Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 1.djvu/608

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

APPENDICE, s. f. (Littérature.) du Latin appendix ; chapitre accessoire ou dépendant d’un traité. Voyez Accessoire.

On employe ce terme principalement en matiere de littérature pour exprimer une addition placée à la fin d’un ouvrage ou d’un écrit, & nécessaire pour l’éclaircissement de ce qui n’a pas été suffisamment expliqué, ou pour en tirer des conclusions ; en ce sens ce mot revient à ce qu’on appelle supplément. Voyez Supplément.

Le P. Jouvenci, à la suite de ses notes & commentaires sur quelques Poëtes Latins, a donné un petit traité de Mythologie intitulé Appendix de diis & heroibus. (G)

Appendice, s. f. en terme d’Anatomie, c’est une partie détachée en quelque sorte d’une autre partie à laquelle cependant elle est adhérente ou continue.

Il y a des appendices membraneuses de différentes figures dans la plûpart des parties intérieures du corps.

Sur l’appendice vermiculaire de l’intestin cæcum. Voyez Cæcum.

Appendice xyphoïde, voyez Xyphoïde. (L)

APPENS. (Guet.) s. m. pl. est un assassinat concerté & prémédité. Appens ne se dit plus que dans cette seule expression. (H)

* APPENSEL (Géog. mod.) petite ville ou gros bourg de Suisse, dans le canton d’Appensel, le treizieme & dernier des cantons. Longitude 27. 6. latitude 47. 31.

APPENTIS, s. m. terme d’Architecture, du Latin appendix, dépendance, qui n’a qu’un égoût, voyez Angard.

APPERT (il) terme usité au Palais, dans le Commerce & dans le style de Chancellerie, pour signifier il est manifeste, avéré ou constant ; c’est un impersonnel qui rend le mot Latin apparet, il apparoît. (H)

Les Négocians se servent souvent de ce terme dans la tenue de leurs livres. Par exemple : M. Roger, Secrétaire du Roi, doit donner premier Juin, pour marchandises, suivant sa promesse payable dans trois mois, appert au journal de vente, fol. 2. 1. 40-10. (G)

APPESANTIR, v. act. rendre plus pesans, moins propre pour le mouvement, pour l’action : l’âge, la vieillesse, l’oisiveté, &c. appesantissent le corps. (L)

APPESANTISSEMENT, s. m. l’état d’une personne appesantie, soit de corps, soit d’esprit, par l’âge, par la maladie, par le sommeil, &c. Il est dans un grand appesantissement. (L)

APPÉTER, v. act. desirer par instinct, par inclination naturelle, indépendamment de la raison. L’estomac appete les viandes, la femelle appete le mâle. Pourquoi appete-t-on des alimens solides & des liqueurs rafraîchissantes, lorsqu’on est fort échauffé, & excédé de faim & de fatigue ?

APPÉTIT, s. m. (Morale.) ce mot, pris dans le sens le plus général, désigne la pente de l’ame vers un objet qu’elle se représente comme un bien ; car cette représentation du bien est la raison suffisante qui détermine notre appétit, & l’expérience le prouve continuellement. Quel que soit l’objet que nous appétons, eût-il tous les défauts imaginables, des-là que notre ame se porte vers lui, il faut qu’elle s’y représente quelque sorte de bien, sans quoi elle ne sortiroit pas de l’état d’indifférence.

Les scholastiques ont distingué un double appétit, concupiscible & irascible ; le premier, c’est l’appétit proprement dit, la détermination vers un objet en tant qu’elle procede des sens ; l’appétit irascible, c’est l’aversion ou l’éloignement.

A cette distinction des écoles, nous en substituerons une autre plus utile entre l’appétit sensitif & l’appétit raisonnable. L’appétit sensitif est la partie infé-

rieure de la faculté appétitive de l’ame ; cet appétit naît de l’idée confuse que l’ame acquiert par la voie des sens. Je bois du vin que mon goût trouve bon ; & le retour de cette idée que mon goût m’a donné, me fait naître l’envie d’en boire de nouveau. C’est à ce genre d’appétit que se bornent la plûpart des hommes, parce qu’il y en a peu qui s’élevent au-dessus de la région des idées confuses. De cette source féconde naissent toutes les passions.

L’appétit raisonnable est la partie supérieure de la faculté appétitive de l’ame, & elle constitue la volonté proprement dite. Cet appétit est l’inclination de l’ame vers un objet à cause du bien qu’elle reconnoît distinctement y être. Je feuillete un livre, & j’y apperçois plusieurs choses excellentes, & dont je puis me démontrer à moi-même l’utilité ; là-dessus je forme le dessein d’acheter ce livre ; cet acte est un acte de volonté, c’est-à-dire, d’appétit raisonnable. Le motif ou la raison suffisante de cet appétit est donc la représentation distincte du bien attaché à un objet. Le livre en question enrichira mon ame de telles connoissances, il la délivrera de telles erreurs ; l’énumération distincte de ces idées est ce qui me détermine à vouloir l’acheter ; ainsi la loi générale de l’appétit, tant sensitif que raisonnable, est la même. Quidquid nobis representamus tanquam bonum quoad nos, id appetimus. Lisez la Psychol. de M. Wolf, part. II. sect. I. ch. ij. (X)

* APPIADES, s. f. cinq divinités ainsi nommées, parce que leurs temples étoient à Rome aux environs des fontaines d’Appius, dans la grande place de César ; c’étoient Venus, Pallas, Vesta, la Concorde & la Paix.

* APPIENNE (la voie) grand chemin de Rome, pavé, qu’Appius Claudius, censeur du peuple Romain, fit construire l’an 444 de Rome ; il commençoit au sortir de la porte Capenne, aujourd’hui porte de saint Sebastien, passant sur la montagne qu’on appelle de sancti Angeli, traversoit la plaine Valdrane, agri Valdrani, les Palus Pontines, & finissoit à Capoue. Il avoit vingt-cinq piés de largeur avec des rebords en pierres qui servoient à contenir celles dont le chemin étoit fait, de douze en douze piés. On y avoit ménagé, d’espace en espace, des especes de bornes pour aider les cavaliers à monter à cheval, ou pour servir comme de sieges sur lesquels ceux qui étoient à pié pussent se reposer. Caius Gracchus y fit placer de petites colonnes qui marquoient les milles.

* APPIUS (marché d’) (Hist. anc.) Il ne faut pas entendre seulement par le marché d’Appius une place de Rome, mais plûtôt un petit bourg distant de cette ville d’environ trois milles. Nos Géographes prétendent que le petit bourg de Saint-Donate est le forum Appii des anciens.

APPLANIR, v. act. c’est, dans un grand nombre d’arts, enlever les inégalités d’une surface ; ainsi on applanit un terrein, en agriculture, en unissant & mettant de niveau toute sa surface.

APPLATI, adj. m. sphéroide applati est celui dont l’axe est plus petit que le diametre de l’équateur. Voyez Allongé, Sphéroide, & Terre. (O)

APPLATIR, v. act. c’est altérer la forme d’un corps, selon quelqu’une de ses dimensions, de maniere que la dimension du corps selon laquelle se sera faite l’altération de sa forme en soit rendue moindre : exemple ; si l’on applatit un globe par un de ses poles, la ligne qui passera par ce pole, & qui se terminera à l’autre pole, sera plus courte après l’applatissement qu’elle ne l’étoit auparavant.

Ce qui rend le mot applatir difficile à définir exactement, c’est qu’il faut que la définition convienne à tous les corps, de quelque nature & de quelque figure qu’ils soient, avant & après l’applatissement,