Quoi qu’il en soit, on comprenoit sous ce titre tout ce qui se chantoit dans l’Eglise par deux chœurs alternativement. Aujourd’hui la signification de ce terme est restrainte à certains passages courts tirés de l’Ecriture, qui conviennent au mystere, à la vie, ou à la dignité du Saint dont on célebre la fêté, & qui, soit dans le chant, soit dans la récitation de l’office, précedent les pseaumes & les cantiques. Le nombre des antiennes varie suivant la solennité plus ou moins grande des offices. Les matines des grandes fêtes ont neuf antiennes propres ; les laudes & les vêpres, chacune cinq antiennes propres ; chacune des heures canoniales a une des antiennes des laudes, excepté la quatrieme. Les cantiques Benedictus & Magnificat ont aussi leurs antiennes propres, aussi bien que le Nunc dimittis ; & les trois pseaumes de complies n’ont qu’une antienne propre. Dans d’autres offices moins solennels, comme les semi-doubles, le nombre des antiennes est trois à matines, une pour chaque nocturne, cinq à laudes, & celle du Benedictus ; une prise de celles des laudes pour chacune des heures canoniales ; six à vêpres, y compris celle du Magnificat ; une à complies pour les pseaumes, & une pour le cantique Nunc dimittis. L’intonation de l’antienne doit toûjours régler celle du pseaume. Les premiers mots de l’antienne sont adressés par un choriste à quelque personne du clergé, qui la répete ; c’est ce qui s’appelle imposer, & entonner une antienne. Dans l’office Romain, après l’imposition de l’antienne, le chœur poursuit, & la chante toute entiere, avant le pseaume ; & quand le pseaume est fini, le chœur reprend l’antienne. Dans d’autres Eglises, après l’imposition de l’antienne, le choriste commence le pseaume, & ce n’est qu’après le pseaume que tout le chœur chante l’antienne.
On donne aussi le nom d’antienne à quelques prieres particulieres, que l’Eglise Romaine chante en l’honneur de la sainte Vierge, & qui sont suivies d’un verset & d’une oraison, telles que le Salve regina, Regina coeli, &c. V. Verset, Oraison, Oremus. (G)
* ANTIFELLO, (Géog.) ville ancienne de Lycie sur la Méditerranée, aux environs de Patave.
* ANTIGOA, (Géog. mod.) île de l’Amérique septentrionale, & l’une des Antilles. V. Antilles.
* ANTIGONIE, (Géog. anc. & mod.) ville d’Epire, auparavant dans la Chaonie ; c’est aujourd’hui Gustro argiro.
Antigonie, ville de la Propontide appellée aujourd’hui Isola del principe.
Antigonie ou Antigonée, ville de la Macédoine dans la Mygdonie sur le golfe de Thessalonique ; c’est la Thermaïque des anciens, Cojogna du tems de Pline, aujourd’hui Antigoca.
Antigonie, île des Portugais dans le golfe Ethiopique, proche celle de Saint-Thomas. Ils l’appellent Ilha da principe.
* ANTIGONIES, (Hist. anc. & Myth.) Plutarque qui fait mention de ces fêtes, ne nous apprend ni comment elles se célébroient, ni quel étoit l’Antigonus en l’honneur de qui elles furent instituées.
* ANTIGORIUM, s. m. nom que les Fayenciers donnent à l’émail dont ils couvrent la terre pour en faire la fayence. Voyez Fayence.
ANTI-HECTIQUE de la Poterie, est vulgairement appellé anti-hectique de Poterius ou de Potier, (Chimie med.) parce qu’on a confondu Michel Potier, Medecin Allemand, avec Pierre la Poterie, Medecin François, auteur de ce remede, qui est bon sur-tout contre l’éthisie ; c’est ce qui l’a fait nommer anti-hectique.
La Poterie prenoit pour le faire une partie de régule martial & deux d’étain : il prenoit trois parties de nitre pour une de régule jovial, & il se servoit d’eau de pluie pour laver son anti-hectique.
Pour faire le régule jovial, il faut mettre dans un
creuset une partie de régule martial d’antimoine ; placer le creuset dans un fourneau, le couvrir, & faire du feu autour. Lorsque le régule sera fondu, on y ajoûtera deux parties d’étain fin ; & l’étain étant fondu, on remuera avec une verge de fer, ensuite on retirera le creuset du feu, & on versera dans un mortier chauffé.
Lorsque ce régule jovial sera refroidi, on le mettra en poudre fine, & on le mêlera avec autant de nitre purifié & bien sec ; ensuite on mettra dans un creuset rougi entre les charbons ardens une petite cuillerée de ce mêlange environ un gros. Il se fera une détonation qu’on laissera passer entierement, attendant que la matiere paroisse fondue dans le creuset, pour y mettre une nouvelle cuillerée du mêlange.
Tout étant employé, on laissera la matiere en fusion pendant environ un quart-d’heure ; ensuite on la retirera du feu, & on la versera dans de l’eau bouillante. On laissera tremper quelques heures, ensuite on agitera le tout, & on versera par inclination l’eau blanche ; ce qu’on réitérera jusqu’à ce que l’eau ne blanchisse plus, & qu’il ne reste que des grumeaux au fond. Enfin on laissera toutes ces lotions sans y toucher ; il se déposera au fond une poudre grise. On versera l’eau claire qui surnage, & on reversera de nouvelle eau sur la poudre pour la dessaler entierement ; ensuite on la fera secher : ce sera l’anti-hectique de la Poterie.
Il y en a qui ne veulent pas prendre le régule martial pour faire le régule jovial ; cependant on doit le préférer à tout autre pour cela, comme faisoit l’auteur. Il faut seulement avoir soin de choisir le régule martial fort beau ; & il n’en faut mettre qu’une partie avec deux parties d’étain.
On s’attache trop aujourd’hui à une couleur bleue, qu’on veut qu’ait l’anti-hectique de la Poterie ; desorte que souvent, pour conserver cette couleur, on ne décompose pas assez l’étain. Celui que faisoit l’auteur avoit d’abord une couleur grise cendrée ; ensuite il le calcinoit à un feu de réverbere, ce qui lui donnoit une couleur bleuâtre : le feu de réverbere peut tirer des couleurs des chaux métalliques.
Si on ne commençoit pas cette opération par faire le régule jovial, une partie de l’étain tomberoit au fond du creuset.
L’anti-hectique de la Poterie est une espece de diaphorétique minéral ; & il en a aussi les vertus : il est même à préférer au diaphorétique ordinaire, lorsqu’il y a complication d’hémorrhagie ou de foiblesse de poitrine. Voyez Diaphorétique, Minéral, Etain.
La Poterie donnoit son anti-hectique pour la plûpart des maladies qui viennent d’obstruction, pour le scorbut, les écrouelles, & sur-tout pour l’éthisie.
La méthode dont il se servoit pour le faire prendre, étoit d’en donner le premier jour quatre grains ; & il faisoit augmenter chacun des jours suivans d’un ou de deux grains ; desorte qu’il en faisoit prendre jusqu’à quarante, & quelquefois jusqu’à cinquante grains.
On peut dire en général que, dans les maladies longues dans lesquelles il est nécessaire de faire un long usage des remedes pour guérir, c’est une très-bonne méthode de les faire prendre d’abord en petite dose, l’augmentant de jour en jour jusqu’à une quantité proportionnée à la force de la maladie & du malade ; & après avoir fait continuer quelques jours cette même quantité, il est bon de diminuer, comme on a augmenté ; & il ne faut pas juger qu’un remede est sans effet, parce qu’il ne guérit pas les maladies dans les premiers jours du régime. Le traitement des maladies doit être différent, selon les différentes maladies : on ne doit pas traiter des maladies longues