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Bructères, ne permettent pas de placer ailleurs les Marsi de Germanie. (D. J.)

MARSICO-NUOVO, (Géog.) Marsicum, petite ville d’Italie au royaume de Naples, dans la principauté citérieure, avec un évêché suffragant de Salerne. Elle est au pié de l’Apennin, proche l’Agri, à 2 lieues de Marsico-vetere, bourg de la Basilicate, à 11 S. O. de Cirenza, 20 S. E. de Salerne. Long. 33. 24. lat. 40. 22. (D. J.)

MARSIGNI, (Géog. anc.) peuple de Germane, que Tacite met avec les Gothini, les Osi & les Burii, au-dessus des Marcomans & des Quades, vers l’orient d’été ; ils habitoient des forêts & des montagnes, mais nous n’en savons pas davantage. (D. J.)

MARSILLIANE, s. f. (Marine.) bâtiment à poupe quarrée, qui a le devant fort gros, & qui porte jusqu’à quatre mâts, dont les Vénitiens se servent pour naviger dans le golfe de Venise & le long des côtes de Dalmatie ; son port est d’environ 700 tonneaux.

MARSOUIN, COCHON DE MER, s. m. (Hist. nat. Ict.) poisson cétacée, qui ne differe du dauphin qu’en ce qu’il a le corps plus gros & moins long, & le museau plus court & plus obtus. Rondelet, Hist des poiss. part. I. liv. XVI. ch. vj. Voyez Dauphin, Poisson, & Cétacée.

Les Anglois appellent porpesse ou porpoise ce grand poisson cétacée, qu’il ne faut pas confondre avec le dauphin. Le lecteur trouvera sa description fort étendue dans Ray, & dans les Transact. philosoph. n°. 74, & n°. 231. Nous en avons encore une description particuliere du docteur Edouard Tyson, imprimée à Londres en 1680, in-4°. c’est la description d’un marsouin femelle, dont la longueur étoit de quatre à cinq piés. Ce poisson à 48 dents très-aiguës à chaque mâchoire, & l’anatomiste de Gresham lui a découvert l’organe de l’ouie ; il lui a compté 73 côtes de chaque côté. Ses nageoires sont placées horisontalement, & non pas verticalement comme dans les autres poissons ; sa chair est de fort mauvais goût.

On pêche le marsouin avec le barguot, qui est un gros javelot joint au bout d’un bâton. La graisse ou l’huile qu’on en tire est d’usage pour les tanneries, les savonneries, &c. On a fait vraissemblablement le mot françois marsouin, du latin marinus sus, cochon de mer. (D. J.)

Marsouin, (Pêche.) les pêcheurs du mont Farville, lieu dans le ressort de l’amirauté de Barfleur, ont inventé de grands filets, inusités dans toutes les autres amirautés ; ils les ont fabriqués pour la pêche des marsouins, qui abondent tellement à leur côte que ces poissons y mangent tous les autres qui y sont passagers ou qui y séjournent ordinairement, ou qui y restent en troupes, & que les marsouins viennent chercher entre les rochers où ces poissons se retirent pour les éviter, d’où ils les chassent & en rendent leurs côtes stériles.

Les pêcheurs pour tâcher de prendre des marsouins ont fait des rets formés de gros fils semblables à de moyennes lignes, avec des mailles de la grandeur des contremailles ou hameaux fixés par l’ordonnance de 1681 de neuf pouces en quarré ; le filet a environ cinq à six brasses de chûte ou de hauteur, & quarante à cinquante brasses de longueur.

Lorsque les pêcheurs apperçoivent de haute mer à la côte des marsouins dans les petites anses que forment les pointes des rochers, ils amarrent le bout de leurs filets à une des roches, & portent le reste au large avec une de leurs chaloupes, en formant une espece d’enceinte, & ils arrêtent l’autre bout du filet à une autre roche, ensorte que les marsouins s’y trouvent de cette maniere enclavés, & restent à sec lorsque la mer vient à s’en retirer ; les marsouins franchissent quelquefois le filet en s’é-

lançant, mais il faut observer qu’ils ne le forcent jamais : quand ils trouvent quelques obstacles & qu’ils ont la liberté de nager, ils tournent autour du rets qu’ils cotoyent jusqu’à ce qu’ils se trouvent à sec.

MARSYAS, (Mythol.) cet homme dont les Poëtes ont fait un Silene, un satyre, joignoit beaucoup d’esprit à une grande industrie. Il étoit natif de Phrygie, & fils de Hyagnis. Il fit paroître son génie dans l’invention de la flûte, où il sut rassembler tous les sons, qui auparavant se trouvoient partagés entre les divers tuyaux du chalumeau.

On sait la dispute qu’il eut aver Appollon en fait de musique, & quelle en fut l’histoire. Cependant si l’on en veut croire Fortuneio Liceti, Marsyas écorché par Apollon n’est qu’une allégorie. « Avant l’invention de la lyre, dit-il, la flute l’emportoit sur tous les autres instrumens de musique, & enrichissoit par conséquent ceux qui la cultivoient ; mais sitôt que l’usage de la lyre se fut introduit, comme elle pouvoit accompagner le chant du musicien même qui la touchoit, & qu’elle ne lui défiguroit point les traits du visage comme faisoit la flûte, celle-ci en fut notablement décréditée, & abandonnée en quelque sorte aux gens de la plus vile condition, qui ne firent plus fortune par ce moyen. Or, ajoute Liceti, comme dans ces anciens tems la monnoie de cuir avoit cours, & que les joueurs de flûte ne gagnoient presque rien, les joueurs de lyre leur ayant enlevé leurs meilleures pratiques, les Poëtes feignirent qu’Apollon, vainqueur de Marsias, l’avoit écorche. Ils ajouterent que son sang avoit été métamorphosé en un fleuve qui portoit le même nom, & qui traversoit la ville de Célènes, où l’on voyoit dans la place publique, dit Hérodote, la peau de ce musicien suspendue en forme d’outre ou de ballon ; d’autres assurent que le desespoir d’avoir été vaincu, fit qu’il se précipita dans ce fleuve & s’y noya ». Comme les eaux de ce fleuve paroissoient rouges, peut-être à cause de son sable, la fable dit qu’elles furent teintes du sang de Marsyas.

L’ancienne musique instrumentale lui étoit redevable de plusieurs découvertes. Il perfectionna surtout le jeu de la flûte & du chalumeau, qui avant lui étoient simples. Il joignit ensemble, par le moyen de la cire & de quelques autres fils, plusieurs tuyaux ou roseaux de différentes longueurs, d’où résulta le chalumeau composé ; il fut aussi l’inventeur de la double flûte, dont quelques-uns cependant font honneur à son pere : ce fut encore lui qui pour empêcher le gonflement du visage si ordinaire dans le jeu des instrumens à vent, & pour donner plus de force au joueur, imagina une espece de ligature ou de bandage composé de plusieurs courroies, qui affermissoient les joues & les levres, de façon qu’elles ne laissoient entre celles-ci qu’une petite fente pour y introduire le bec de la flute.

Les représentations de Marsyas décoroient plusieurs édifices. Il y avoit dans la citadelle d’Athènes, une statue de Minerve, qui châtioit le satyre Marsyas, pour s’être approprié les flûtes que la déesse avoit rejettées avec mépris. On voyoit à Mantinée, dans le temple de Latone, un Marsyas jouant de la double flûte, & il n’avoit point été oublié dans le beau tableau de Polygnote, qui représentoit la descente d’Ulysse aux enfers. Servius témoigne que les villes libres avoient dans la place publique une statue de Marsyas, qui étoit comme un symbole de leur liberté, à cause de la liaison intime de Marsyas pris pour Silène avec Bacchus, connu des Romains sous le nom de Liber. Il y avoit à Rome, dans le Forum, une de ces statues, avec un tribunal dressé tout auprès, où l’on rendoit la justice. Les avocats qui gagnoient leur cause avoient soin de couronner cette