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que d’une très-petite quantité de la valeur exacte de la racine cherchée. Il en est de même de la racine cubique d’un nombre qui n’est pas un cube parfait, & ainsi des autres puissances, comme on peut voir dans les Transact. phil. n°. 215.

La méthode la plus simple & la plus facile d’approcher de la racine d’un nombre, est celle-ci : je suppose, par exemple qu’on veuille tirer la racine quarrée de 2 ; au lieu de 2, j’écris la fraction , qui lui est égale, ayant soin que le dénominateur 10000 soit un nombre quarré, c’est-à-dire, renferme un nombre pair de zeros ; ensuite je tire la racine quarrée du numérateur 20000 ; cette racine, que je peux avoir à une unité près, étant divisée par 100, qui est la racine du dénominateur, j’aurai à près la racine de , c’est-à-dire, de 2.

Si on vouloit avoir la racine plus approchée, il faudroit écrire , & on auroit la racine à près, &c. de même pour avoir la racine cubique de 2, il faudroit écrire , 1000000 étant un nombre cubique, & on auroit la racine à près, & ainsi à l’infini.

Soit un nombre quelconque qui ne soit pas un quarré parfait, & un nombre quelconque qui ne soit pas un cube parfait. Soit le plus grand quarré parfait contenu dans le premier de ces nombres. Soit , le plus grand cube parfait contenu dans le second de ces nombres, on aura &c. & &c. Voyez Binome. A l’aide de ces équations, on aura facilement des expressions fort approchées des racines quarrées & cubiques que l’on cherchera.

Soit proposé d’avoir la racine d’une équation par Approximation, 1°. d’une équation du second degré. Soit l’équation donnée du second degré dont il faut avoir la racine par approximation,  ; on suppose que l’on sache déja que la racine est à peu-près à ; ce que l’on peut trouver aisément par différentes méthodes dont plusieurs sont exposées dans le VIe livre de l’Analyse démontrée du P. Reyneau.

Soit 8+y la racine de l’équation proposée, ensorte que y soit une fraction égale à la quantité dont 8 est plus grand ou plus petit que la racine cherchée, on aura donc

Or comme une fraction devient d’autant plus petite que la puissance à laquelle elle se trouve élevée est grande, & que nous ne nous proposons que d’avoir une valeur approchée de la racine de l’équation, nous négligerons le terme y2 ; & la derniere équation se réduira à

à peu-près.
Donc .

Soit encore , on aura

Réduisant les fractions au même dénominateur, on aura l’équation suivante :

Donc

Soit encore  : on aura

Donc
Donc

Soit maintenant cette équation du troisieme degré, dont il faut chercher la racine par approximation, , & dont on suppose que l’on sache à peu-près la valeur de la racine, par exemple 5.

Soit donc la racine de cette équation 5+y. Comme on peut négliger les termes où y se trouve au second & au troisieme degré, il n’est pas nécessaire de les exprimer dans la transformation. On aura donc seulement

Donc

Soit derechef , on aura

Donc , & ainsi de suite à l’infini. Il est évident que plus on réitérera l’opération, plus la valeur de x approchera de la valeur exacte de la racine de l’équation proposée.

Cette méthode pour approcher des racines des équations numériques, est dûe à M. Newton. Dans les Mém. de l’Acad. de 1744, on trouve un mémoire de M. le marquis de Courtivron, où il perfectionne & simplifie cette méthode. Dans les mêmes Mémoires, M. Nicole donne aussi une méthode pour approcher des racines des équations du troisieme degré dans le cas irréductible ; & M. Clairaut, dans ses Elémens d’Algebre, enseigne aussi une maniere d’approcher de la racine d’une équation du troisieme degré dans ce même cas. V. Cas irréductible du troisieme degré. (O)

* APPUI, soûtien, support : l’appui fortifie, le soûtien porte, le support aide ; l’appui est à côté, le soutien dessous, l’aide à l’un des bouts : une muraille est appuyée ; une voûte est soûtenue ; un toict est supporté : ce qui est violemment poussé a besoin d’appui ; ce qui est trop chargé a besoin de soûtien ; ce qui est très-long a besoin de support.

Au figuré, l’appui a plus de rapport à la force & à l’autorité ; le soûtien, au crédit & à l’habileté ; & le support, à l’affection & à l’amitié.

Il faut appuyer nos amis dans leurs prétensions, les soûtenir dans l’adversité, & les supporter dans leurs momens d’humeur.

Appui, ou point d’appui d’un levier, est le point fixe autour duquel le poids & la puissance sont en équilibre dans un levier : ainsi dans une balance or-