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le diametre ne seroit que de l’épaisseur de ce cheveu, en contiendroit 216 mille.

Il observa finalement que lorsque l’eau où il avoit délayé la semence d’un merlus étoit exhalée, les petits corps de ces petits animaux se mettoient en piece, ce qui n’arrivoit point à ceux de la semence d’un bélier. Il attribue cette différence à la plus grande consistance & fermeté du corps du bélier, la chair d’un animal étant plus compacte que celle d’un poisson.

Dans la laite d’une autre sorte de merlus, nommé jack en anglois, on distingue au-moins dix mille petits animaux dans une quantité qui n’est pas plus grande qu’un grain de sable, qui sont exactement semblables en apparence à ceux du merlus ordinaire, mais plus forts & plus vifs. Voyez Baker, Microscop. observations. (D. J.)

Merlus, (Pêche.) La pêche du merlus ne se pratique que dans la baie d’Audierne, à trois ou quatre lieues seulement au large ; le poisson se tient ordinairement sur des fonds de sables un peu vaseux, il fuit les fonds durs & couverts de rochers ; quand il est bien préparé, sa qualité ne differe guere de celle de l’Amérique, les chairs aux connoisseurs en paroissent un peu plus coriaces ; la pêche commence à la fin d’Avril & finit à la saint Jean.

Les pêcheurs qui font cette pêche ont chacun plusieurs lignes ; l’ain ou l’hameçon est garni d’un morceau de chair d’orphie ou d’éguille que l’on pêche exprès pour cet usage ; les rets sons dérivans ; deux hommes de l’équipage nagent continuellement, parce qu’autrement les pêcheurs ne prendroient rien. La meilleure pêche se fait la nuit sur les fonds de trente brasses de profondeur.

Pour saler & faire sécher le merlus, ou lui coupe la tête & on le fend par le ventre du haut en bas, on le met dans le sel pendant deux fois vingt-quatre heures, d’où on le retire pour le laver dans l’eau de mer, on l’expose à terre au soleil pendant plusieurs jours jusqu’à ce qu’il soit bien sec, après quoi on le met en grenier dans les magasins jusqu’à ce qu’on le porte à Bordeaux, pour y être vendu en paquets de deux cens livres pesant.

MERLUT, s. m. (Mégisserie.) on appelle peaux en merlut, des peaux de boucs, de chevres & de moutons, en poil & laine, qu’on fait sécher à l’air sur des cordes, afin de pouvoir les conserver sans qu’elles se corrompent, en attendant qu’elles puissent se passer en chamois. Voyez Megie.

MEROCTE, s. f. (Hist. nat.) pierre fabuleuse dont il est fait mention dans Pline, qui nous dit qu’elle étoit d’un verd de poreau, & suintoit du lait.

MÉROÉ, île de, (Géog. anc.) île ou plutôt presqu’île de la haute Egypte. Ptolomée, l. IV. c. viij. dit qu’elle est formée par le Nil qui la baigne à l’occident, & par les fleuves Astape & Astaboras qui la mouillent du côté de l’orient. Diodore & Strabon donnent à cette île 120 lieues de longueur sur 40 de large, & à la ville de Méroé 16 degrés 30′ de latitude septentrionale.

Il n’y a rien de plus célebre dans les écrits des anciens que cette île de Méroé, ni rien de plus difficile à trouver par les modernes. Si ce que les anciens en ont raconté est véritable, cette île pouvoit mettre en armes deux cens cinquante mille hommes, & nourrir jusqu’à quatre cens mille ouvriers. Elle renfermoit plusieurs villes, dont la principale étoit celle de Méroé qui servoit de résidence aux reines ; je dis aux reines, parce qu’il semble que c’étoient des femmes qui régnoient dans ce pays-là, puisque l’histoire en cite trois de suite, & toutes ces trois s’appelloient Candace : Pline nous apprend que depuis long-tems ce nom étoit commun aux reines de Méroé.

Mais la difficulté de trouver cette île dans la Géo-

graphie moderne, est si grande, que le pere Tellez,

jésuite, & autres, se sont laissé persuader qu’elle étoit imaginaire ; cependant le moyen de révoquer en doute son existence, après tous les détails qu’en ont fait les anciens ? Pline rapporte que Simonide y a demeuré cinq ans, & qu’après lui, Aristocréon, Bion & Basilis, ont décrit sa longueur, sa distance de Syene & de la mer Rouge, sa fertilité, sa ville capitale, & le nombre des reines qu’elle a eu pour souveraines. Ludolf, sans avoir mieux réussi que le pere Tellez à trouver cette île, n’a pas douté néanmoins qu’elle n’existât.

Les peres Jésuites qui ont été en Ethyopie, semblent convaincus que l’île de Méroé n’est autre chose que le royaume de Gojam, qui est presque tout entouré de la riviere du Nil, en forme de presqu’île ; mais cette presqu’île qui fait le royaume de Gojam est formée par le Nil seul ; point d’Astape, point d’Astaboras, je veux dire, aucune riviere que l’on puisse supposer être l’Astape & l’Astaboras, ce qui est contre la description que les anciens en ont faite. Ajourez que la ville de Méroé, capitale du pays, étoit placée entre le 16 & le 17 degré de latitude septentrionale, & le royaume de Gojam ne passe pas le 13 degré.

L’opinion de M. de Lisle est donc la seule vraissemblable. Il conjecture que l’île de Méroé des anciens est ce pays qui est entre le Nil & les rivieres de Tacaze & de Dender, & il établit cette conjecture par la situation du pays, par les rivieres qui l’arrosent, par son étendue, par sa figure, & par quelques autres singularités communes à l’île de Méroé, & au pays en question. Voyez-en les preuves dans les Mém. de l’acad. des Sc. ann. 1708. Je remarquerai seulement que la riviere de Tacaze a bien l’air d’être en effet l’Astaboras des anciens, & le Donder d’être l’Astape, parce qu’il n’y a que ces deux rivieres, au-moins de quelque considération, qui entrent immédiatement dans le Nil du côté de l’orient. (D. J.)

MEROPES, (Géog. anc.) anciens peuples de l’île de Cos, l’une des Sporades, voisine de la Doride. Elle fut appellée Μεροπης, de Mérops, l’un de ses rois, dont la fille nommée Cos ou Coos donna depuis son nom à cette île. Les Méropes de l’île de Cos étoient contemporains d’Hercule. Plutarque décrit une statue qu’ils avoient érigée dans l’île de Délos, en l’honneur d’Apollon. (D. J.)

MÉROPS, voyez Guepier.

MEROS, s. m. (Hist. nat. Ichthyol.) grand poisson d’Amérique, nommé par les Bresiliens aigupuguacu. Il a cinq ou six piés de long, une tête très grosse, une gueule large, sans aucune dent. Ses nageoires sont au nombre de cinq, étendues sur toute la longueur du dos, presque jusqu’à la queue ; leur partie antérieure est armée de pointes ; la nageoire de la queue est très-large sur-tout à l’extrémité. Les écailles de ce poisson sont fort petites ; son ventre est blanc ; sa tête, son dos, & ses côtés sont d’un gris brun. (D. J.)

Méros ou Mérus, (Géog. anc.) montagne de l’Inde, selon Strabon, Théophraste, Ælien, Méla, & autres. Elle étoit consacrée à Jupiter. Les anciens donnent des noms bien différens à cette montagne. Elle est appellée Nysa par Pline, l. VIII. c. xxxix. Sacrum, par Trogus ; &, par Polien, Tricoryphus, à cause de ses trois sommets. (D. J.)

MÉROU, (Géog.) ville d’Asie en Perse, dans le Khorassan. Elle a produit plusieurs savans hommes ; & Jacut assure qu’il y a vû trois bibliotheques, dans l’une desquelles il y avoit quelques mille volumes manuscrits. L’agrément de sa situation, la pureté de son air, la fertilité de son terroir, & les rivieres qui l’arrosent en font un séjour délicieux. Elle est assez également éloignée de Nichapour, de Hérat, de