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amere au goût. Les Indiens la mangent cuite, & pensent qu’elle rend impuissant ou stérile.

ANOBLISSEMENT, s. m. (Jurisprudence.) faveur du Prince, qui donne à un roturier le titre de noble. Je dis faveur du Prince, parce qu’il n’y a que le Roi en France qui ait le pouvoir de faire des nobles ; comme il n’y a que l’Empereur qui le puisse en Allemagne. Or le Roi donne la noblesse ou en conférant le titre de chevalier, ou par des lettres d’anoblissement, ou par des provisions d’offices qui donnent la noblesse, comme de Conseillers au Parlement, de Secrétaires du Roi & de quelques autres. Voyez Noblesse. (H)

ANODYN. Voyez Calmant.

ANOLIS, s. m. (Hist. nat.) lésard fort commun aux Antilles de l’Amérique ; il a sept ou huit pouces de longueur, y compris la queue qui est beaucoup plus longue que le corps ; il n’est pas, à beaucoup près, si gros que le petit doigt ; sa tête est plus longue que celle de nos lésards ordinaires. Sa peau est jaunâtre, & il est marqué de raies bleues, vertes, grises qui s’étendent depuis le dessus de la tête jusqu’au bout de la queue. Les anolis se cachent dans la terre ; ils restent pendant la nuit dans leurs trous, où ils font un bruit plus aigu & plus incommode que celui des cigales ; pendant le jour on les voit autour des cases ; ils courent continuellement pour chercher leur nourriture. On mange cet animal, & on le trouve fort tendre & fort facile à digérer. Histoire naturelle & morale des Antilles, &c. Nouveaux voyages aux îles de l’Amérique, &c.

Les anolis qui sont décrits par le P. du Tottre, dans son Hist. nat. des Antilles, paroissent différens des précédens, puisqu’ils ont jusqu’à un pié & demi de longueur, & que leur grosseur approche quelquefois de celle du bras ; ils ont le ventre de couleur grise cendrée, le dos tanné tirant sur le roux, le tout rayé de bleu, & la tête marquetée comme les autres lésards ; les mâchoires sont un peu effilées. Ils ne sortent de la terre que pendant la grande chaleur du jour, & alors ils rongent les os & les arrêtes des poissons qu’on a jettés hors des maisons ; ils se nourrissent aussi quelquefois d’herbes, sur-tout de celles des potagers ; si on en tue quelqu’un, les autres le mettent en pieces & le mangent. tom. II. page 312. (I)

ANOMAL, adj. terme de Grammaire ; il se dit des verbes qui ne sont pas conjugués conformément au paradigme de leur conjugaison ; par exemple le paradigme ou modele de la troisieme conjugaison latine, c’est lego : on dit lego, legis, legit ; ainsi on devroit dire fero, feris, ferit ; cependant on dit fero, fers, fert ; donc fero est un verbe anomal en Latin. Ce mot anomal vient du Grec ἀνόμαλος, inégal, irrégulier, qui n’est pas semblable. Ἀνόμαλος est formé d’ὁμαλός, qui veut dire égal, semblable, en ajoûtant l’ privatif & le ν, pour éviter le bâillement.

Au reste, il ne faut pas confondre les verbes défectifs avec les anomaux ; les défectifs sont ceux qui manquent de quelque tems, de quelque mode ou de quelque personne ; & les anomaux sont seulement ceux qui ne suivent pas la conjugaison commune : ainsi oportet est un verbe défectif plûtôt qu’un verbe anomal ; car il suit la regle dans les tems & dans les modes qu’il a.

Il y a dans toutes les langues des verbes anomaux, & des défectifs, aussi-bien que des inflexions de mots qui ne suivent pas les regles communes. Les langues se sont formées par un usage conduit par le sentiment, & non par une méthode éclairée & raisonnée. La Grammaire n’est venue qu’après que les langues ont été établies. (F)

ANOMALIE, s. f. terme de Grammaire ; c’est le nom abstrait formé d’anomal. Anomalie signifie irré-

gularité dans la conjugaison des verbes, comme fero, fers, fert, & en françois aller, &c. (F)

Anomalie, anomalia, s. f. (Astronom.) L’anomalie est en Astronomie la distance angulaire du lieu réel ou moyen d’une planete à l’aphélie ou à l’apogée ; c’est-à-dire, c’est l’angle que forme avec la ligne de l’apogée une autre ligne, à l’extrémité de laquelle la planete est réellement, ou est supposée être. Voyez Planete, Aphélie, & Apogée.

Ce mot anomalie, qui est purement grec, signifie proprement irrégularité ; aussi sert-il à désigner le mouvement des planetes, qui comme l’on sait n’est est pas uniforme. L’anomalie est, pour ainsi dire, la loi des irrégularités de ce mouvement. Kepler distingue trois anomalies ; la moyenne, l’excentrique, & la vraie.

L’anomalie simple ou moyenne, est, dans l’Astronomie ancienne, la distance du lieu moyen d’une planete à l’apogée. Voyez Lieu.

Dans l’Astronomie nouvelle, c’est le tems employé par une planete pour passer de son aphélie A, au point ou lieu I de son orbite, Plan. d’Astronom. fig. 1. Or l’aire elliptique ASI étant proportionnelle au tems employé par la planete à parcourir l’arc AI, cette aire peut représenter l’anomalie moyenne ; de même que l’aire SKA ; formée par la ligne SK, & la droite LK qui passe par le lieu de la planete, qui est perpendiculaire à la ligne des apsides, & qui est prolongée jusqu’à ce qu’elle coupe le cercle DA ; car cette derniere aire est toûjours proportionnelle à l’aire SIA, comme Grégori l’a démontré, liv. III. elem. d’Astron. Physiq. Math. & Transact. phil. n°. 447. p. 218.

L’anomalie excentrique ou du centre, est, dans l’Astronomie nouvelle, l’arc du cercle excentrique AK, fig. 1. compris entre l’aphélie A, & une droite KL qui passe par le centre I de la planete, & qui est perpendiculaire à la ligne des apsides AP. On donne aussi le nom d’anomalie excentrique à l’angle ASK. Voyez Excentrique.

L’anomalie vraie, ou, comme disent les auteurs Latins, anomalia æquata, l’anomalie égalée, est l’angle au centre ou au soleil ASI, sous lequel on voit la distance AI d’une planete à l’aphélie ; c’est-à-dire, l’angle du sommet de l’aire proportionnelle au tems employé par la planete à passer de l’aphélie A à son lieu I. Cet angle est différent de l’anomalie moyenne, n’étant pas proportionnel au secteur ASI.

L’anomalie moyenne, aussi bien que l’anomalie vraie de la planete, se comptent l’une & l’autre depuis l’aphélie : mais si on veut compter depuis le commencement du signe du bélier, alors ce nom d’anomalie se change en celui de mouvement de la planete en longitude, lequel est aussi de deux sortes ; savoir, 1°. le moyen mouvement tel qu’il paroîtroit véritablement, si l’œil étant au centre d’une orbite circulaire, voyoit décrire à la planete cette même orbite d’un mouvement toûjours égal & uniforme : 2°. le mouvement vrai, qui est celui que l’on observe dans la planete, l’œil étant placé au foyer de son orbite elliptique : il est successivement accéléré ou retardé, selon les différentes distances de la planete au soleil.

L’anomalie vraie étant donnée, il est facile de trouver l’anomalie moyenne ; car l’angle au soleil ASI étant donné, c’est un problème assez simple que de déterminer par le calcul la valeur du secteur ASI, qui représente l’anomalie moyenne.

Mais il y a plus de difficulté à trouver l’anomalie vraie, l’anomalie moyenne étant donnée ; c’est-à-dire, à déterminer la valeur de l’angle ASI, quand on connoît le secteur ASI ; ou, ce qui revient au même, à trouver l’angle ASI que parcourt la planete dans un tems donné, depuis l’instant où elle a passé par l’aphélie.