L’Encyclopédie/1re édition/AFFUT

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 1p. 163-164).
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AFFUT, s. m. est un assemblage de Charpente sur lequel on monte le canon, & qu’on fait mouvoir par le moyen de deux roues. Il sert à tenir le canon dans une situation convenable pour faire aisément son service.

L’affut est composé de deux longues pieces de bois HI, KL. (Pl. VI. de l’art. Milit. fig. 4.) qu’on nomme ses flasques. Elles font chacune une espece de ligne courbée dont une des extrémités I est immédiatement posée à terre, & l’autre H est appuyée sur l’axe ou l’essieu des roues, qu’elle déborde d’environ un pié. Les flasques sont jointes l’une à l’autre par quatre pieces de bois appellées entretoises. La premiere A est appellée entretoise de volée ; la seconde C, entretoise de couche ; la troisieme D, entretoise de mire ; & la quatrieme G, qui occupe tout l’intervalle de la partie des flasques qui touche à terre, se nomme entretoise de lunete. On pratique dans les flasques entre la partie qui répond à l’entretoise de volée, & celle qui répond à l’essieu des roues de l’affut, des entailles dans lesquelles on place les tourillons du canon. On pose sur les trois premieres entretoises A, C, D, une piece de bois fort épaisse sur laquelle pose la culasse du canon. Cette piece se nomme la semelle de l’affut.

La fig. 2. de la Planche VI. de l’art. Milit. fait voir le canon monté sur son affut. La fig. 3. de la même Planche représente le profil de l’affut dont AB est une des flasques ; & la fig. 4. le plan du même affut.

Lorsqu’on veut mener le canon en campagne, ou le transporter d’un lieu à un autre ; on attache un avant-train à la partie de ces flasques où est l’entretoise de lunete, comme on le voit, Pl. VI. Art. Mil. fig. 3. La figure 2. de la Planche VII. fait voir le plan de l’avant-train, & de l’affut qui y est joint ou attaché.

Outre l’affut qu’on vient de faire connoître, qui est le plus ordinaire, & qui se nomme affut à roüage, il y a des affuts de place, des marins, & des bâtards, lesquels, au lieu des roues ordinaires, n’ont que des roulettes pleines qui suffisent pour faire mouvoir le canon sur un rampart ou sur de petits espaces.

Le mortier a aussi un affut pour la facilité du service, & pour le faire tenir plus solidement dans telle situation qu’on veut.

L’affut du mortier n’a point de roues, attendu qu’on ne transporte point le mortier sur son affut, comme on y transporte le canon. On a imaginé différentes sortes d’affuts de mortiers ; il y en a de fer, il y en a eu de fonte : mais nous ne parlerons ici que du plus ordinaire. Il est composé de deux pieces de bois plus ou moins fortes & longues, suivant la grosseur du mortier : on les appelle flasques, comme dans le canon ; elles sont jointes par des entretoises fort épaisses. Sur la partie supérieure du milieu des flasques, il y a une entaille pour recevoir les tourillons du mortier ; par-dessus chaque entaille, se pose une forte bande de fer appellée sus-bande, dont le milieu est courbé en demi-cercle pour encastrer les tourillons, & les tenir fortement joints ou attachés aux flasques de l’affut. Dans l’intérieur de chaque entaille est une pareille bande de fer appellée, à cause de sa position, sous-bande. Ces bandes sont attachées aux flasques par de longues & fortes chevilles de fer ; quelquefois la sus-bande est attachée aux flasques par une autre bande de fer, qui couvre chacune de ses extrémités. Il y a sur le devant & sur le derriere des flasques, des especes de barres de fer arrondies qui les traversent de part & d’autre, & qui servent à les serrer exactement avec les entretoises : c’est ce qu’on appelle des boulons. Sur le devant des flasques ou de l’affut, il y a quatre chevilles de fer élevées perpendiculairement entre lesquelles est un morceau de bois, sur lequel s’appuie le ventre du mortier, ou sa partie qui contient la chambre. Ce morceau de bois sert à soûtenir le mortier lorsqu’on veut le faire tirer ; il est appellé coussinet. Au lieu de chevilles pour le tenir, il est quelquefois encastré dans une entaille que l’on fait exprès vers l’extrémité des flasques. Lorsqu’on veut relever le mortier, & diminuer son inclinaison sur le coussinet, on introduit entre le mortier & le coussinet un coin de mire, à peu près comme celui qui sert à pointer le canon. On voit, Pl. VII. de fortif. figure 8. un mortier A monté sur son affut X. Traité d’Artillerie par M. le Blond. (Q)

Affut, terme de Chasse ; c’est un lieu caché où l’on se met avec un fusil prêt à tirer, & où on attend le soir le gibier à la sortie d’un bois. On dit, il fait bon aller ce soir à l’affut ; on va le matin à la rentrée.