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moins longue ; le crin & la tête d’un cheval, mais le crin plus épais & plus rude, & la tête plus plate & plus courte ; les pieds du cerf, fendus, mais plus gros. On ajoûte que de ces deux cornes, celle du front est longue de trois ou quatre piés, mince, de l’épaisseur de la jambe humaine vers la racine ; qu’elle est aiguë par la pointe, & droite dans la jeunesse de l’animal, mais qu’elle se recourbe en-devant ; & que celle de la nuque du cou est plus courte & plus plate. Les Negres le tuent pour lui enlever ses cornes, qu’ils regardent comme un spécifique, non dans plusieurs maladies, ainsi qu’on lit dans quelques auteurs, mais en général contre les venins & les poisons. Il y auroit de la témérité sur une pareille description à douter que l’abada ne soit un animal réel ; reste à savoir s’il en est fait mention dans quelque Naturaliste moderne, instruit & fidele, ou si par hasard tout ceci ne seroit appuyé que sur le témoignage de quelque voyageur. Voyez Vallisneri, tom. III. p. 367.

* ABADDON, s. m. vient d’abad, perdre. C’est le nom que S. Jean donne dans l’Apocalypse au Roi des sauterelles, à l’Ange de l’abysme, à l’Ange exterminateur.

ABADIR ou ABADDIR, s. m. mot composé de deux termes Phéniciens. Il signifie Pere magnifique, titre que les Carthaginois donnoient aux Dieux du premier ordre. En Mythologie, abadir est le nom d’une pierre que Cibele ou Ops, femme de Saturne, fit avaler dans des langes à son mari, à la place de l’enfant dont elle étoit accouchée. Ce mot se trouve corrompu dans les gloses d’Isidore, où on lit Agadir lapis. Barthius le prenant tel qu’il est dans Isidore, le rapporte ridiculement à la Langue Allemande. Bochart a cherché dans la Langue Phénicienne l’origine d’abadir, & croit avec vraissemblance qu’il signifie une pierre ronde ; ce qui quadre avec la figure décrite par Damascius. Des Anciens ont cru que cette pierre étoit le Dieu Terme : d’autres prétendent que ce mot étoit jadis synonyme à Dieu. (G)

* ABACUZ, s. m. pris adject. ce sont les biens de ceux qui meurent sans laisser d’héritiers, soit par testament, soit par droit lignager, ou autrement, & dont la succession passoit, à ce que dit Ragueau, selon l’ancienne Coûtume du Poitou, au bas Justicier de la Seigneurie dans laquelle ils étoient décédés. (H)

ABAJOUR, s. m. nom que les Architectes donnent à une espece de fenêtre ou ouverture destinée à éclairer tout étage soûterrain à l’usage des cuisines, offices, caves, &c. On les nomme communément des soupiraux : elles reçoivent le jour d’en-haut par le moyen de l’embrasement de l’appui qui est en talus ou glacis, avec plus ou moins d’inclinaison, selon que l’épaisseur du mur le peut permettre : elles sont le plus souvent tenues moins hautes que larges. Leurs formes extérieures n’ayant aucun rapport aux proportions de l’architecture, c’est dans ce seul genre de croisées qu’on peut s’en dispenser, quoique quelques Architectes ayent affecté dans l’ordre attique de faire des croisées barlongues, à l’imitation des Abajours ; comme on peut le remarquer au Château des Tuileries du côté de la grande Cour : mais cet exemple est à éviter, n’étant pas raisonnable d’affecter-là une forme de croisée, pour ainsi dire consacrée aux soûpiraux dans les étages supérieurs.

On appelle aussi fenêtres en abajour, le grand vitrail d’une Eglise, d’un grand Sallon ou Gallerie, lorsqu’on est obligé de pratiquer à cette croisée un glacis à la traverse supérieure ou inférieure de son embrasure, pour raccorder l’inégalité de hauteur qui peut se rencontrer entre la décoration intérieure ou extérieure d’un Edifice ; tel qu’on le remarque aux

Invalides, au vestibule, & à la galerie du Château de Clagny. (P)

ABAISIR, s. m. Quelques Alchimistes se sont servis de ce mot pour signifier spodium. Voyez Spodium. (M)

* ABAISSE, s. f. c’est le nom que les Pâtissiers donnent à la pâte qu’ils ont étendue sous le rouleau, & dont ils font ensuite le fond d’un pâté, d’une tourte, & autres pieces semblables.

ABAISSE, adject. descendu plus bas. Ce terme, suivant Nicod, a pour étymologie βάσις, base, fondement.

Abaissé, en terme de Blason, se dit du vol ou des aîles des Aigles, lorsque le bout de leurs aîles est en embas & vers la pointe de l’écu, ou qu’elles sont pliées ; au lieu que leur situation naturelle est d’être ouvertes & déployées, de sorte que les bouts tendent vers les angles ou le chef de l’écu. Voyez Vol.

Le chevron, le pal, la bande, sont aussi dits abaissés, quand la pointe finit au cœur de l’écu ou au-dessous. Voyez Chevron, Pal, &c.

On dit aussi qu’une piece est abaissée, lorsqu’elle est au-dessous de sa situation ordinaire. Ainsi les Commandeurs de Malte qui ont des chefs dans leurs Armoiries de Famille, sont obligés de les abaisser sous celui de la Religion.

François de Boczossel Mongontier, Chevalier de l’Ordre de Saint Jean de Jérusalem, Commandeur de Saint Paul, Maréchal de son Ordre, & depuis Bailli de Lyon. D’or au chef échiqueté d’argent & d’azur de deux tires, abaissé sous un autre chef des armoiries de la Religion de Saint Jean de Jerusalem, de gueules à la croix d’argent. (V)

ABAISSEMENT, s. m. (des équations) en Algebre, se dit de la réduction des équations au moindre degré dont elles soient susceptibles. Ainsi l’équation qui paroît du 3e degré, se réduit ou s’abaisse à une équation du 2e degré , en divisant tous les termes par x. De même l’équation , qui paroît du 4e degré, se réduit au 2d, en faisant  ; car elle devient alors , ou . Voyez Degré, Equation, Réduction, &c.

Abaissement du Pole. Autant on fait de chemin en degrés de latitude, en allant du pole vers l’équateur, autant est grand le nombre de degrés dont le pole s’abaisse, parce qu’il devient continuellement plus proche de l’horison. Voyez Élévation du Pole.

Abaissement de l’Horison visible, est la quantité dont l’horison visible est abaissé au-dessous du plan horisontal qui touche la terre. Pour faire entendre en quoi consiste cet abaissement ; soit C le centre de la Terre représentée (Fig. I. Géog.) par le cercle ou globe BEM. Ayant tiré d’un point quelconque A élevé au-dessus de la surface du globe, les tangentes AB, AE, & la ligne AOC, il est évident qu’un spectateur, dont l’œil seroit placé au point A, verroit toute la portion BOE de la Terre terminée par les points touchans BE ; de sorte que le plan BE est proprement l’horison du spectateur placé en A. Voyez Horison.

Ce plan est abaissé de la distance OG, au-dessous du plan horisontal FOD qui touche la Terre en O ; & si la distance AO est assez petite par rapport au rayon de la terre, la ligne OG est presque égale à la ligne AO. Donc, si on a la distance AO, ou l’élévation de l’œil du spectateur, évaluée en piés, on trouvera facilement le sinus verse OG de l’arc OE. Par exemple, soit AO = 5 piés, le sinus verse OG de l’arc OE, sera donc de 5 piés, le sinus total ou rayon de la terre étant de 19000000 piés en nombres ronds : ainsi on trouvera que l’arc OE est d’environ deux minutes & demie ; par conséquent l’arc BOE sera de cinq minutes : & comme un degré de la