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riviere de Bievre, à une lieue de l’embouchure du Rhone en Dauphiné.

* AOVARA, (Hist. nat. bot.) fruit de la grosseur d’un œuf de poule, qui croît avec plusieurs autres dans une grande gousse, sur une espece de palmier fort haut & épineux, aux Indes orientales & en Afrique. Lorsque la gousse est mûre, elle creve, & laisse voir la touffe de fruits charnus, jaunes & dorés. Les Indiens en mangent : son noyau est dur, osseux, de la grosseur de celui de la pêche, & percé de plusieurs trous aux côtés. Il a deux lignes d’épaisseur, & renferme une amande qui est d’abord agréable au goût, mais qui pique quand on continue de la mâcher, & qui prend la saveur du sassenage. On en tire une espece d’huile de palme. L’amande de l’aovara resserre, & peut arrêter le cours de ventre. Lemery.

AOUST, s. m. (Hist. & Ast.) sixieme mois de l’année de Romulus, & le huitieme de celle de Numa, & de notre année moderne. Il étoit appellé sextilis, à cause du rang qu’il occupoit dans l’année de Romulus ; & ce nom lui avoit été conservé dans l’année de Numa. Auguste lui donna son nom, Augustus, qu’il conserve encore, & d’où les François ont fait Août par corruption. Ce mois, & celui de Juillet, dont le nom vient de Jules César, sont les deux seuls qui aient conservé les noms que des Empereurs leur ont donné : le mois d’Avril s’étoit appellé pendant quelque tems Neroneus ; le mois de Mai, Claudius, &c.

Le soleil pendant ce mois parcourt, ou paroît parcourir la plus grande partie du signe du zodiaque, appellé le Lion ; & vers la fin de ce mois il entre au signe de la Vierge : mais, à proprement parler, c’est la terre qui parcourt réellement le signe du Verseau, opposé à celui du Lion. Les mois d’Août & de Juillet sont ordinairement les plus chauds de l’année, quoique le soleil commence à s’éloigner dès le 21 Juin. On en trouvera la raison à l’article Chaleur. (O)

Les Anglois appellent le premier jour d’Août, qui est la fête de S. Pierre ès liens, Lammas-day, comme qui diroit, fête à l’agneau ; aparemment à cause d’une coûtume qui s’observoit autrefois dans la province d’York : tous ceux qui tenoient quelque terre de l’église cathédrale, étoient obligés ce jour-là d’amener dans l’église à la grand’messe un agneau vivant pour offrande. (G)

* AOUSTE, ou AOSTE, (Géog.) ville ancienne d’Italie au Piémont, capitale du val-d’Aouste, au pié des Alpes. Lon. 25. 3. lat. 45. 38.

* Aouste, ou Aoste, (val-d’) Géog. mod. partie du Piémont, avec titre de duché. Aouste en est la capitale.

AOUTER, v. n. terme de Jardinage, employé en parlant des plantes qui ont passé le mois d’Août. On dit un fruit aoûté, quand il a pris la couleur qui convient à sa maturité ; c’est comme qui diroit mûr. Il s’employe aussi pour des branches d’arbres venues de l’année, qui se sont fortifiées, & qui ne poussent plus. On dit une citrouille, un concombre, un potiron, un melon aoûtés. (K)

A P

* APACHES, s. m. plur. (Géog. & Hist.) peuples de l’Amérique septentrionale au nouveau Mexique, où ils occupent un pays très-étendu, sous les noms d’Apaches de Perillo, au midi ; d’Apaches de Xilla, d’Apaches de Navaio, au nord ; & d’Apaches Vaqueros, au levant. Voyez la Conq. du Mexiq.

APAGOGE (Logiq.), ἀπαγωγὴ, composé d’ἀπὸ, de, & d’ἄγω, mener, ou tirer. Voyez Abduction.

APAGOGIE, s. f. (Logiq.) sorte de démonstration par laquelle on prouve la vérité d’une proposi-

tion, en faisant voir que la proposition contraire est

absurde ; (Voyez Démonstration.) d’où vient qu’on l’appelle aussi reductio ad impossibile, ou ad absurdum. Voyez Réduction. (O)

* APALACHE, (Géog. mod.) royaume de l’Amérique septentrionale dans la Floride.

* APAMATUCK, (Géog. mod.) riviere de l’Amérique septentrionale dans la Virginie ; elle se décharge dans celle de Powathan. Voyez Mat. Diction. Géogr.

* APAMÉE, sur l’Oronte, (Géog. anc. & mod.) ville de Syrie, distante d’Antioche environ de vingt lieues : les modernes la nomment Aman, ou Hama. Elle n’a de considérable que sa situation.

* Apamée, sur le Marse, (Géog. anc. & mod.) ville de Phrygie : elle est aujourd’hui presque ruinée.

* Apamée, ou Apami, (Géog. anc. & mod.) ville de la Bythinie sur la Propontide, entre Bourse & Cyzique. Les Turcs l’appellent aujourd’hui Myrlea.

* Apamée, (Géog. anc.) ville de la Médie, vers la contrée des Parthes. On la nomme aussi Miana.

* Apamée : on place dans la Mésopotamie deux villes de ce nom ; l’une sur l’Euphrate, l’autre sur le Tigre.

APANAGE, s. m. (Hist. mod.) ou comme on disoit autrefois, APPENNAGE, terres que les Souverains donnent à leurs puînés pour leur partage, lesquelles sont reversibles à la couronne, faute d’enfans mâles dans la branche à laquelle ces terres ont été données. Ducange dit que dans la basse latinité on disoit apanare, apanamentum, & apanagium, pour designer une pension ou un revenu annuel qu’on donne aux cadets, au lieu de la part qu’ils devroient avoir dans une seigneurie, qui ne doit point, suivant les lois & coûtumes, se partager, mais rester indivise à l’aîné. Hoffman & Monet dérivent ce mot du Celtique ou Allemand, & disent qu’il signifie exclurre & forclorre de quelque droit ; ce qui arrive à ceux qui ont des apanages, puisqu’ils sont exclus de la succession paternelle. Antoine Loysel, cité par Ménage, croit que le mot apanager vouloit dire autrefois donner des pennes ou plumes, & des moyens aux jeunes seigneurs qu’on chassoit de la maison de leurs peres, pour aller chercher fortune ailleurs, soit par la guerre, soit par le mariage.

Nicod & Ménage dérivent ce mot du Latin panis, pain, qui souvent comprend aussi tout l’accessoire de la subsistance.

Quelques-uns pensent que les apanages, dans leur premiere institution, ont été seulement des pensions ou des payemens annuels d’une certaine somme d’argent.

Les puînés d’Angleterre n’ont point d’apanage déterminé comme en France, mais seulement ce qu’il plaît au roi de leur donner. Voyez Prince, &c.

En France même, sous les rois de la premiere & ceux de la seconde race, le droit de primogéniture ou d’aînesse, & celui d’apanage, étoient inconnus ; les domaines étoient à peu près également partagés entre tous les enfans. Voyez Primogéniture & Ainesse.

Mais comme il en naissoit de grands inconvéniens, on jugea dans la suite qu’il valoit mieux donner aux cadets ou puînés des comtés, des duchés, ou d’autres départemens, à condition de foi & hommage, & de réversion à la couronne à défaut d’héritiers mâles, comme il est arrivé à la premiere & à la seconde branche des ducs de Bourgogne. A présent même les princes apanagistes n’ont plus leurs apanages en souveraineté : ils n’en ont que la joüissance utile & le revenu annuel. Le duché d’Orléans est l’apanage ordinaire des seconds fils de France, à moins qu’il ne soit déjà possédé, comme il l’est actuellement, par un ancien apanagiste.