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marécages & les lieux frais. Son bois est recherché pour faire des tuyaux, & les Tourneurs l’employent en échelles, perches, & autres ouvrages. (K)

Alnus rotundifolia glutinosa viridis, C. B. On employe, en Medecine, son écorce & sa feuille. L’écorce est astringente & dessiccative. Ses feuilles vertes appliquées, résolvent les tumeurs & diminuent les inflammations ; prises intérieurement, elles ont la vertu vulnéraire ; mises dans les souliers, elles soulagent les voyageurs de leur fatigue.

On s’en sert en décoction pour laver les piés des voyageurs, afin de les délasser ; & l’on en frotte le bois des lits pour faire mourir les puces.

Le fruit est astringent, rafraîchissant & repercussif dans les inflammations de la gorge, étant pris en gargarisme, de même que l’écorce.

Il y a une autre espece d’aulne, qui est le frangula ou bourgene. Voyez Bourgene. (N)

Aulne noir, arbre. Voyez Bourgene.

AU LOF, à la risée, en Marine, c’est un commandement que l’on fait au timonier de gouverner vers le vent, lorsqu’il en vient des risées. V. Risée. (Z)

* AULPS, (Géog.) ville de France en Provence, au diocese de Fréjus. Long. 24. 5. lat. 43. 40.

AUMAILLES, terme usité dans plusieurs de nos coûtumes, pour signifier des bêtes à cornes, & même d’autres bestiaux domestiques. Du Cange croit que ce mot a été fait du Latin manualia pecora, seu animalia mansueta, quæ ad manus accedere consueverunt. (H)

* AUMALE ou ALBEMARLE, (Géog.) ville de France dans la haute Normandie, au pays de Caux. Long. 19. 20. lat. 49. 50.

AUME, s. f. (Commerce.) c’est une mesure Hollandoise qui sert à mesurer des liqueurs. Elle contient huit steckans ou vingt verges, ce qui fait la tierce Angloise ou tonneau de France, & d’Angleterre. Arbuth. tab. 33. Voyez aussi Mesure, &c. (G)

AUMÉ, adject. pris subst. terme de Pêche & de Chasse ; il se dit des grandes mailles à filets, qu’on pratique de l’un & de l’autre côté d’un tramail ou d’un hallier : l’aumé facilite l’entrée & empêche la sortie.

* AUMIGNON (L’) riviere du Vermandois en Picardie ; elle passe à Vermand, & se jette dans la Somme, au-dessus de Pérone.

AUMONE, s. f. (Théol. moral.) est un don qu’on fait aux pauvres par compassion ou par charité. Voyez Charité.

Les ecclésiastiques ne subsistoient autrefois que d’aumône, la ferveur de la primitive église engageant les fideles à vendre leurs biens & à en déposer le prix aux piés des Apôtres pour l’entretien des pauvres, des veuves, des orphelins & des ministres de l’Evangile. Voyez Clergé, Dixme. Depuis jusqu’à Constantin, les aumônes des fideles se divisoient en trois parts, l’une pour l’évêque, l’autre pour les prêtres, la troisieme pour les diacres, soûdiacres, & autres clercs. Quelquefois on en réservoit une quatrieme partie pour les réparations de l’église : mais les pauvres trouvoient toûjours une ressource sûre & des fonds abondans dans la libéralité de leurs freres. Julien, qui vouloit réformer le paganisme sur le modele de la religion chrétienne, reconnoissoit dans celle-ci cet avantage. « Un prêtre, dit-il, dans une instruction qu’il donne à un pontife des faux dieux, épitr. 62. doit avoir soin d’instruire les peuples sur l’obligation de faire l’aumône ; car il est honteux que les Galiléens (c’est ainsi qu’il nommoit les Chrétiens) nourrissent leurs pauvres & les nôtres ».

S. Paul écrivant aux Corinthiens leur recommande de faire des collectes, c’est-à-dire des quêtes tous les dimanches, comme il l’avoit prescrit aux églises de Galatie. Nous apprenons de S. Justin, martyr, dans sa seconde Apologie, que tous les fideles de la ville & de la campagne s’assembloient le dimanche pour

assister à la célébration des saints mysteres ; qu’après la priere, chacun faisoit son aumône, selon son zele & ses facultés ; qu’on en remettoit l’argent entre les mains de celui qui présidoit, c’est-à-dire de l’évêque, pour le distribuer aux pauvres, aux veuves, &c. Cet usage s’observoit encore du tems de S. Jérôme.

M. de Tillemont, fondé sur un passage du code Théodosien, observe que dès le quatrieme siecle, il y avoit de pieuses femmes qui s’employoient à recueillir des aumônes pour les prisonniers, & l’on conjecture que c’étoient les diaconesses. Voyez Diaconesse.

Chrodegang, évêque de Mets, qui vivoit dans le huitieme siecle, chap. xlij. de la regle qu’il prescrit à ses chanoines réguliers, veut qu’un prêtre à qui l’on donne quelque chose, ou pour célébrer la Messe, ou pour entendre une confession, ou pour chanter des pseaumes & des hymnes, ne le reçoive qu’à titre d’aumône.

Tel a toûjours été l’esprit de l’Église. Les dons faits aux églises & tous les biens qu’elle a acquis par donation, les fondations dont on l’a enrichie, sont regardées comme des aumônes, dont ses ministres sont les œconomes & les dispensateurs, & non les propriétaires. (G)

Aumone, en terme de Palais, est le payement d’une somme à laquelle une partie a été condamnée par autorité de justice, applicable pour l’ordinaire au pain des prisonniers.

On appelle aumônes ou tenures en aumônes, les terres qui ont été données à des églises par le roi, ou par des seigneurs de fiefs. Ces terres ne payent aucune redevance à qui que ce soit, & ne doivent qu’une simple déclaration au seigneur.

Les aumônes fieffées sont des fondations royales.

Aumône des charrues en Angleterre, s’est dit de la cottisation d’un denier par chaque charrue, que le roi Ethelred exigea des Anglois ses sujets pour la subsistance des pauvres : on l’appella aussi l’aumône du Roi. (H)

AUMONERIE, s. f. est un office claustral, dont le titulaire est chargé de distribuer par an une certaine somme en aumônes. Voyez Aumône. (H)

AUMONIER, s. m. (Théol.) officier ecclésiastique dans les chapelles des princes, ou attachés à la personne des évêques & des grands. En France le Roi a un premier aumônier, distingué du grand aumônier de France, & quatre aumôniers de quartier : la reine aussi a un premier aumônier, & les princes du sang ont également des aumôniers en titre, dont l’habit de cérémonie est une soutane noire, un rochet & un manteau noir. Les aumôniers des évêques sont des ecclésiastiques leurs commensaux, ou attachés à leur personne, qui les accompagnent & les servent dans leurs fonctions épiscopales. (G)

Aumonier (Grand) de France (Hist. mod.) officier de la couronne, dont la dignité ne s’accorde plus qu’aux ecclésiastiques d’une naissance distinguée, & ne se donne ordinairement qu’à des cardinaux ; quoiqu’on l’ait vûe autrefois remplie par le savant Amyot, qui étoit d’une fort basse extraction. Le grand aumônier dispose du fonds destiné pour les aumônes du Roi, célebre le service divin dans la chapelle de sa Majesté, quand il le juge à propos, ou nomme les prélats qui doivent y officier, les prédicateurs, &c. Il est l’évêque de la cour, faisant toutes les fonctions de cette dignité dans quelque diocese qu’il se trouve sans en demander la permission aux évêques des lieux. Il donnoit autrefois les provisions des maladeries de France, & prétendoit qu’il lui appartenoit de gouverner, de visiter, & de réformer les hôpitaux du royaume, sur-tout quand ils sont gouvernés par des laïques. Les édits de nos rois, & les arrêts du Parlement de Paris, l’ont maintenu pen-