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défendent, ne peuvent jamais être regardés comme considérables ; car il est plus avantageux de transporter, d’envoyer chez l’étranger de l’or & de l’argent monnoyés que non monnoyés, puisque dans le premier cas on gagne l’avantage de la fabrication ».

Cette réflexion tombe d’elle-même ; car l’étranger achete le métal au titre, ainsi ce gain est une chimere. En France, loin de regarder ce commerce des especes monnoyées comme avantageux pour l’état, il est expressément défendu sous peine capitale. Ce crime se nomme billonnage. Voyez Billonnage.

Les Orfevres ne peuvent non plus fondre des matieres monnoyées, de quelque nature qu’elles soient, ou de quelque pays qu’elles viennent, à l’exception des piastres qui ont un cours libre dans le commerce.

Matieres, terme de riviere, pieces de bois en-travers, posées sur les plats-bords d’un bateau foncet.

MATILICATES, (Géog. anc.) peuples d’Italie, que Pline, liv. III. chap. xiv. place dans l’Umbrie. C’est aujourd’hui Matelica bourg dans la marche d’Ancone sur le Sano, entre san-Severino à l’orient, & Nibbiano à l’occident. (D. J.)

MATILALCUIA ; (Hist. mod. superst.) c’est le nom que les Mexiquains donnoient à la déesse des eaux.

MATIN, s. m. (Astron.) est le commencement du jour, ou le tems du lever du soleil. Voyez Jour. Les Astronomes comptent le matin, manè, de minuit à midi. Ainsi on dit qu’une éclipse a commencé à onze heures du matin, &c.

Les différens peuples font commencer le matin à différentes heures. Cela dépend de leurs différentes manieres de compter les heures. Mais la façon la plus commune est de le commencer à minuit. Ainsi on peut distinguer, pour ainsi dire, deux sortes de matins ; l’un qu’on peut appeller réel, commence avec la lumiere du jour ; l’autre qu’on peut nommer civil ou astronomique, commence à minuit, ou à une autre heure fixe, selon l’usage du pays où l’on est. Voyez Heure.

L’étoile du matin est la planete de Vénus, quand elle est occidentale au soleil, c’est-à-dire, lorsqu’elle se leve un peu avant lui. Dans cette situation, les Grecs l’appellent phosphorus, & les Latins lucifer. Voyez Vénus.

Crepuseule du matin. Voyez Crépuscule. Chamb.

Matin, le, (Médec.)

Des nuits l’inégale couriere
S’éloigne & pâlit à nos yeux,
Chaque astre au-bout de sa carriere
Semble se perdre dans les cieux.
Des bords habités par le Maure
Déjà les heures de retour,
Ouvrent lentement à l’Aurore
Les portes du palais du jour.
Quelle fraîcheur ! L’air qu’on respire
Est le soufle délicieux
De la Volupté qui soupire
Au sein du plus jeune des Dieux.
Déjà la colombe amoureuse
Vole du chène sur l’ormeau ;
L’amour cent fois la rend heureuse,
Sans quitter le même rameau.
Triton sur la mer applanie
Promene sa conque d’azur,
Et la nature rajeunie
Exhale l’ambre le plus pur.
Au bruit des Faunes qui se jouent
Sur les bords tranquilles des eaux,
Les chastes Naiades dénouent
Leurs cheveux tresses de roseaux.

Dieux, qu’une pudeur ingénue
Donne de lustre à la beauté !
L’embarras de paroître nue
Fait l’attrait de la nudité.
Le flambeau du jour se rallume,
Le bruit renaît dans les hameaux,
Et l’on entend gémir l’enclume
Sous les coups pesans des marteaux.
Le regne du travail commence ;
Monté sur le trône des airs,
Soleil, annonce l’abondance
Et les plaisirs à l’univers.
Vengez
, &c. &c. &c.

Œuvres mêlées de M. le cardinal de Bernis.

Cette partie du jour qui offre à l’imagination du poëte ces images riantes, matiere des descriptions agréables, n’est point indifférente pour le médecin ; attentif à examiner & à recueillir les phénomenes de la nature, il ne perd aucune occasion de lire dans ce livre intéressant ; il n’examine tous ces changemens, toutes ces actions, que pour en retirer des lumieres dont il prévoit l’utilité ; il laisse au physicien oisif spéculateur le soin de remonter aux causes des phénomenes qu’il observe, de les combiner, d’en montrer l’enchaînement. Pour lui, il met ses observations en pratique, & tourne toujours ses réflexions vers l’intérêt public, le mobile & le but le plus noble de ses travaux, en même tems qu’il en est la récompense la plus flatteuse. Le médecin observe que dans l’état de santé le corps est plus léger, plus dispos le matin que le soir, les idées en conséquence plus nettes, plus vives, plus animées. Le sommeil précédent n’est pas seul capable de produire cet effet ; puisqu’on l’éprouve bien moins, ou même pas du-tout, lorsqu’on pousse le sommeil bien avant dans le jour. Il est vrai aussi que cet effet est bien plus sensible, lorsqu’on a passé la nuit dans un sommeil tranquille & non interrompu. Le retour du soleil sur l’horison, le vent léger d’orient qui excite alors les vapeurs retombées, une douce humidité qui couvre & imbibe la terre, tous ces changemens survenus dans l’atmosphere doivent nécessairement faire quelqu’impression sur nos corps, voyez Influence des astres. Quoi qu’il en soit, ces changemens sont constans & universels ; les plantes, les animaux, l’homme, en un mot, tout ce qui vit, tout ce qui sent, les éprouve. Ici se présente naturellement la réponse à une question célebre ; savoir, s’il est utile à la santé de se lever matin. Le raisonnement & l’expérience s’appuient mutuellement pour faire conclure à l’affirmative. La nuit est le tems destiné au repos, & le matin le tems le plus propre au travail ; la nature semble avoir fixé les bornes & le tems du sommeil ; les animaux qui ne suivent que ses ordres, & qui sont dépourvus de cette raison superbe que nous vantons tant, & qui ne sert qu’à nous égarer en nous rendant sourds à la voix de la nature ; les animaux, dis-je, sortent de leur retraite dès que le soleil est prêt à paroître ; les oiseaux annoncent par leur ramage le retour de la lumiere ; les sauvages, les paysans, qu’une raison moins cultivée & moins gâtée par l’art rapproche plus des animaux, suivent en cela une espece d’instinct ; ils se levent très-matin, & ce genre de vie leur est très-avantageux. Voyez avec quelle agilité ils travaillent, combien leurs forces s’augmentent, leur santé se fortifie, leur tempérament devient robuste, athlétique ; ils se procurent une jeunesse vigoureuse, & se préparent une longue & heureuse vieillesse. Jettez ensuite les yeux sur cette partie des habitans de la ville, qui fait de la nuit le jour, qui ne se conduit que par les modes, les préjugés, les usages, la raison ou