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ne ; par son moyen on juge de la direction des couches & des veines métalliques, de leur inclinaison, de leur marche, des endroits où l’on pourra les retrouver lorsque quelque obstacle imprévu aura interrompu leur cours. Voyez Filons & Géométrie souterreine. La Minéralogie emprunte aussi des secours de la Méchanique & de l’Hydraulique, tant pour le renouvellement de l’air au fond des souterreins, que pour l’épuisement des eaux, & pour élever des poids immenses qu’on a tirés du sein de la terre. Elle a besoin de l’Architecture pour empêcher les éboulemens des terres, & les affaissemens des roches & des montagnes qui ont été excavées. Voyez Mines. Toutes ces choses demandent un grand nombre de connoissances, & sur-tout beaucoup d’habitude & d’expérience, sans lesquelles on risque de se jetter. dans des dépenses ruineuses & inutiles.

C’est sur-tout en Allemagne & en Suede que la Minéralogie a été cultivée avec le plus de soin. Ceux qui se sont livrés à l’étude de cette science, ont bientôt senti qu’une Physique systématique n’étoit propre qu’à retarder ses progrès ; dès-lors ils ont porté leurs vues du côté de la Chimie, de qui seule ils pouvoient attendre les lumieres dont ils avoient besoin. Ils ne furent point trompés dans leurs espérances, & ils ne tarderent point à recueillir les fruits de leurs travaux. Agricola fut un des premiers qui défricha un champ si vaste : le célebre Beccher, dans sa Physique souterreine, répandit encore plus de jour sur cette matiere. Henckel nous a donné, dans sa Pyritologie, & dans plusieurs autres ouvrages, des idées claires & distinctes de la Minéralogie ; il a prouvé que cette science avoit besoin à chaque pas des secours de la Chimie. MM. Linnæus, Wallesius, Woltersdorf, Cartheuser ont tâché de nos jours de donner un ordre systématique aux substances du regne minéral : leurs différentes méthodes sont exposées à l’article Minéraux. Enfin M. Pott & Lehmann, l’un dans sa Lithogéognosie, & l’autre dans ses Œuvres physiques & minéralogiques, nous ont donné un grand nombre d’expériences & d’observations propres à répandre de la lumiere sur cette science difficile. (—)

MINÉRAUX, mineralia, (Hist. nat.) on se sert ordinairement de ce mot pour désigner en général toutes les substances qui se trouvent dans le sein de la terre ; alors c’est un synonyme de fossiles, voyez Fossiles. Dans cette signification étendue des minéraux, sont renfermés tous les corps non vivans & non organisés qui se trouvent dans l’intérieur de la terre & à sa surface ; tels sont les terres, les pierres, les métaux, les demi-métaux, les substances inflammables, les sels & les pétrifications.

Les végétaux vivent & croissent ; les animaux croissent, vivent & jouissent outre cela de l’instinct ou du sentiment : mais les minéraux sont susceptibles de croissance & d’altération, sans jouir ni de la vie ni du sentiment.

Quelques auteurs prennent le mot minéraux dans un sens moins étendu, & ils ne donnent ce nom qu’aux sels, aux substances inflammables, aux métaux & aux demi-métaux, c’est-à-dire, aux seules substances qui entrent dans la composition des mines ou glebes métalliques. Voyez Mines & Minéralisation. Ils refusent le nom de minéraux aux terres, aux pierres, &c. On ne voit point sur quoi cette distinction peut être fondée ; elle ne semble venir que de l’envie de multiplier les noms que l’on n’a déja que trop accumulés dans les différentes branches de l’Histoire naturelle. On doit donc en général comprendre sous les minéraux toutes les substances du regne minéral, ou qui appartiennent à la terre. Voyez Minéralogie.

Plusieurs naturalistes modernes ont cherché à ranger les minéraux dans un ordre systématique, ou suivant une méthode semblable à celle que les Botanistes ont adoptée pour le regne végétal. Le célebre M. Linnæus, dans son Sistema naturæ, divise les substances du regne minéral en trois classes ; savoir, 1°. les pierres, 2°. les mines, 3°. les fossiles. Il sous-divise les pierres en vitrifiables, en calcaires & en apyres : il sous-divise les mines en sels, en soufres ou substances inflammables, & en substances mercurielles, ce qui comprend les métaux & les demi-métaux : enfin il sous-divise les fossiles en concrétions, concreta, en pétrifications & en terres.

M. Jean Gotschalk Wallerius, de l’académie royale de Suede, & professeur de Chimie à Upsal, publia en langue suédoise en 1747, une Minéralogie ou Distribution méthodique des substances du regne minéral, accompagnée d’observations & de notes très-instructives ; c’est l’ouvrage le plus complet que nous ayons en ce genre. L’auteur ne s’est point contenté de donner une simple énumération des minéraux, il y a joint des descriptions très-exactes, des analyses chimiques d’après les meilleurs auteurs. Si l’on a quelque chose à reprocher à M. Wallerius, c’est d’avoir peut-être trop multiplié les sous-divisions, & d’avoir souvent fait des genres de ce qui n’auroit dû être regardé que comme espece, & d’avoir fait des especes de ce qui n’étoit que des variétés d’une même espece. Ce savant minéralogiste divise les fossiles ou minéraux en quatre classes ; savoir, les terres, les pierres, les mines & les pétrifications : il sous-divise ces quatre classes en quinze ordres ; savoir, 1°. les terres, en terres détachées, en terres argilleuses, en terres minérales & en sables.

2°. Les pierres sont sous-divisées en pierres calcaires, en pierres vitrifiables, en pierres apyres & en pierres de roches.

3°. Les mines sont sous-divisées en sels, en soufres, en demi-métaux, & en métaux.

4°. Les concrétions se sous-divisent en pores, en corps pétrifiés, en pierres figurées, & en calculs.

Chacun de ces ordres est encore sous-divisé en un grand nombre de genres, d’especes, & de variétés. Au reste, quoique l’on ait beaucoup d’objections à faire contre la distribution générale que M. Wallerius fait des minéraux, & quoique souvent il ait placé des substances dans des classes auxquelles elles n’appartiennent point, son travail mérite toute la reconnoissance des Naturalistes, qui sentiront la difficulté qu’il y avoit à mettre dans un ordre méthodique des corps aussi variés & aussi difficiles à connoître que les substances du regne minéral. La traduction françoise de la Minéralogie de Wallerius a été publiée à Paris en 1753.

M. Woltersdorff, dans son systema minerale, divise les minéraux en six classes : savoir,

1°. Les terres ; il les sous-divise en terres, en poussiere, en terres alkalines, en terres gypseuses, en terres vitrifiables.

2°. Les pierres, qu’il sons-divise en cinq ordres de même que les terres.

3°. Les sels, qu’il sous-divise en acides, en alkalis, & en sels neutres & moyens.

4°. Les bitumes, qui sont ou fluides ou solides.

5°. Les demi-métaux, qu’il divise aussi en fluides comme le mercure, & en solides.

6°. Les métaux, qui sont sous-divisés en parfaits & en imparfaits.

M. Frideric-Auguste Cartheuser, dans ses elementa Mineralogiæ, divise tous les minéraux en sept classes : savoir, 1°. en terres, dont les unes sont solubles dans l’eau, & les autres ne s’y dissolvent point. 2°. En pierres, qu’il sous-divise d’après leur tissu en feuilletées, en filamenteuses ou striées, en