placerez au milieu d’un fourneau à fondre ; couvrez le creuset & l’entourez de charbon.
Quand les clous seront rouges & commenceront à blanchir, ajoûtez neuf onces d’antimoine concassé ; recouvrez le creuset ; remettez dessus du charbon ; donnez quelques coups de soufflet, afin que l’antimoine & les clous fondent ; alors jettez, en trois petites cuillerées, une once de nitre pesée, après l’avoir purifié & séché ; recouvrez le creuset après la projection de chaque cuillerée. Lorsque la matiere sera en une fonte fluide comme l’eau, versez-la dans un mortier ou dans un cone chauffé & graissé ; frappez contre les côtés du cone afin de faciliter la chûte du régule ; laissez refroidir ; séparez les scories du régule ; pulvérisez le régule ; refondez-le ; quand il sera en fusion, ajoûtez un gros de salpetre pur & sec pour chaque once de régule ; réitérez encore deux fois la fusion, séparant toûjours le régule des scories, & le mettant dans une fusion parfaite, sur-tout la derniere fois. Il faut que les scories ne paroissent plus jaunes à la derniere fusion ; c’est une marque que le régule ne contient plus sensiblement de fer.
Les premieres scories du régule martial étant mises en poudre grossiere, exposées à l’air dans un lieu humide & à l’ombre, & réduites ainsi en une poussiere fine, sont lavées dans plusieurs eaux ; si l’on verse ces lessives sur un filtre, le safran restera sur ce filtre, & il faudra le faire sécher : on le mêlera ensuite avec trois fois autant de nitre ; on en fera la projection par cuillerées dans un creuset rougi au feu ; on le lavera pour en ôter toute la salure, & l’on aura le safran de mars antimonial de Stahl.
Le régule martial entre dans la composition du régule des métaux dont on se sert pour faire le lilium.
Zanichelli se servoit aussi du régule martial pour faire ses fleurs d’antimoine argentines. Pour cet effet il mettoit du régule martial dans le fond d’un creuset ; il ajustoit un couvercle qui entroit en partie dans le creuset ; ce couvercle étoit percé au milieu : il couvroit ce couvercle d’un autre proportionné à l’ouverture du creuset ; il en lutoit les jointures ; il mettoit le régule en fusion par le feu qu’il faisoit autour du creuset ; il s’élevoit par ce moyen des fleurs blanches comme des branches d’arbre.
Mais il est plus facile de prendre une demi-livre d’éthiops antimonial, fait avec un quarteron de mercure & autant d’antimoine crud broyés ensemble ; d’ajoûter à l’éthiops deux onces de limaille de fer ; de mettre le tout dans une cornue de verre lutée, dont les deux tiers restent vuides ; de donner tout-à-coup un feu du second degré sous la cornue, & d’élever & augmenter le feu pendant cinq heures ; au bout de ce tems l’opération sera faite. Si on casse la cornue par le col, on y trouvera des especes de crystaux d’une grande blancheur, qui sont la neige d’antimoine. Ce procédé est de M. Maloüin ; en cherchant autre chose, il trouva que pour avoir cette neige il ne s’agissoit que de mettre deux parties d’antimoine crud & une partie de limaille de fer dans une cornue à feu nud.
Régule de Venus. Prenez trois onces de cuivre de rosette en petits morceaux ; mettez-les dans un creuset, que vous placerez dans un fourneau à vent au milieu des charbons ardens ; couvrez ce creuset ; ajoûtez du charbon dans le fourneau jusque par-dessus le creuset : quand le cuivre sera prêt à fondre, ajoûtez trois onces de régule martial d’antimoine cassé en petits morceaux ; recouvrez le creuset ; quand la matiere sera dans une fusion parfaite, écartez les charbons, découvrez le creuset, retirez-le du feu, ensuite versez dans un mortier chauffé & graissé ; vous aurez par ce moyen un régule de couleur purpurine, qu’on nomme régule de Venus.
Régule jovial. Prenez parties égales d’étain & de
régule martial de la premiere fusion, l’étain coupé en limaille & le régule concassé : mettez d’abord le régule dans le creuset ; & quand il sera fondu, ajoûtez-y l’étain, & remuez avec une verge de fer. Quand tout sera en fusion, versez dans le mortier, & laissez refroidir : vous aurez le régule jovial, qui est de couleur d’ardoise.
Régule des métaux. Mêlez ensemble parties égales de régule de Venus & de régule jovial en poudre : mettez le mêlange dans un creuset entre les charbons ardens ; couvrez le creuset, & ajoûtez y encore du charbon : quand vous jugerez que la matiere sera fondue, vous découvrirez le creuset & vous la sonderez avec une verge de fer. Si vous la trouvez fondue, versez-la dans un mortier, & vous aurez le régule des métaux.
Si vous prenez parties égales de cuivre, de fer, d’antimoine, & d’étain, vous aurez le régule violet.
Ceux qui disent que le régule des métaux doit être composé de cinq métaux, comptent le zinc pour le cinquieme.
Voyez à l’article Lilium, cette préparation d’antimoine.
Voyez aussi à l’article Kermès, cette autre préparation d’antimoine.
Antimoine diaphorétique. Voyez Diaphorétique minéral.
* Antimoine (Teinture d’). Prenez une partie d’antimoine crud, deux parties d’alkali du tartre, le tout en poudre & mêlé ensemble : mettez le mêlange dans un creuset, que vous placerez dans un fourneau au milieu des charbons ardens : couvrez le creuset ; laissez le tout en fonte pendant une heure ; conduisez le feu doucement d’abord ; versez la matiere fondue dans une poesle ou dans un chaudron de fer, chauffés ; quand la matiere commencera à refroidir, cassez-la en petits morceaux plats, que vous mettrez dans un matras ; versez de l’esprit-de-vin dessus à la hauteur d’environ deux doigts : ajustez au matras un vaisseau de rencontre ; vous laisserez en digestion jusqu’à ce que l’esprit-de-vin soit bien teint, ce qui se fait ordinairement en vingt-quatre heures : versez ensuite par inclination la teinture. On peut mettre du nouvel esprit-de-vin sur ce qui reste dans le matras, pour en tirer encore de la teinture : on mêlera ces teintures & on les filtrera.
Pour s’assûrer que la teinture est d’antimoine, il y faut laisser tomber quelques gouttes de vinaigre ; il s’en élevera une mauvaise odeur, & il se précipitera une poudre antimoniale.
La teinture antimoniale purifie les humeurs ; aussi réussit-elle dans les cas de langueur, pour le scorbut, & dans les suites des maladies vénériennes. On la prend depuis trois gouttes jusqu’à douze, dans deux ou trois cuillerées de thé, de bouillon ou autre liqueur, & on y revient plusieurs fois par jour.
* Antimoine (Soufre doré d’) : Prenez les scories du régule ordinaire d’antimoine, ou faites fondre une partie d’antimoine crud avec deux parties de l’alkali du tartre : exposez les à un air humide pendant un jour ou deux : faites bouillir à grande eau pendant une demi-heure les scories, ou l’antimoine divisé par les alkalis, ou le restant de la teinture d’antimoine ; car ce restant peut aussi servir dans cette occasion. Filtrez cette décoction ; laissez y tomber quelques gouttes de vinaigre en différens endroits : il se fera un précipité en une espece de caillé. Versez le tout dans un entonnoir garni d’un filtre, & rejettez ce premier précipité. Prenez la liqueur qui aura coulé au travers du filtre, & versez y comme la premiere fois du vinaigre ; vous aurez un second précipité que vous séparerez par un nouveau filtre : réitérez cette opération jusqu’à quatre fois : versez plusieurs fois de l’eau sur ce qui restera dans le filtre