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Auteur, en terme de Pratique, est celui au nom de qui un procureur agit : on l’appelle ainsi, parce que c’est par son autorité que le procureur agit. Tout ce que fait le procureur en vertu de sa procuration, oblige son auteur autant que s’il l’avoit fait lui-même, car le procureur représente son auteur. (H)

AUTHENTIQUE, adj. (Gramm.) une chose d’autorité reçûe : quelquefois ce mot signifie solemnel, célebre, revêtu de toutes ses formes, attesté par des personnes qui font régulierement foi. C’est dans ce sens que nous disons : les vérités de la religion Chrétienne sont fondées sur des témoignages authentiques : actes, papiers authentiques, &c.

La noblesse, & les personnes d’un rang distingué, avoient autrefois le privilége d’être appellées authentiques, parce qu’on les présumoit plus dignes de foi que les autres.

On appelle, en style de Pratique, authentique, le sceau d’une justice subalterne & non royale. Les actes passés sous scel authentique, n’emportent point hypotheque hors de la jurisdiction dans laquelle ils sont passés. Voyez Sceau. (H)

Authentique, adj. neut. ton authentique, terme de musique. Quand l’octave se trouve divisée arithmétiquement selon les nombres 2, 3, 4, c’est-à-dire quand la quinte est au grave & la quarte à l’aigu, le mode ou ton s’appelle authentique, à la différence du ton plagal où l’octave est divisée harmoniquement par les nombres 3, 4, 6 ; ce qui met la quarte au grave & la quinte à l’aigu. Ces différences ne s’observent plus que dans le plein-chant ; & soit que le chant parcoure l’octave de la dominante, ce qui constitueroit le mode plagal, ou celle de la tonique, ce qui le rendroit authentique, pourvû que la modulation soit réguliere, la musique admet tous ces tons comme authentiques également, ne reconnoissant jamais pour finale que la note qui a pour dominante la quinte à l’aigu, ou la quarte au grave. Voyez Mode. Voyez aussi Plagal.

Il y a dans les huit tons de l’église quatre tons authentiques, savoir, le premier, le troisieme, le cinquieme, & le septieme.

Voyez Tons de l’église. (S)

Authentiques en Droit civil, nom des novelles de l’empereur Justinien. Voyez Novelle. On ne sait pas bien pourquoi elles sont ainsi appellées. Alciat dit que ce nom leur fut originairement donné par Accurse. Les novelles furent d’abord écrites en Grec, ensuite le patricien Julien les traduisit, & les abrégea ; il s’en fit du tems des Bulgares, une seconde version plus exacte & plus littérale, quoique moins élégante. Accurse, dit l’auteur que l’on vient de citer, préférant cette traduction à celle de Julien, l’appella authentique ; parce qu’elle étoit plus conforme à l’original. (H)

Authentiquer un acte, terme de Droit, c’est le revêtir de toutes les formalités propres à le rendre authentique.

Authentiquer, signifie aussi punir une femme convaincue d’adultere, punition qui consiste à perdre sa dot & ses conventions matrimoniales, être rasée & enfermée dans un monastere pour deux ans, après lesquels si son mari ne l’en veut pas retirer, elle est rasée, voilée & cloîtrée pour toute la vie.

Cette peine s’appelle ainsi, parce qu’elle fut ordonnée dans les authentiques. Si le mari meurt dans les deux années, elle semble être en droit de réquérir sa liberté ; ou du moins, un autre homme qui veut l’épouser, peut la demander & probablement l’obtenir de la justice. (H)

* AUTHIE (Géog.) riviere de France en Picardie, qui a sa source sur les confins de l’Artois, passe à Dourlens & à Auxie, & se jette dans la mer au pont de Collines, en un lieu appellé le Pas d’Authie.

AUTO DA FÉ. Voyez Acte de foi.

AUTOCÉPHALES, s. m. (Hist. & Droit ecclés.) les Grecs donnoient ce nom aux évêques, qui n’étoient point soûmis à la jurisdiction des Patriarches, & qui étoient indépendans aussi bien qu’eux. Dans l’église orientale l’archevêque de Bulgarie, & quelques autres métropolitains joüissoient de ce privilége ; & dans l’église occidentale, les archevêques de Ravenne s’étoient attribué la même exemption, de sorte qu’ils prétendoient ne dépendre, ni des patriarches de Constantinople, ni des évêques de Rome : mais les Grecs ayant été chassés de l’Italie, les papes réduisirent ces archevêques sous leur obéissance selon le rapport d’Anastase. Dans l’origine tous les métropolitains étoient autocéphales. Dans la suite, les évêques des grandes villes de l’Empire s’attribuerent des droits sur les provinces, qui étoient de leur diocese, savoir d’ordonner les métropolitains, de convoquer le synode du diocese, d’avoir inspection générale sur toutes les provinces qui en dépendoient. Tels furent les droits de l’évêque de Rome, sur le diocese du vicariat de Rome, ou sur les provinces suburbicaires ; tels furent les droits de celui d’Alexandrie, sur les provinces d’Égypte, de Libye & de Thébaïde ; & de celui d’Antioche, sur tout ce qu’on appelloit le diocese d’Orient. L’évêque d’Éphese semble avoir eu un pouvoir pareil sur le diocese d’Asie ; & celui de Césarée en Capadoce, sur le diocese du Pont. L’archevêque de Constantinople, envahit depuis la jurisdiction sur la Thrace, & sur ces deux dioceses : mais plusieurs églises resterent autocéphales, tant en orient qu’en occident, c’est-à-dire indépendantes, quant à l’ordination des évêques, d’un patriarche ou exarque. En occident l’évêque de Carthage étoit indépendant des autres patriarches, & primat du diocese d’Afrique. L’évêque de Milan dans les commencemens, étoit chef du vicariat d’Italie, & n’étoit point ordonné par l’évêque de Rome. Dans les Gaules & dans l’Espagne, les métropolitains ne recevoient point l’ordination de l’évêque de Rome. Le métropolitain de l’île de Chypre joüissoit aussi de la même autocéphalie, qui lui fut confirmée contradictoirement avec l’évêque d’Antioche par le Concile d’Éphese. Action vij, & dans le concile in Trullo, canon 39. Du Cange, Glossar. Lat. M. Dupin, de antiquâ ecclesiæ Disciplinâ.

* Il est bon d’ajoûter que les droits des patriarches ayant été réglés par les conciles, & sur-tout par ceux de Nicée & de Chalcédoine, la plûpart des évêques qui s’étoient regardés comme autocéphales, devinrent soûmis à la jurisdiction soit des Primats soit des patriarches. Quoique les métropolitains ne reçussent point l’ordination du Pape, ils ne laissoient pas que de le reconnoître comme le chef de la hiérarchie ecclésiastique ; & dès le troisieme siecle, on a des preuves évidentes dans la cause des Quartodecimans & dans celle des Rébaptisans, que les évêques des plus grands siéges reconnoissoient dans celui de Rome une primauté d’honneur & de jurisdiction. Voyez Primauté, Quartodecimans, & Rebaptisans.

Bingham dans ses antiquités ecclésiastiques, distingue quatre sortes d’autocéphales, 1°. tous les anciens métropolitains auxquels on donnoit ce nom avant l’institution de la dignité patriarchale : 2°. depuis cette institution les métropolitains indépendans, tels que ceux d’Ibérie, d’Arménie, & de l’île de Chypre. Il comprend aussi parmi ces autocéphales, les anciens évêques de la grande Bretagne, qui ne reconnoissoient, dit-il, pour supérieur, que l’archevêque de Caerleon (archiepiscopo Caerlegionis parebant) & non le Pape, avant que le moine S. Augustin fût venu en Angleterre. Nous montrerons en traitant de la primauté du Pape, que sa prétention n’est pas fondée. La troisieme espece d’autocéphales étoient des évêques soûmis immédiatement à l’autorité d’un patriar-