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de même que les autres choses douces ; il s’enflamme au feu à peu près comme le sucre.

Le miel sauvage n’est pas si agréable.

Réflexions de Pharmacie. Les anciens faisoient entrer le miel dans leur antidote, dans leur thériaque, dans le mithridate : Fracastor a suivi leur exemple dans le diascordium. Le miel est excellent dans toutes ces préparations ; il ouvre les autres ingrédiens par la fermentation ; il extrait en quelque façon, leurs vertus : d’ailleurs il sert de correctif à l’opium & aux autres narcotiques, qui sont souvent répétés dans les antidotes des anciens. Dioscoride a remarqué aussi que le miel soulageoit dans les maladies causées par l’usage du suc de pavot : lors donc qu’on prépare quelques uns de ces antidotes avec le diacode, le médicament a une vertu différente de celle qu’il auroit eu si on l’eût préparé avec le miel. Ceci demande une attention sérieuse de la part de ceux qui ordonneront le diascordium, ou quelqu’autre antidote sait avec le diacode.

Remarque. Il y a des tempéramens en qui l’usage du miel, même à la plus petite dose, produit des coliques, des tranchées douloureuses, des vomissemens continuels, à-peu-près comme un poison ; comme on le peut voir dans les Transactions philosophiques. On emploie les sudorifiques pour remédier à cet accident ; & cela sert à prouver qu’il ne faut pas ordonner le miel à tout le monde.

Les propriétés médicinales du miel sont grandes & en grand nombre ; car depuis Hippocrate jusqu’à nous, tous les auteurs l’ont regardé comme un grand remede : il est pénétrant & détersif, & bon par conséquent dans toutes les obstructions, dans les humeurs épaisses & visqueuses, il est énergique dans les embarras & dans les engorgemens de poitrine ; alors il procure merveilleusement l’expectoration : enfin il est bienfaisant dans toutes les maladies qui proviennent du phlegme & de la pituite ; mais il est nuisible dans les tempéramens chauds, dans ceux qui sont sanguins ; ce remede feroit du bien dans les embarras de poitrine, dans l’épaississement de l’humeur bronchique, mais on le néglige. Cependant il soulageroit les asthmatiques & les poulmoniques qui ne peuvent expectorer cet amas de phlegmes visqueuses & tenaces qui engluent & bouchent les bronches.

La Chirurgie s’en sert pour nettoyer les ulceres sordides.

La Pharmacie fait plusieurs préparations de miel, & l’emploie dans plusieurs préparations, tels sont les syrops de roses, de cerises noires, de genievre, d’absynthe, de romarin, de mercuriale.

Les électuaires de baies de laurier, diaphénique, cariocostin, l’hyerapicra, le philonium romain, la confection hamech, la thériaque diatessaron, l’orviétan ordinaire, la thériaque, l’onguent ægyptiac.

Les préparations du miel entrent dans d’autres compositions. Voyez là dessus les différentes pharmacopées.

Miel. Le meilleur miel est celui de Narbonne ; on le fait en Dauphiné & en Languedoc, parce que les plantes qui le produisent y sont plus odorantes.

Hydromel vineux. Voyez Hydromel.

Oxymel simple. Voyez Oxymel.

Miel violat. Prenez fleurs de violettes nouvellement cueillies, quatre livres ; miel commun, douze livres ; mélez-les ensemble, & les laissez en digestion pendant huit jours dans un lieu chaud : après cela, faites bouillir avec une pinte d’infusion de fleurs de violettes, jusqu’à la consomption du quart ; passez ensuite avec expression ; puis faites cuire la colature en consistance de sirop. On ôtera l’écume avec soin, & on gardera le miel pour l’usage.

Le miel nénuphar se prépare de même que le précédent.

Miel mercurial. Prenez suc de mercuriale, miel commun, de chacun parties égales ; faites cuire jusqu’à consistance de sirop. Voyez Mercuriale.

On peut préparer de même le miel de nicotiane.

Miel anthosat ou de romarin. Prenez fleurs nouvelles de romarin, une livre ; miel bien écumé, quatre livres ; laissez les en digestion exposés au soleil pendant un mois : après cela, ajoutez-y un peu d’eau distillée de romarin, ensuite cuisez-le légérement ; passez la liqueur & gardez la pour l’usage. Voyez Romarin & Anthosat.

Miel de savon. Prenez savon commun, miel, de chaque quatre onces ; sel de tartre, une demi-once ; eau de fumeterre, deux gros : mêlez le tout ensemble. Ce savon est un excellent cosmétique. Voyez Savon.

Miel scillitique, (Pharm.) voyez Scille, (Mat. méd.)

MIELLEUX, adj. (Gram.) qui a le goût, la douceur, & les autres qualités du miel. Il se dit au simple & au figuré. Ce fruit a un goût mielleux. Je n’aime pas le ton de cet homme-là, il est mielleux & fade.

MIENCHO, (Géog.) ville de la Chine dans la province de Suchuen, & la premiere métropole de cette province, sous le 31 degré de latitude, & plus occidentale que Péking de 12. 55. (D. J.)

MIES ou MYSA, (Géog.) petite ville de Bohème, sur les frontieres du haut Palatinat, bâtie vers l’an 1131 par le duc Sobieslas. Long. 30. 55. lat. 49. 46. (D. J.)

MIESZAVA, (Géog.) petite ville de Pologne dans la Cujavie, sur la rive gauche de la Vistule, à 4 lieues de Thorn. Long. 37. 5. lat. 52. 50. (D. J.)

MI-ÉTÉ. La fête de saint Jean-Baptiste qui tombe le 24 de Juin. Voyez Quartier & Terme.

MIEZA, (Géog. anc.) ville de Macédoine, selon Pline, l. IV. c. x. & c’est le seul auteur qui le dise ; mais Pline n’auroit-il point pris pour une ville le parc de Stagyre, patrie d’Aristote. Quoi qu’il en soit, Plutarque, dans la vie d’Alexandre, dit que Philippe ayant ruiné & détruit Stagyre, patrie d’Aristote, la rebâtit pour l’amour de lui, y rétablit les habitans, & leur donna pour le lieu de leurs études & de leurs assemblées, dans le fauxbourg de cette ville, un beau parc appellé Mieza. Il ajoute que de son tems on y montroit encore des sieges de pierre qu’Aristote fit faire pour s’y reposer, & de grandes allées couvertes d’arbres qu’il planta, pour se promener à l’ombre. (D. J.)

MIGANA, (Géog.) ville d’Afrique dans la province de Bugie, au royaume de Trémecen. Elle est à 4 lieues de la montagne de La-Abez. Ptolomée en parle sous le nom de Lare, & lui donne 17. 30. de long. & 30. 40. de latitude. (D. J.)

MIGLIARO, s. m. (Comm.) en françois millier ; poids de Venise auquel l’huile se pese, & se vend dans la capitale & dans les états de terre ferme de cette république.

Le millier est composé de quarante mirres, & la mirre de trente livres, poids subtil ou léger de Venise, qui est de trente-quatre pour cent plus foible que celui de Marseille, c’est-à-dire, que les cent livres de Marseille en font cent trente-quatre du poids subtil de Venise. Dictionn. de Commerce. (G)

MIGNARDISE, s. f. (Morale.) délicatesse puérile qui s’exerce sur des choses, & en des occasions qui n’en méritent point. C’est, dit la Bruyere, Emilie qui crie de toute sa force sur un petit péril qui ne lui fait pas de peur ; qui dit qu’elle pâlit à la vûe d’une souris, ou qui veut aimer les violettes, & s’évanouir aux tubéreuses. Je conseillerois à Emilie de dédaigner ces petites affectations, qui n’augmentent