L’Encyclopédie/1re édition/COECUM

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CŒCUM, s. m. (Anat.) le premier des gros intestins : on le nomme cœcum, c’est-à-dire aveugle, parce qu’il n’a qu’une ouverture qui lui sert d’entrée & de sortie.

Les modernes ayant divisé les gros intestins, quoiqu’ils ne fassent qu’un canal continu, en trois portions, la premiere, qui est faite en forme de poche, s’appelle le cœcum. Rufus d’Ephese le nommoit appendicula cœci.

Ce n’est qu’un bout d’intestin comme une espece de sac, arrondi, court & large, dont le fond est enbas, & l’ouverture ou largeur en-haut. Il est situé sous le rein droit, & caché par la derniere circonvolution de l’intestin ileum. Sa longueur est environ de trois travers de doigt, plus ou moins ; son diametre a plus que le double de celui des intestins grêles : on voit au-travers de sa tunique charnue trois bandes ligamenteuses adhérentes à cette tunique, & qui se réunissent sur l’appendice vermiforme, dont elles couvrent la convexité. La tunique interne du cœcum porte une espece de velouté ras, parsemé d’espace en espace de follicules glanduleuses ou glandes solitaires, plus larges que celles des intestins grêles. L’usage du cœcum est de contenir pour un tems les excrémens, jusqu’à ce qu’ils entrent dans le colon.

Sur le côté du fond du cœcum, se trouve un appendice comme un petit intestin, presque de la même longueur que le cœcum, mais extrèmement grêle : on l’appelle appendice vermiculaire ou vermiforme, à cause qu’il a quelques entortillemens à-peu-près comme ceux d’un ver quand on le touche. Il ressemble aussi en quelque façon à la pendeloque charnue de la tête d’un coq-d’Inde. Son diametre n’excede guere trois lignes pour l’ordinaire. Il s’ouvre par une de ses extrémités latéralement dans le fond du cœcum ; l’autre extrémité qui est fermée, est quelquefois plus étroite, & quelquefois plus ample que le reste de sa longueur. Cette extrémité fermée n’est point attachée au mésentere, mais au rein droit, par le moyen du péritoine. L’appendice vermiculaire est tout parsemé de follicules qui répandent continuellement dans sa cavité une espece de liqueur onctueuse, lubrifiante.

On ne connoît point encore l’usage de cette partie ; mais entre plusieurs sentimens qu’il seroit inutile de rapporter, le plus vraissemblable semble être celui des Physiciens, qui prétendent qu’elle sert à fournir une certaine quantité de liqueur mucilagineuse, propre à lubrifier la surface interne du sac du colon, & à ramollir les excrémens qui y sont contenus. Le grand nombre de follicules glanduleuses qu’on trouve dans cet appendice, & la conformité de structure du cœcum dans les brutes, semble justifier cet usage, non-seulement dans les adultes, mais encore dans les fœtus humains.

On objectera sans doute que cet appendice étant à proportion beaucoup plus grand dans l’enfant nouveau-né que dans l’adulte, il paroît qu’il doit avoir dans le premier quelqu’autre usage qui nous est inconnu : mais il est vraissemblable que la petitesse de cet intestin dans l’adulte, dépend de la compression qu’il souffre, & de ce qu’il se décharge souvent des matieres qu’il contient ; au lieu que dans le fœtus il n’y a point de respiration, ni par conséquent de compression qui puisse en exprimer les matieres qui y sont contenues : d’ailleurs le meconium qui se trouve dans le sac du colon, l’empêche de se vuider, de sorte que les liqueurs séparées par ses glandes en relâchent les fibres, & les distendent par le long séjour que les matieres y font.

Pour connoître la structure de l’appendice vermiculaire & de son embouchure dans le cœcum, il faut s’en instruire sur le cadavre ; les planches Anatomiques ne suffisent point, & les préparations seches en donnent une fausse idée. Cette partie n’est pas exempte des jeux de la nature ; car Riolan dit avoir vû trois appendices fort éloignés les uns des autres, & attachés à l’ileum. Job Vanmekeeren rapporte qu’il a une fois trouvé une balle de plomb dans ce petit intestin. Quelquefois aussi des noyaux de cerise restent des mois entiers dans le cœcum, sans causer d’incommodité ; & il y en a divers exemples dans les auteurs. Mais pour finir par une observation plus singuliere, Riolan assûre avoir trouvé le cœcum placé dans le pli de l’aîne à l’ouverture du corps d’un apothicaire. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.