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réguliers ou irréguliers, terminés par des surfaces planes ou par des surfaces convexes capables de condensation ou non.

Pour cet effet, concevez une puissance appliquée au corps qu’on applatit ; imaginez une ligne tirée à travers ce corps dans la direction de cette puissance ; si de cette ligne indéfinie qui marque la direction de la puissance, la partie interceptée dans la solidité du corps, se trouve moindre après l’action de la puissance qu’elle ne l’étoit auparavant, le corps est applati dans cette direction.

Il est évident que cette notion de l’applatissement convient à chaque point de la surface d’un corps applati pris séparément, & qu’elle est par conséquent générale, quoiqu’elle semble d’abord souffrir une exception.

Applatir. Voyez Presser, en terme de Cornetier.

APPLATISSOIRES, s. f. pl. c’est dans les usines où l’on travaille le fer, le nom que l’on donne à des parties de moulins qui servent à applatir & étendre les barres de fer, pour être fondues de la même chaude dans les grandes fonderies, ou d’une autre chaude dans les petites fonderies. Voyez les articles Forges, Fondre, Fonderies petites & grandes. Ces parties qu’on appelle applatissoires, ne sont autre chose que des cylindres de fer qu’on tient approchés ou éloignés à discrétion, & entre lesquels la barre de fer entraînée par le mouvement que font ces cylindres sur eux-mêmes & dans le même sens, est allongée & étendue. Voyez la Planche 12. des forges : les parties C, D, des figures 1. 2. 3. sont des applatissoires : l’usage des applatissoires s’entendra beaucoup mieux à l’article Forges, où nous expliquerons le méchanisme entier des machines dont les applatissoires ne sont que des parties.

APPLAUDISSEMENT, s. m. (Hist. anc.) les applaudissemens chez les Romains accompagnoient les acclamations, & il y en avoit de trois sortes : la premiere qu’on appelloit bombi, parce qu’ils imitoient le bourdonnement des abeilles : la seconde étoit appellée imbrices, parce qu’elle rendoit un son semblable au bruit que fait la pluie en tombant sur des tuiles ; & la troisieme se nommoit testæ, parce qu’elle imitoit le son des coquilles ou castagnettes : tous ces applaudissemens, comme les acclamations, se donnoient en cadence ; mais cette harmonie étoit quelquefois troublée par les gens de la campagne qui venoient aux spectacles, & qui étoient mal instruits. Il y avoit encore d’autres manieres d’applaudir ; comme de se lever, de porter les deux mains à la bouche, & de les avancer vers ceux à qui on vouloit faire honneur ; ce qu’on appelloit adorare, ou basia jactare ; de lever les deux mains jointes en croisant les pouces ; & enfin de faire voltiger un pan de sa toge. Mais comme cela étoit embarrassant, l’empereur Aurélien s’avisa de faire distribuer au peuple des bandes d’étoffe pour servir à cet usage. Mém. de l’Acad. des Belles-Lettres. (G)

* APPLEBY, (Géog. mod.) ville d’Angleterre, cap. de Westmorland, sur l’Eden. Long. 14. 50. lat. 54. 40.

* APPLEDORE, (Géog. mod.) petite ville du comté de Kent, en Angleterre, sur la riviere de Photen, à deux lieues au nord du château de Rye.

APPLICATION, s. f. action par laquelle on applique une chose sur une autre ; l’application d’un remede sur une partie malade.

Il se dit aussi de l’adaptation des particules nourricieres en place de celles qui se sont perdues. Voyez Nutrition. (L)

Application, c’est l’action d’appliquer une chose à une autre, en les approchant, ou en les mettant l’une auprès de l’autre.

On définit le mouvement, l’application successive d’un corps aux différentes parties de l’espace Voyez Mouvement.

On entend quelquefois en Géométrie par application, ce que nous appellons en Arithmétique division. Ce mot est plus d’usage en Latin qu’en François : applicare 6 ad 3, est la même chose que diviser 6 par 3. Voyez Division.

Application, se dit encore de l’action de poser ou d’appliquer l’une sur l’autre deux figures planes égales ou inégales.

C’est par l’application ou superposition qu’on démontre plusieurs propositions fondamentales de la Géométrie élémentaire ; par exemple, que deux triangles qui ont une même base & les mêmes angles à la base, sont égaux en tout ; que le diametre d’un cercle le divise en deux parties parfaitement égales ; qu’un quarré est partagé par sa diagonale en deux triangles égaux & semblables, &c. Voyez Superposition.

Application d’une science à une autre, en général, se dit de l’usage qu’on fait des principes & des vérités qui appartiennent à l’une pour perfectionner & augmenter l’autre.

En général, il n’est point de science ou d’art qui ne tiennent en partie à quelqu’autre. Le Discours préliminaire qui est à la tête de cet Ouvrage, & les grands articles de ce Dictionnaire, en fournissent par-tout la preuve.

Application de l’Algebre ou de l’Analyse à la Géométrie. L’Algebre étant, comme nous l’avons dit à son article, le calcul des grandeurs en général, & l’Analyse l’usage de l’Algebre pour découvrir les quantités inconnues ; il étoit naturel qu’après avoir découvert l’Algebre & l’Analyse, on songeât à appliquer ces deux sciences à la Géométrie, puisque les lignes, les surfaces, & les solides dont la Géométrie s’occupe, sont des grandeurs mesurables & comparables entr’elles, & dont on peut par conséquent assigner les rapports. Voyez Arithmétique universelle. Cependant jusqu’à M. Descartes, personne n’y avoit pensé, quoique l’Algebre eût déjà fait d’assez grands progrès, sur-tout entre les mains de Viete. Voyez Algebre. C’est dans la Géométrie de M. Descartes que l’on trouve pour la premiere fois l’application de l’Algebre à la Géométrie, ainsi que des méthodes excellentes pour perfectionner l’Algebre même : ce grand génie a rendu par là un service immortel aux Mathématiques, & a donné la clé des plus grandes découvertes qu’on pût espérer de faire dans cette science.

Il a le premier appris à exprimer par des équations la nature des courbes, à résoudre par le secours de ces mêmes courbes, les problèmes de Géométrie ; enfin à démontrer souvent les théorèmes de Géométrie par le secours du calcul algébrique, lorsqu’il seroit trop pénible de les démontrer autrement en se servant des méthodes ordinaires. On verra aux articles Construction, Equation, Courbe en quoi consiste cette application de l’Algebre à la Géométrie. Nous ignorons si les anciens avoient quelque secours semblable dans leurs recherches : s’ils n’en ont pas eu, on ne peut que les admirer d’avoir été si loin sans ce secours. Nous avons le traité d’Archimede sur les spirales, & ses propres démonstrations ; il est difficile de savoir si ces démonstrations exposent précisément la méthode par laquelle il est parvenu à découvrir les propriétés des spirales ; ou si après avoir trouvé ces propriétés par quelque méthode particuliere, il a eu dessein de cacher cette méthode par des démonstrations embarrassées. Mais s’il n’a point en effet suivi d’autre méthode que celle qui est contenue dans ces démonstrations mêmes, il