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en cinq parties : 1°. la Physiologie, qui traite de la constitution du corps humain, regardé comme sain & bien disposé. Voyez Physiologie.

2°. La Pathologie, qui traite de la constitution de nos corps considérés dans l’état de maladie. Voyez Pathologie.

3°. La Sémiotique, qui rassemble les signes de la santé ou de la maladie. Voyez Sémiotique.

4°. L’Hygiene, qui donne des regles du régime qu’on doit garder pour conserver sa santé. Voyez Hygiene.

5°. La Thérapeutique, qui enseigne la conduite & l’usage de la diete ainsi que des remedes, & qui comprend en même-tems la Chirurgie. Voyez Thérapeutique.

Cette distribution est aussi commode pour apprendre que pour enseigner ; elle est conforme à la nature des choses qui forment la science médicinale, & d’ailleurs est usitée depuis long-tems par tous les maîtres de l’art. M. Boerhaave l’a suivie dans des institutions de Médecine, qui comprennent toute la doctrine générale de cette science.

Il expose d’abord dans cet ouvrage admirable, 1°. les parties, ou la structure du corps humain ; 2°. en quoi consiste la vie ; 3°. ce que c’est que la santé ; 4°. les effets qui en résultent. Cette premiere partie s’appelle Physiologie ; & les objets de cette partie qu’on vient de détailler, se nomment communément choses naturelles, ou conformes aux lois de la nature.

Dans la seconde partie de son ouvrage, il fait mention 1°. des maladies du corps humain vivant ; 2°. de la différence des maladies ; 3°. de leurs causes ; 4°. de leurs effets. On nomme cette partie Pathologie, en tant qu’elle contient la description des maladies ; Æthiologie pathologique, lorsqu’elle traite de leurs causes ; Nosologie, quand elle explique leurs différences ; enfin, Symptomatologie, toutes les fois qu’elle expose les symptomes, les effets, ou les accidens des maladies. Cette partie a pour objet les choses contraires aux lois de la nature.

Il examine dans la troisieme partie, 1°. quels sont les signes des maladies ; 2°. quel usage on en doit faire ; 3°. comment on peut connoître par des signes dans un corps sain & dans un corps malade, les divers degrés de la santé ou de la maladie. On appelle cette partie Sémiotique. Elle a pour objets les choses naturelles, non-naturelles, & contre-nature.

Il indique dans la quatrieme partie, 1°. les remedes ; 2°. leur usage. Comme c’est par ces remedes qu’on peut conserver la vie & la santé, on donne pour cette raison à cette quatrieme partie de la Médecine, le nom d’Hygiene. Elle a pour objet principalement les choses qu’on appelle non-naturelles.

M. Boerhaave donne dans la cinquieme partie 1°. la matiere médicale ; 2°. la préparation des remedes ; 3°. la maniere de s’en servir pour rétablir la santé & guérir les maladies. Cette cinquieme partie de la Médecine, se nomme Thérapeutique, & elle comprend la diete, la Pharmacie, la Chirurgie, & la méthode curative.

Enfin l’auteur développe dans des aphorismes particuliers les causes & la cure des maladies ; ces deux ouvrages renferment toute la science d’Esculape en deux petits volumes in-12, scientiâ graves, qui joints aux beaux commentaires de MM. Haller & Van-Swieten, forment une bibliotheque médicinale presque complette :

Apolline nati,
Nocturnâ versate manu, versate diurnâ.
Tum diros ægro pelletis è corpore morbos.

(D. J.)

MÉDECINS ANCIENS, (Médec.) nous enten-

dons sous ce titre les principaux Médecins grecs ;

romains & arabes, qui ont vécu jusqu’à la découverte de l’Imprimerie. Comme leur histoire & la connoissance de leurs ouvrages sont essentiellement liées à la science de la Médecine, nous avons eu soin dans notre discours sur ce mot d’y faire les renvois nécessaires à celui-ci, & nous avons suivi cette méthode pour plus d’agrément & de netteté.

Nous commencerons ici leur article en indiquant simplement leurs noms par ordre de dates ; mais, pour la commodité du lecteur, nous suivrons l’ordre alphabétique dans les détails qui les concernent. Nous ne parlerons point des Médecins qui ont fleuri depuis le célebre Harvey, c’est-à-dire, depuis le commencement du dix-septieme siecle, 1°. parce qu’ils sont assez connus ; 2°. parce que nous avons déja nommé, en traitant de la Médecine, ceux qui ont contribué davantage à l’avancement de cette science ; 3°. parce qu’enfin les autres n’appartiennent pas essentiellement au but de ce Dictionnaire.

Voici donc les anciens Médecins grecs & romains, rangés à-peu-près suivant l’ordre des tems qu’ils ont vécu, du-moins pour la plus grande partie, car je ne puis pas répondre pour tous, de mon ordre chronologique :

Esculape, Machaon & Podalyre, Démocrite de Crotone, Acron, Alcmoeon, Ægimius, Hérodicus de Sélymbre, Hippocrate, Démocrite d’Abdere, Dioclès de Caryste, Praxagore, Chrisippe de Cnide, Erasistrate, Hérophile, Callianax, Philinus de Cos, Sérapion grec, Héraclide le Tarentin, Aselépiade, Thémison, Ælius Promoius, Artorius, Aemilius Macer, Musa, Euphorbe, Ménécrate, Cesse, Scribonius Largus, Andromachus, Arétée, Symmachus, Thessalus, Rufus d’Ephese, Quintus, Galien, Athénée, Agathinus, Archigene, Sotanus, Coelius Aurelianus, Oribaze, Aëtius, Vindicianus, Priscianus, Alexandre Trallian, Mosehion, Paul Eginete, Théophile, Protospatarius, Palladius, Gariopontus, Actuarius, Myrepsus.

Les Médecins arabes qui suivirent, sont :

Joanna, Haly-Abbas, Abulhusen-Ibnu Telmid, Rhazès, Ezarharagni, Etrabarani, Avicenne, Mésué, Sérapion, Thograi, Ibnu Thophail, Ibnu-Zohar, Ibnu-el-Baitar, Avenzoar, Averrhoès, Albucasis.

Les auteurs européens qui introduisirent la Chimie dans la Médecine, sont :

Albert le Grand, Roger Bacon, Arnauld de Villeneuve, Basile Valentin, Paracelse & Van-Helmont, dont nous avons déja parlé aux mots Médecine & Chimie.

Je passe maintenant aux détails particuliers qui concernent les anciens, & je suivrai l’ordre alphabétique des noms de chacun, pour la plus grande commodité des Médecins lecteurs.

Abaris, prêtre d’Apollon l’hyperboréen, est un scythe qu’on dit avoir été versé dans la Médecine, & qu’on donne pour l’auteur de plusieurs talismans admirables. Les uns placent Abaris avant la guerre de Troie, d’autres le renvoient au tems de Pythagore, mais tout ce qu’on en raconte est entierement fabuleux.

Abulhusen-Ibnu-Telmid, habile médecin arabe, chrétien, de la secte des Jacobites, naquit à Bagdad. Il composa un ouvrage sur toutes les maladies du corps humain ; cet ouvrage intitulé clmalthi, c’est-à-dire, la vraie réalité, fut présenté au soudan, & valut à l’auteur la place de médecin de ce prince, dans laquelle il acquit beaucoup d’honneur & de richesses. Il mourut l’an de l’hégyre 384, & de Jesus-Christ 994.

Acésias, médecin grec, dont nous ne savons autre chose sinon qu’il étoit si malheureux dans