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momens de la chasse, il ne faut que des chiens sûrs, afin qu’on puisse les rompre aisément pour les remettre ensemble, & faire tourner toute la meute à l’animal qu’on veut chasser. On garde donc les jeunes chiens pour les premiers relais. Encore ne faut-il pas les y mettre seuls. On gâteroit tout si l’on en découploit un trop grand nombre à-la-fois. Lorsque l’animal qu’on chasse est un peu échauffé, & qu’il commence à laisser sur la terre & aux portées un sentiment plus fort de son passage, on cherche l’occasion de donner un relais. Ce moment est souvent celui du désordre, si on ne le donne pas avec précaution. Il faut premierement laisser passer les chiens de meute. Ensuite on découple lentement ceux du relais, en commençant par les moins fougueux, afin que ceux qui le sont le plus, ayent le tems de s’essouffler avant de rejoindre les autres. Sans cela des chiens jeunes & pleins d’ardeur s’emporteroient au-delà des voies, & on auroit beaucoup de peine à les redresser. Lorsque les jeunes chiens ont chassé pendant quelque tems, & qu’on est assuré de leur sagesse, ce sont eux dont on se sert pour attaquer, parce qu’ayant plus de vigueur que les autres, ils sont plus en état de fournir à la fatigue de la chasse toute entiere. Un relais étant donné, les piqueurs doivent s’attacher à ramener à la meute les chiens qui pourroient s’en être écartés. Pour faciliter cet ameutement, il est nécessaire d’arrêter souvent sur la voie, & de-là résultent divers avantages.

L’objet de la chasse est de prendre sûrement la bête que l’on suit, & de la prendre avec certaines conditions, d’où résulte un plus grand plaisir. Or pour être sûr, autant qu’il est possible, de prendre la bête qu’on a attaquée, il faut que les chiens soient dociles, afin qu’on puisse aisément les redresser : il faut que le plus grand nombre ait le nez fort-exercé, pour garder le change, c’est-à-dire, distinguer l’animal chassé d’avec tout autre qui pourroit bondir devant eux : il faut encore qu’ils soient accoutumés à chasser des voies froides, afin que s’il arrive un défaut, ils puissent rapprocher l’animal & le relancer. Lorsqu’une meute n’a pas cette habitude, qu’on pique au premier chien, & qu’on veut étouffer l’animal de vitesse, au lieu de le chasser régulierement, on manque souvent son objet : le moindre défaut qui laisse refroidir les voies, n’est plus réparable, surtout lorsque le vent de nord-ouest souffle, ou que le tems est disposé à l’orage, les chiens ayant moins de finesse de nez, la voie une fois perdue ne se retrouve plus. On ne court pas ces risques, à beaucoup près au même degré, avec des chiens accoutumés à chasser des voies un peu vieilles ; mais on ne leur en fait prendre l’habitude qu’en les arrêtant souvent lorsque le tems est favorable, & qu’on peut juger en commençant la chasse, que les chiens emporteront bien la voie. Ces arrêts répétés donnent aux chiens écartés le tems de se rameuter. Ils les mettent dans le cas de faire usage de leur nez, de gouter eux-mêmes la voie, & de s’en assurer de maniere à ne pas tourner au change. Le bruit qui n’est pas un des moindres agrémens de la chasse, en augmente : les chasseurs se rassemblent, le son des trompes, les cris des veneurs & des chiens donnent ainsi dans le cours d’une chasse différentes scenes qui deviennent plus chaudes à mesure que les relais se donnent, & que l’animal perd de sa force. Ces momens vifs & gradués préparent & amenent enfin la catastrophe, la mort tragique & solemnelle de l’animal. C’est donc par la docilité qu’on amene les chiens d’une meute à acquérir toutes les qualités qui peuvent rendre la chasse agréable & sûre. Ils y gagnent, comme on voit, du côté de la finesse du nez, & de son usage ; mais cette qualité est toujours inégale parmi les chiens, malgré l’éducation ; & il en est quelques-uns que la

nature a doués d’une sagacité distinguée : ceux-là ne changent jamais, quoi qu’il arrive. Le cerf a beau s’accompagner & se mêler avec une troupe d’autres animaux de son espece, ils le démêlent toujours, & en reconnoissent la voie à travers les voies nouvelles, de sorte qu’ils chassent hardiment lorsque les autres chiens aussi sages, mais moins françs, balancent & semblent hésiter. On dit que ces chiens supérieurs sont hardis dans le change. Les piqueurs doivent s’attacher à les bien connoitre, parce qu’ils peuvent toujours en sûreté y rallier les autres.

La plûpart des avantages qu’une meute puisse réunir, dépendent, comme on voit, de la docilité des chiens. Avec une meute sage, la chasse n’a presque point d’inconvéniens qu’on ne prévienne ou qu’on ne répare. Il faut que la voix du piqueur enleve toujours sûrement les chiens, qu’il soit le maître de les redresser lorsqu’ils se fourvoyent, & que lorsqu’ils le suivent, il n’ait rien à craindre de leur impatience. L’usage de mener les chiens couplés lorsqu’on va frapper aux brisées, annonce une défiance de leur sagesse, qui ne fait pas d’honneur à une meute. Il est très-avantageux de les avoir au point de docilité où ils suivent le piqueur posément & sans desir de s’échapper, parce qu’alors on attaque sans étourderie, & qu’on évite un partage de la meute qui est très-ordinaire au commencement des chasses. Il est toujours possible d’arriver à ce degré, lorsqu’on en prend la peine. L’alternative de la voix & du fouet est un puissant moyen, & il n’est point de fougue qui résiste à l’impression des coups répétés. Les autres soins qui regardent la meute, consistent à tenir propres le chenil & les chiens, à leur donner une nourriture convenable & réglée, à observer avec le plus grand soin les chiens qui paroissent malades, pour les séparer des autres. Voyez Piqueur & Vénerie.

MÉWARI, (Géog.) ville considérable du Japon, dans l’île de Niphon, avec un palais, où l’empereur séculier fait quelquefois son séjour. Elle est sur une colline, au pié de laquelle il y a de vastes campagnes, semées de blé & de ris, entrecoupées de vergers pleins de pruniers. Cette ville a quantité de tours, & de temples somptueux. (D. J.)

MEWIS ou NEWIS, (Géog.) petite île de l’Amérique septentrionale, & l’une des Antilles, peu loin de S. Christophle. Elle n’a que 16 milles de circuit, & produit abondamment tout ce qui est avantageux à l’entretien des habitans, sucre, coton, gingembre, tabac, &c. Les Anglois en sont les possesseurs depuis 1628, & y ont bâti un fort pour la mettre en sureté. Long. 315, lat, nord 17, 19. (D. J.)

MEXAT-ALI, (Géog.) ville de Perse, dans l’Irac-rabi, ou l’Irac propre. Elle est renommée par la riche mosquée d’Aly, où les Persans vont en pélerinage de toutes parts. Cette ville néanmoins tombe tous les jours en ruine ; elle est entre l’Euphrate & le lac de Rehemat, à 18 lieues de Bagdat. Long. 62, 32, lat. 31, 40. (D. J.)

MEXAT-OCEM ou RERBESA, (Géog.) ville de Perse, dans l’Irac-Rabi. Elle prend son nom d’une mosquée dédiée à Ocem, fils d’Aly. Elle est dans un terroir fertile, sur l’Euphrate. Long. 62. 40. lat. 32. 20. (D. J.)

MEXICAINE, terre (Hist. nat.) terra Mexicana, nom donné par quelques auteurs à une terre très-blanche, que l’on tire du lac de Méxique ; on la regarde comme astringente, dessicative, & comme un remede contre les poisons. Les Indiens la nomment Thicatlali.

MEXICO, ville de (Géog.) autrement ville de Mexique ; ville de l’Amérique septentrionale, la plus considérable du Nouveau-Monde, capitale de la Nouvelle-Espagne, avec un archevêché érigé en