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ment de la mastication, la salive qui s’exprime par cette même action se mêle exactement avec eux, & contribue à les assimiler à la nature du corps dont ils doivent être la nourriture. Voyez Chyle. (D. J.)

MASTICATOIRE, s. m. (Thérapeutique & Pharmacie.) espece d’apophlegmatisme par la bouche, ou de remede propre à exciter une évacuation par les excrétoires de la bouche, c’est-à-dire les différentes glandes salivaires. L’action simple & méchanique de la mastication, l’action de mâcher à vuide, ou de mordre un corps tenace ou plus ou moins résistant, qui ne répand dans la bouche aucun principe médicamenteux, suffit pour faire couler abondamment la salive. Le mouvement de la langue & des joues employé à rouler dans la bouche un corps dur, poli & insoluble, détermine aussi cette excrétion : ainsi un morceau de cire ou de carton, un petit peloton de linge mâché pendant un certain tems, ou de petites boules de verre ou d’ivoire roulées dans la bouche peuvent être regardées comme des especes de masticatoire, quoique ce mot ne puisse convenir à la rigueur qu’à ce qui est mordu ou mâché ; mais ce sont des masticatoires faux ou méchaniques. Les vrais masticatoires sont des matieres qui ont une certaine solidité qui ne peuvent point se dissoudre entierement dans la bouche, & dont le goût est âcre & vif, tels que les racines de pyretre, de gimgembre, de roseau aromatique, d’iris, d’aulnée, &c. le poivre, le cardamome, la semence de nielle, les feuilles de tabac & de betoine, le mastic, &c.

On peut donner à mâcher un seul de ces remedes, & l’on a alors un masticatoire simple, ou bien en mêler plusieurs sous forme de tablettes pour faire un masticatoire composé.

On regarde ces remedes comme très-utiles dans les maladies catarrales de tous les organes de la tête, telles que les fluxions sur les dents, les yeux, les oreilles, les engorgemens séreux des amygdales, les affections soporeuses, la paralysie, &c. l’action de ces remedes est absolument analogue aux autres especes d’apophlegmatismes par la bouche, tels que les gargarismes irritans & la fumée du tabac. Elle a beaucoup de rapport encore avec celle des errhins. Voyez Errhins.

Les masticatoires ne peuvent être regardés que comme des secours d’un ordre inférieur, mais cependant dont l’usage continué est souvent très-efficace, principalement contre les affections catarreuses de la tête. Ce genre de remedes est presque absolument inusité aujourd’hui. C’est à l’habitude de fumer & à celle du tabac pris par le nez qu’on a recours pour produire la même évacuation. (b)

MASTIGADOUR, s. m. (Maréchalerie.) espece de mors uni, garni de patenotres & d’anneaux, qu’on met dans la bouche du cheval, pour lui exciter la salive & lui rafraîchir la bouche. Il est composé de trois moitiés de grands anneaux faites en demi-ovales d’inégale grandeur, les plus petites étant renfermées dans la plus grande, qui doit avoir un demi-pié de hauteur. Le mastigadour est monté d’une têtiere & de deux longes ou rènes.

On dit qu’un cheval est au mastigadour, lorsqu’on lui met la tête entre deux piliers, la croupe tournée vers la mangeoire.

MASTIGOPHORE ou PORTE-VERGE, s. m. (Littér. grecq.) espece d’huissier des Hellanodices, préposés aux jeux publics de la Grece.

Les lois qui concernoient la police des jeux publics étoient observées d’autant plus exactement, que l’on punissoit avec séverité ceux qui n’y obéissoient pas. C’étoit ordinairement la fonction des mastigphores, lesquels, par l’ordre des hellanodices

ou agonothetes, & même quelquefois à la priere des spectateurs, frappoient de verges les coupables.

Pour mériter ce châtiment, il suffisoit qu’un athlete entrât mal-à-propos en lice en prévenant le signal ou son rang. Si l’on s’appercevoit de quelque collusion entre deux antagonistes, c’est-à-dire qu’ils parussent vouloir s’épargner réciproquement en combattant avec trop de négligence, on leur imposoit la même peine. On ne faisoit pas meilleur quartier à ceux qui, après avoir eu l’exclusion pour les jeux, ne laissoient pas d’y paroître, ne fût-ce que pour réclamer une palme qu’ils prétendoient leur appartenir, quoiqu’ils l’eussent gagnée sous un nom emprunté.

La séverité des aganothetes grecs à châtier les fautes ou la prévarication des athletes, se faisoit extrèmement redouter de ceux qui vouloient se donner en spectacle dans les jeux publics ; & lorsque les courtisans de Néron l’exhorterent de paroître aux jeux olympiques pour y disputer le prix de la musique, il leur donna pour excuse la crainte qu’il avoit des mastigophores ; mais pour s’en délivrer, il eut d’abord soin de gagner leurs bonnes graces, & plus encore de corrompre tout ensemble ses juges & ses antagonistes à force d’honnêtetés & de présens. C’est par ce moyen qu’il vint à bout de se délivrer de la juste appréhension que lui inspiroit sa foiblesse. Suétone nous apprend cette anecdote : Quàm autem trepidè anxiè que certaverit, dit-il en parlant de cet empereur, quantà adversariorum æmulatione, & quo metu judicum, vix credi potest. Adversarios si qui arte præcellerint, corrumpere solebat ; judices autem, priùsquam inciperet, reverendissimè alloquebatur.

Il est donc vrai qu’on punissoit les athletes qui corrompoient leurs adversaires par argent, & les concurrens qui s’étoient laissé corrompre ; mais quel agonothete eût osé sévir contre Néron ! On ne pend point un homme qui a cent mille écus de rente, dit à l’oreille du maréchal de Villars un partisan dont il vouloit faire justice, pour s’être enrichi dans la campagne du plus pur sang des peuples ; & en effet il ne fut point pendu. (D. J.)

MASTILLY, s. m. (Comm.) mesure dont on se sert à Ferrare, ville d’Italie, pour les liquides. Le mastilly contient huit sechys. Voyez Dictionnaire de Commerce.

MASTIQUER, (Gram.) c’est unir par le mastic. Voyez l’article Mastic.

MASTOIDE, adj. en Anatomie, est la même chose que mamillaire. Voyez Mamillaire.

Le mot vient du grec μαστος, mamelle, & de ειδος, image, figure.

Mastoïde se dit aussi des apophyses du corps qui ressemblent à des mamelles, & qui naissant d’une base large, se terminent par une extrémité obtuse.

MASTOIDIEN, adj. en Anatomie, se dit en différentes parties relatives à l’apophyse mastoïde. Voyez Mastoïde.

Le trou mastoidien postérieur est celui qui est le plus remarquable de tous ceux qui s’observent à la partie postérieure de l’apophyse mastoide.

Le muscle mastoïdien antérieur, voyez Sterno-Deïdo-Mastoïdien.

Le muscle mastoidien latéral, voyez Complexus.

Le muscle mastoïdien postérieur, voyez Splenius.

MASTOU, s. m. (Péche.) ce terme est usité dans l’amirauté de Bretagne. Ce sont de petites planches d’un pié en quarré ; on y a pratiqué en-dessus un rebord qui suit les contours & marque la forme du pié, & ajusté deux barres en croix qui traversent d’un angle à l’autre. On affermit cette machine sous le pié avec une courroie de cuir ou de corde, à-