrée. La moëlle du cerveau se nomme la substance médullaire. Voyez-en l’origine, la structure & l’usage, sous les articles Cerveau & Cervelet.

Moelle alongée est la partie médullaire du cerveau & du cervelet joints ensemble. La partie antérieure vient du cerveau, & la postérieure du cervelet. Elle est située sur la base du crâne, & se continue à-travers le grand trou de l’occipital, dans le canal des vertebres du cou, du dos, & des lombes ; mais il n’y a que ce qui est enfermé dans le crâne, qui retienne le nom de moëlle alongée. Après qu’elle est sortie du crâbe, elle s’appelle moëlle de l’épine. Voyez Moelle de l’épine & Jambes

La substance de la moëlle alongée n’étant que la réunion de la moëlle du cerveau & du cervelet, doit de même être purement fibreuse ou nerveuse, & un simple assemblage de petits tuyaux pour porter les esprits animaux. Elle a, pour ainsi dire, quatre racines, dont les deux plus grosses viennent

du cerveau, & se nomment jambes ; & les deux moindres viennent du cervelet, & ont été nommées péduncules par Willis. Voyez Cerveau & Cervelet.

En renversant la moëlle alongée, la premiere chose qui paroît sous son tronc, est une éminence qui ressemble un peu à un anneau, & qui a été nommée par cette raison protubérance annulaire. Ensuite est l’origine des dix paires de nerfs, qui de-là vont se distribuer aux différentes parties du corps. Voyez Nerf.

Immédiatement sous la premiere paire ou sous les olfactifs, on voit deux petites arteres qui sont des branches des carotides. La seconde paire, où les optiques étant coupées, on découvre l’entonnoir, en latin infundibulum, qui se termine à la glande pituitaire, & de chaque côté les arteres carotides entrent dans le crâne. Dans les ventricules latéraux de la moëlle alongée, sont deux éminences de chaque côté. Les unes sont appellées corps cannelés, en latin corpora striata, à cause des raies ou fibres nerveuses qu’on voit en-dedans de ces éminences. Leur substance extérieure est corticale ou glanduleuse, comme le reste de la surface du cerveau, quoique non pas si profonde. Entre les corps cannelés est une production large & mince de la moëlle alongée, qui se nomme la voûte, en latin fornix ; & au-dessous des corps cannelés se voient deux autres éminences, appellées couches des nerfs optiques, en latin thalami nervorum opticorum. De chaque côté de ces éminences est un plexus de vaisseaux sanguins, appellé plexus choroïde.

Au-dessous de la voute est une ouverture étroite, appellée la fente qui s’ouvre dans l’entonnoir, lequel est un conduit qui va du troisieme ventricule à la troisieme glande pituitaire à-travers la moëlle du cerveau, & qui est tapissée de la pie-mere. Sous ce ventricule, & dans la fosse de l’os sphénoïde, nommée selle à cheval, ou selle du Turc, se trouve placée la glande pituitaire qui est environnée d’un plexus de vaisseaux, appellé réseau admirable, mais qui n’est visible que dans les brutes. Voy. Réseau, Pituitaire, &c. A la troisieme partie du troisieme ventricule est un petit trou appellé anus, qui mene au quatrieme ventricule du cervelet. A l’orifice de ce trou est fixée une petite glande, qui à raison de sa prétendue ressemblance avec une pomme de pin, est nommée glande pinéale ou conarium, & où Descartes & ses sectateurs mettent le siege de l’ame. Voyez Pinéale.

A la partie postérieure de la moëlle allongée, près du cervelet, se voient quatre éminences, dont les deux supérieures & plus grosses sont appellées nates, les deux inférieures & plus petites, testes. Voyez Nates & Testes. Entre ces éminences & les productions du cervelet, se trouve le quatrieme ventricule, appellé à cause de sa figure calamus scriptorius. Voyez Calamus. Près de l’extrémité de la moëlle alongée, il y a quatre autres éminences, deux de chaque côté, les unes appellées pyramidales, & les autres olivaires. Voyez Olivaires & Conarium.

Moelle de l’épine, ou épineuse, est une continuation de la moëlle alongée, ou partie medullaire du cerveau. Voyez Épine.

Elle est composée, de même que le cerveau, de deux parties, une blanche ou medullaire, & une cendrée ou glanduleuse ; la premiere est extérieure & la seconde intérieure. La substance de la partie extérieure est à-peu-près la même que celle de la substance médullaire, sinon-qu’elle est un peu plus ferme & plus fibreuse, & cette différence devient plus sensibles à mesure que la moëlle de l’épine descend plus bas, parce que le canal des vertebres devenant toujours plus étroit, presse davantage les