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On ne convient pas de leur origine ; les uns prétendent que c’étoit un nom de sectes qui embrassérent le parti des Monothélites, & d’autres assurent qu’ils n’ont jamais été dans le schisme. Un sçavant maronite, Fauste Nairon professeur en arabe à Rome, a fait l’apologie de sa nation & de l’abbé Maron, dont les Maronites tirent leur nom. Il prétend que les disciples de ce Maron qui vivoit vers l’an 400, se répandirent dans toute la Syrie où ils bâtirent plusieurs monastéres. Quoi qu’il en soit, les Maronites ont un patriarche qui réside au monastére de Cannubin au mont Liban, à 10 lieues de Tripoli. Il prend la qualité de patriarche d’Antioche. Son élection se fait par le clergé & par le peuple selon l’ancienne discipline de l’Eglise. Il a sous lui quelques évêques qui résident à Damas, à Alep, à Tripoli, & dans quelques autres lieux où se trouvent des Maronites.

Les ecclésiastiques qui ne sont pas évêques peuvent tous se marier avant l’ordination. Leurs moines sont pauvres, retires dans le coin des montagnes, travaillant de leurs mains, cultivant la terre, & ne mangeant jamais de chair ; mais ils ne font point de vœux.

Les prêtres ne disent pas la messe en particulier ; ils la disent tous ensemble, étant tous autour de l’autel, & ils assistent le célébrant qui leur donne la communion. Les laïques n’observent que le carême, & ne commencent à manger dans ces jours-là que deux ou trois heures avant le coucher du soleil. Ils ont plusieurs autres coutumes sur lesquelles on peut consulter avec précaution la relation du pere Dandini jésuite écrite en italien, traduite par M. Simon avec des remarques critiques. (D. J.)

MARONI, (géog.) riviere de l’Amérique méridionale dans la France équinoxiale qu’elle borne à l’occident. C’est la riviere la plus considérable du pays, elle a un cours de 60 à 80 lieues, & se décharge dans la mer à environ 45 lieues de l’embouchure de la Cayenne. (D. J.).

MAROSTICA, (Géog.) petite ville, ou même bourg d’Italie, dans le patrimoine du S. Siege ; son air est pur, le pays admirable, fertile en toutes sortes de fruits, & particulierement en cerises, qui sont les plus belles d’Italie. On n’y voit que sources & fontaines, le Bossa passe au milieu, & le Silano à un mile plus loin. C’est la patrie de Prosper Alpin, qui s’est fait une haute réputation par ses ouvrages de médecine & de botanique. Il mourut à Padoue en 1616, âgé de 63 ans. (D. J.)

MAROTIQUE, adj. (Lit.) dans la poésie françoise se dit d’une maniere d’écrire particuliere, gaie, agréable, & tout à la fois simple & naturelle. Clément Marot, valet-de chambre du roi François I. en a donné le modéle, & c’est de lui que ce style a tiré son nom. Ce poëte a eu plusieurs imitateurs, dont les plus fameux sont la Fontaine & Rousseau.

La principale différence qui se rencontre entre le style marotique & le style burlesque, c’est que le marotique fait un choix, & que le burlesque s’accommode de tout. Le premier est le plus simple, mais cette simplicité a sa noblesse, & lorsque son siecle ne lui fournit point des expressions naturelles, il les emprunte des siecles passés. Le dernier est bas & rampant, & va chercher dans le langage de la populace des expressions proscrites par la décence & par le bon gout. L’un se dévoue à la nature, mais il commence par examiner si les objets qu’elle lui présente sont propres à entrer dans ses tableaux, n’y en admettant aucun qui n’apporte avec soi quelque délicatesse & quelque enjouement. L’autre donne pour ainsi dire tête baissée dans la bouffonnerie, & adopte par préférence tout ce qu’il y a de plus extravagant ou de plus ridicule. Voyez Burlesque.

Après des caracteres si disparates & si marqués

il est étonnant que des auteurs celébres tels que Balzac, Voiture, le P. Vavasseur, ayent confondu ces deux genres, & il ne l’est pas moins qu’on prodigue encore tous les jours le nom de style marotique à des ouvrages écrits sur un ton qui n’en a que la plus légere apparence. Des auteurs s’imaginent avoir écrit dans le gout de Marot lorsqu’ils ont fait des vers de la même mesure que les siens, c’est-à-dire, de dix syllabes, parsemés de quelques expressions gauloises, sous prétexte qu’elles se rencontrent dans le poëte, dans S. Gelais, Belleau, &c. Mais ils ne font pas attention 1°. que ce langage suranné ne sçauroit par lui-même prêter des graces au style, à moins qu’il ne soit plus doux, ou plus énergique, plus vif ou plus coulant que le langage ordinaire, & que souvent dans ces poésies marotiques on emploie un mot par préférence à un autre, non parce qu’il est réellement meilleur, plus expressif, plus sonore, mais parce qu’il est vieux. 2°. Que Marot écrivoit & parloit très-purement pour son siecle, & qu’il n’a point ou presque point employé d’expressions vieilles relativement à son temps ; que par conséquent si ses poésies ont charmé la cour de François I. ce n’est point par ce langage prétendu gaulois, mais par leur tour aisé & naturel. 3°. Qu’un méchanisme arbitraire, une forme extérieure ne sont point ce qui caractérise un genre de poésie, & qu’elle doit être marquée par une sorte de sceau dépendant du fonds même des sujets qu’elle embrasse & de la maniere dont elle les traite. De ces trois observations il résulte que l’élégance du style marotique ne dépend ni de la structure du vers, ni du vieux jargon mêlé souvent avec affectation à la langue ordinaire, mais de la naïveté, du génie & de l’art d’assortir des idées riantes avec simplicité. Ce n’est pas que le vieux style n’ait son agrément quand on sçait l’employer à propos : peut-être a-t-on appauvri notre langue sous prétexte de la polir, en en bannissant certains vieux termes fort énergiques comme l’a remarqué la Bruyere, & que c’est la faire rentrer dans son domaine que de les lui rendre parce qu’ils sont bons & non parce qu’ils sont antiques. Des idées simples sans être communes, naïves sans être basses, des tours unis sans négligence, du feu sans hardiesse, une imitation constante de la nature, & le grand art de déguiser l’art même ; voilà ce qui fait le fonds de ce genre d’écrire, & ce qui cause en même temps la difficulté d’y réussir. Principes pour la lecture des poëtes, tome I. page 56 & suiv.

MAROTTI, s. m. (Bot. exot.) arbre du Malabar, à feuilles de laurier. Il porte un fruit rond, oblong, contenant un noyau large, dur & jaunâtre, qui renferme dix ou onze amandes. On en tire une huile d’usage dans la galle & autres maladies de la peau. (D. J.)

MAROUCHIN, s. m. (Hist. des drog.) nom vulgaire qu’on donne au pastel de la plus mauvaise qualité, & qui n’a pas plus de force que le vouéde de Normandie. On le fait de la derniere récolte, & du marc des feuilles de la plante qui produit cette drogue si nécessaire pour les teintures en bleu. Voyez Indigo & Pastel. (D. J.)

MAROUFLER, v. act. en Peinture, c’est enduire le revers d’un tableau peint en huile sur toile, avec de la couleur. & particulierement avec de la terre d’ombre qu’on a fait bouillir, & qu’on applique sur un mur, ou sur du bois. Cela les garantit un tems du dommage que l’humidité pourroit y causer.

MAROUTE la, (Botan.) c’est l’espece de camomille, que les botanistes nomment camomille puante, chamælum fœtidum off. Ses racines sont fibreuses ; ses tiges sont cylindriques, vertes, cassantes, succulentes & partagées en plusieurs rameaux. Elles sont plus grosses & s’élevent plus haut que celles de