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ses princes souverains qui porta son nom. On voit que je veux parler de Jean-François Pic de la Mirandole, qui, dès sa tendre jeunesse, fut un prodige d’étude & de savoir. Le goût des Sciences fut si grand en lui, qu’il prit le parti de renoncer à la principauté de sa patrie, & de se retirer à Florence où il mourut en 1494.

Il est extraordinaire que ce prince qui avoit étudié une vingtaine de langues, ait pû à vingt-quatre ans soutenir des thèses sur tous les objets de sciences connues dans son siecle. Il est vrai que les sciences de ce tems-là se bornoient presque toutes à la connoissance de la somme de saint Thomas-d’Aquin, & des ouvrages d’Albert surnommé le Grand, c’est à-dire, à un jargon inintelligible de théologie péripatéticienne. Pic de la Mirandole étoit bien malheureux, avec son beau génie, d’avoir consumé ses veilles & abrégé ses jours dans ces graves démences.

Cependant, dit M. de Voltaire, les thèses qu’il soutint firent plus de bruit, & eurent plus d’éclat que n’en ont eu de nos jours les découvertes de Newton, & les vérités approfondies par Locke. On trouva dans ces thèses plusieurs propositions hérétiques, fausses & scandaleuses ; mais n’en trouve-t-on pas par-tout où l’on veut en trouver ? Enfin, il fallut que le pape Alexandre VI. qui du-moins avoit le mérite de mépriser les disputes, envoyât une absolution à Pic de la Mirandole. Sans cette absolution, c’étoit un homme perdu. Il eût été heureux pour lui d’avoir laissé la philosophie péripatéticienne pour les beautés agréables de Virgile, du Dante, & de Petrarque. (D. J.)

MIRAVEL, (Géog.) petite ville d’Espagne dans la nouvelle Castille, & dans un terroir qui produit d’excellent vin. Elle est sur le penchant d’une colline à 4 lieues de Plazencia. Long. 12. 30. lat. 39. 54. (D. J.)

MIRE, s. f. (Arquebus.) marque sur la longueur d’une arme à feu, qui sert de guide à l’œil de celui qui veut s’en servir. Les Canonniers ont des coins de mire qui haussent & baissent le canon ; ils ont aussi une entretoise qu’ils appellent de même. Voyez les articles Canon, Affut & Entretoise.

MIREBEAU, (Géog.) petite ville de France en Poitou, capitale d’un petit pays appellé le Mirebalais. Elle fut bâtie par Foulques de Nera, & souffrit un long siege en 1202, en faveur de la reine d’Angleterre, veuve d’Henri II. qui s’y étoit réfugiée. Elle est à 4 lieues de Poitiers, & à 71 lieues S. O. de Paris. Long. 17d. 50. 23. lat. 46d. 46. 56. (D. J.)

MIRECOURT, (Géog.) ville de France en Lorraine, capitale du bailliage de Vosge. Elle s’appelle en latin Mercurii curtis ; ce nom pourroit faire conjecturer que c’est un lieu d’une grande antiquité, les anciens pourtant n’en font aucune mention. On voit seulement que c’étoit un des premiers domaines des ducs de Lorraine. Elle est sur la riviere de Maudon, à 10 lieues S. O. de Nanci, 12 S. E. de Toul, 7 N. O. d’Espinal, 66 S. E. de Paris. Long. 23. 52. lat. 48. 15. (D. J.)

MIREMONT, (Géog.) petite ville ou plutôt bourg de France dans le Périgord, proche la Vézere, à 6 lieues de Sarlat, à 8 de Périgueux. On voit auprès une grande caverne appellée Cluseau, fort célebre dans le pays. Long. 18. 26. lat. 45. 12. (D. J.)

MIREPOIX, (Géog.) petite ville de France dans le haut Languedoc, avec un évêché suffragant de Toulouse, valant dix-huit mille livres de renté, & n’ayant que 154 paroisses. Cette ville est nommée dans la basse-latinité Mirapicum, Mirapicium, Mirapicis castrum. C’étoit un lieu fort, & une place d’armes du comté de Foix, au commencement du treizieme siecle. Les Croisés la prirent, & la donne-

rent à Gui de Levis, un de leurs principaux chefs,

donation que confirmerent les rois de France, de sorte que Mirepoix a resté depuis lors dans cette même maison. Elle est sur le Gers, à 6 lieues N. E. de Foix, 16 S. E. de Toulouse, 172 S. O. de Paris. Long. 19. 32. lat. 43. 7. (D. J.)

MIRER, v. neut. (Gram.) c’est diriger à l’œil une arme vers le point éloigné qu’on veut frapper. Voyez Mire, Canon, Fusil

Mirer, (Marine.) la terre se mire, c’est-à-dire, que les vapeurs font paroître les terres de telle maniere, qu’il semble qu’elles soient élevées sur de bas nuages.

MIRLICOTON, s. m. (Jardinage.) terme usité en Provence, Languedoc & Gascogne, pour parler des grosses rossanes tardives, qui sont toûjours des pêches ou pavies.

MIRLIRO, s. m. (Jeu.) c’est un hasard au jeu de l’hombre a trois. Ce sont les deux as noirs sans matadors, qui valent au joueur une fiche de chacun, s’il gagne ; qu’il paye, s’il perd.

MIRLIROS, s. m. (Hist. nat. Bot.) sorte d’herbe des champs, qui croît dans les avoines & les terres fortes ; elle fleurit jaune, sa tige est haute, & son odeur est vive.

MIRMILLON, s. m. (Hist. anc.) espece de gladiateurs qui étoient armés d’un bouclier & d’une faulx. On les distinguoit encore à la figure de poisson qu’ils portoient à leurs casques.

MIROBRIGA, (Géog. anc.) Il y a plusieurs villes qui portent ce nom latin. 1°. Une d’Espagne, dans la Bétique. 2°. Une seconde d’Espagne, dans la même Bétique, entre Æmiliana & Salica, selon Ptolomée. Le pere Hardouin prétend que c’est présentement Villa de Capilla, au voisinage de Fuente de la Orejuna. 3°. Une de la Lusitanie dans les terres, selon Ptolomée, l. II. c. v. qui la place entre Bretolœum & Acobriga. On prétend avec beaucoup d’apparence, que c’est aujourd’hui San-Jago-de-Cacem, à une lieue & demie du rivage, dans l’Entre Tejo e Guadiana, à l’orient du port de Sinis. 4°. Une de l’Espagne tarragonoise, aux confins de la Lusitanie. Il paroît d’une inscription recueillie par Gruter, qu’elle étoit voisine de Bletisa & de Salmantica. Or, si Bletisa est aujourd’hui Ledesma, comme le prétend Mariana ; & si Salmantica est Salamanque, comme personne n’en doute, cette derniere Mirobriga pourra être Cindad Rodrigo, ou quelque part, entre cette derniere ville & Salamanque. (D. J.)

MIROIR, s. m. (Catoptr.) corps dont la surface représente par réflexion les images des objets qu’on met au-devant. Voyez Réflexion.

L’usage des miroirs est très-ancien, car il est parlé de certains miroirs d’airain, au chap. xxxviij. de l’Ex de. vers. 8. où il est dit que Moise fit un bassin d’airain des miroirs des femmes qui se tenoient assidument à la porte du tabernacle. Il est vrai que quelques commentateurs modernes prétendent que ces miroirs n’étoient pas d’airain ; mais quoi qu’il en soit, le passage precédent suffit pour constater l’ancienneté de l’usage des miroirs : d’ailleurs les plus savans rabbins conviennent que dans ce tems-là chez les Hébreux, les femmes se servoient de miroirs d’airain pour se coëffer. Les Grecs ont eu aussi autrefois des miroirs d’airain, comme il seroit aisé de le prouver par beaucoup de passages d’anciens poëtes. Voyez Ardent.

Miroir, dans un sens moins étendu, signifie une glace de verre fort unie & étamée par-derriere, qui représente les objets qui y sont présentés.

Miroir, en Catoptrique, signifie un corps poli qui ne donne point passage aux rayons de lumiere, & qui par conséquent les réfléchit. Voyez Rayon & Lumiere. Ainsi l’eau d’un puits profond ou