Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 10.djvu/432

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’éclat métallique, &c. Voyez Métaux. (—)

Métallique, en termes de médailles & d’Antiquaires, se dit d’une histoire où l’on a justifié tous les grands événemens par une suite de médailles frappées à leur occasion.

Le P. Romani a publié une histoire métallique des papes. La France métallique est un recueil de médailles imaginaires, par Jacques de Bie graveur, qui prétend avoir tiré des cabinets de divers curieux des monumens qui n’ont jamais existé. M. Bizot a aussi donné au public une histoire métallique de Hollande.

MÉTALLISATION, s. f. (Chimie.) expression dont quelques chimistes se servent pour désigner une opération par laquelle des substances qui n’avoient ni la forme, ni les propriétés métalliques, prennent cette forme, & se montrent dans l’état qui est propre aux métaux. On sent aisément que ce terme appartient à la chimie transcendante, & indique une transmutation, ou changement d’une substance dans une autre. Voyez Transmutation. Il est certain que la metallisation est un terme obscur & équivoque, qui a été souvent appliqué à des opérations où l’on a cru produire du métal, tandis qu’on n’avoit fait simplement qu’opérer une réduction. Voyez Réduction. (—)

MÉTALLURGIE, s. f. (Chimie.) c’est ainsi qu’on nomme la partie de la Chimie qui s’occupe du traitement des métaux, & des moyens de les séparer des substances avec lesquelles ils sont mêlés & combinés dans le sein de la terre, afin de leur donner l’état de pureté qui leur est nécessaire pour pouvoir servir aux différens usages de la vie.

Si la nature nous présentoit toujours les métaux parfaitement purs & dégagés de substances étrangeres, au point d’avoir la ductilité & la malléabilité, rien ne seroit plus aisé que la métallurgie ; cet art se borneroit à exposer les métaux à l’action du feu pour les faire fondre & pour leur faire prendre la forme que l’on jugeroit à propos. Mais il n’en est point ainsi, il est très-rare de trouver des métaux purs dans le sein de la terre ; & lorsqu’on en trouve de cette espece, ils sont ordinairement en particules déliées, & ils sont attachés à des terres ou à des pierres dont il faut les séparer avant que de pouvoir en former des masses d’une grandeur convenable aux usages auxquels on les destine.

L’état dans lequel on trouve le plus communément les métaux, est celui de mine ; alors ils sont combinés avec du souffre ou avec de l’arsenic, ou avec l’un & l’autre à la fois : souvent dans cet état, plusieurs métaux se trouvent confondus ensemble, & toutes ces combinaisons sont si fortes qu’il n’y a que l’action du feu, appliqué de différentes manieres, qui puisse les détruire. Joignez à cela que ces mines, qui contiennent les métaux, sont liées à des rochers & à des terres qu’il faut aussi commencer par en séparer, avant que de les exposer à l’action du feu. Toutes ces différentes vûes ont donné naissance à une infinité de travaux & d’opérations différentes dont la connoissance s’appelle métallurgie.

On voit donc que la métallurgie, dans toute l’étendue de sa signification, embrasse toutes les opérations qui se font sur les métaux ; par conséquent, elle comprend l’art d’essayer les mines, ou les substances qui contiennent des métaux, qui n’en est qu’une partie & un préliminaire nécessaire : cette partie s’appelle docimasie ou l’art des essais, & le terme de métallurgie se donne par excellence aux travaux en grand, sur les matieres minérales du contenu desquelles on s’est assuré par la docimasie. Voyez Docimasie & Essai. Comme ces opérations préliminaires ont été suffisamment développées dans ces deux articles, nous ne parlerons ici que des tra-

vaux en grand, c’est-à-dire, de ceux qui se font sur

un grand volume de mines.

Le travail du métallurgiste commence où celui du mineur finit, voyez Mines. Lorsque le minerai a été détaché des filons, ou des couches qui le contenoient, on le porte à la surface de la terre dans les atteliers destinés aux opérations ultérieures, par lesquelles il doit passer. La premiere de ces opérations s’appelle le triage, elle consiste à briser le minerai à coups de marteau pour détacher, autant qu’il est possible, les substances qui contiennent du métal, de celles qui ne sont que de la pierre. Voyez Triage.

Après que le minerai a été trié, on le porte au boccard, c’est-à-dire à un moulin à pilons, où il est écrasé & réduit en poudre, voyez Pilons. Cette opération est suivie de celle qu’on appelle lavage, qui consiste à laver dans de l’eau le minerai qui a été écrasé, pour que l’eau entraîne les parties terrestres & pierreuses, & les sépare de celles qui sont métalliques & pesantes ; ces dernieres tombent très promptement au fond de l’eau à cause de leur poids qui est plus grand que celui des terres ou des pierres, voyez Lavage. Le minerai ainsi préparé, est appellé schlich par les Allemans.

Lorsque les mines sont fort chargées de soufre ou d’arsenic, soit avant, soit après les avoir écrasées on les torréfie, c’est à-dire on les arrange par couches & sur du bois ou sur des charbons ; on allume ces charbons, & à l’aide d’un feu doux on dissipe peu-à-peu ces substances avec lesquelles ce métal étoit combiné, & le métal ayant plus de fixité au feu, reste. On est quelquefois obligé de réiterer plusieurs fois cette opération sur le même minérai, à proportion qu’il est plus ou moins chargé de substances que l’on a intérêt de séparer du métal : cette opération se nomme grillage. Voyez cet article.

Il y a très-peu de minerais que l’on soit dispensé de griller, du-moins légerement, avant que de les faire fondre. Lorsqu’on s’en dispense, il faut que ces mines contiennent du métal très-pur ; on ne grille pas les mines d’or qui contiennent ce métal tout formé, non plus que celles qui contiennent de l’argent natif, comme sont les mines du Pérou, du Chili & du Potosi ; il n’est besoin que de les amalgamer avec le mercure, ou de les passer à la coupelle ; cependant Alonso Barba nous apprend que quelques-unes de ces mines mêmes ne peuvent s’amalgamer sans avoir été d’abord légerement chauffées.

Ce n’est qu’après le grillage que l’on porte le minerai au fourneau de fonte ; là on arrange la mine avec du charbon par couches alternatives, on donne un feu proportionné à la nature du minerai que l’on traite ; mais avant que de-fondre le minerai on est souvent obligé de lui joindre des matieres propres à faciliter sa fusion ; ces matieres se nomment fondans, voyez cet article, c’est à l’expérience du métallurgiste à décider quelles sont les matieres les plus propres à faciliter la fusion de la mine qu’il traite, & à vitrifier les substances terreuses & pierreuses avec lesquelles elle est mêlée, voyez l’article Fondant & Fusion. Pour en juger il faut beaucoup de lumieres en Chimie, une connoissance parfaite de la nature des terres & des pierres, & des effets que leurs différens mélanges produisent dans le feu.

Les fourneaux de fusion doivent être analogues à la nature des mines & des métaux que l’on y doit traiter, & proportionnés pour la hauteur & la capacité, à la durée & à l’intensité de la chaleur qu’on veut leur faire éprouver : cela est d’autant plus nécessaire, que certains métaux se fondant très-aisément, ne doivent, pour ainsi dire, que passer au-travers du fourneau, tandis que d’autres, qui ne