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sirs qu’ils lierent ensemble à Alexandrie. Ce mot est composé du Grec ἀμίμητος, inimitable, & de βίος, vie, c’est-à-dire vie inimitable. Ce que Plutarque en raconte dans la vie d’Antoine, prouve qu’elle étoit assez bien nommée pour les dépenses effroyables qu’elle entraînoit, & qu’il n’étoit pas possible d’imiter. (G)

AMINÉE, (Med.) Le vin d’Aminée étoit ou celui de Falerne, ou le produit d’une espece particuliere de raisin qu’on avoit transplantée en Italie. Galien parle du vin d’Aminée qui se faisoit dans le Royaume de Naples, dans la Sicile & dans la Toscane. Selon Columelle, le vin aminéen étoit le plus ancien & le premier dont les Romains eussent fait usage, & le produit de vignes transplantées du pays des Aminéens dans la Thessalie.

Ce vin étoit austere, rude & acide lorsqu’il étoit nouveau : mais il s’amollissoit en vieillissant, & acquéroit une force & une vigueur qui étoit beaucoup augmentée par la quantité d’esprits qu’il contenoit : ce qui le rendoit propre à fortifier l’estomac. (N)

* AMINEL, petite ville d’Afrique en Barbarie ; elle est située dans la partie orientale du Royaume de Tripoli.

AMIRAL, s. m. (Marine.) Ce mot vient des Grecs qui nommerent Ἀμηράλιος celui qui commandoit aux armées navales ; ils l’avoient formé du mot Arabe Amir, qui signifioit un Seigneur, un Commandant.

Anciennement on a donné ce nom à ceux qui commandoient sur terre, comme à ceux qui commandoient sur mer. Les Sarrasins ont été les premiers qui ayent appellé Amiraux les Capitaines & Généraux de leurs flottes ; après les Sarrasins, les Siciliens & les Génois accorderent ce titre à celui qui commandoit leurs armées navales. Aujourd’hui l’Amiral est le chef & le commandant des armées navales & des flottes. Il est à la tête & le premier Officier de toute la Marine du Royaume. Autrefois il y avoit deux Amiraux, l’un du Ponant, & l’autre du Levant : aujourd’hui ce sont deux Vice-Amiraux créés en 1669.

L’Amiral d’Arragon, d’Angleterre, de Hollande & de Zélande, ne le sont que par commission : ces Officiers sont inférieurs à l’Amiral général des Etats Généraux.

En Espagne on dit l’Amirante ; mais l’Amiral n’est que le second Officier qui a un Général d’armée au-dessus de lui.

L’Amiral en France porte pour marque extérieure de sa dignité, deux ancres d’or passées en sautoir derriere son écu. Entre les droits attribués à l’Amiral, il a celui du dixieme de toutes les prises qui se font sur mer & sur les greves, des rançons, & des représailles : il a aussi le tiers de ce qu’on tire de la mer ou qu’elle rejette ; le droit d’ancrage, tonnes & balises.

Il a la nomination de tous les Officiers des Siéges généraux & particuliers de l’Amirauté, & la justice s’y rend en son nom. C’est de lui que les Capitaines & maîtres des vaisseaux équipés en marchandises, doivent prendre leurs congés, passeports, commissions & sauf-conduits.

L’Amiral n’a point de séance au Parlement, suivant l’Arrêt rendu à la réception de l’Amiral de Chatillon en 1551. Les anciens Amiraux n’avoient point de Jurisdiction contentieuse ; elle appartenoit à leurs Lieutenans ou Officiers de robe longue. Mais en 1626 le Cardinal de Richelieu en se faisant donner le titre de Grand-Maître & Surintendant du Commerce & de la Navigation, au lieu de la charge d’Amiral qui fut alors supprimée, se fit attribuer l’autorité de décider & de juger souverainement de toutes les questions de Marine, même des prises & du bris des vaisseaux.

En 1669 la charge de Surintendant général de la

Navigation & du Commerce fut supprimée, & celle d’Amiral fut rétablie la même année en faveur du Comte de Vermandois, avec le titre d’Officier de la Couronne.

Le pouvoir de l’Amiral étoit autrefois extrèmement étendu ; on peut voir au titre I. de l’Ordonnance de la Marine de 1681, jusqu’où le Roi a borné ce pouvoir. Le Roi s’est réservé le droit de nommer les Vice-Amiraux, Lieutenans Généraux, Chefs d’Escadre, Capitaines, Lieutenans, Enseignes & Pilotes de ses vaisseaux, frégates, brûlots, &c.

Il y a eu anciennement des Amiraux pour diverses Provinces maritimes du Royaume. La Normandie, la Bretagne, la Guienne, le Languedoc & la Provence du tems de leurs Ducs ou Comtes, avoient leurs Amirautés particulieres, dont quelques-unes ont subsisté après la réunion de ces Provinces à la Couronne ; & même en 1626, le Duc de Guise se prétendoit encore Amiral de Provence. En Bretagne la qualité d’Amiral est jointe à celle de Gouverneur de cette Province : c’est pourquoi en 1695, le Roi donna le Gouvernement de Bretagne au Comte de-Toulouse, afin que l’Amirauté de Bretagne fût réunie à la charge d’Amiral général de France.

On trouve une liste des Amiraux de France donnée par le P. Fournier ; il nomme pour le premier Pierre Lemegue, sous Charles IV. l’an 1327, & il finit sa liste à Henri de Montmorency, qui fit sa démission de l’Amirauté entre les mains du Roi à Nantes, l’an 1626. Jean le Feron a fait un traité des Amiraux, & la Popliniere a fait un livre intitulé l’Amiral : on peut y voir des détails sur cette charge.

Mais toutes les choses qui regardent le pouvoir, les fonctions & les droits de l’Amiral, se trouvent dans le Reglement du 12 Novembre 1669, & dans l’Ordonnance du mois d’Août 1681, auxquels nous renvoyons. Depuis Florent de Varenne, Amiral de France en 1270 au passage d’Outremer sous le Roi Saint Louis, on compte cinquante-cinq Amiraux jusqu’à Louis-Jean-Marie de Bourbon, Duc de Penthievre, qui remplit aujourd’hui cette charge. (Z)

Amiral d’une compagnie de vaisseaux marchands allans de conserve ; c’est celui d’entre eux qu’ils choisissent comme le plus fort & le plus en état de les défendre, sous la conduite & les ordres duquel ils se mettent pour ce voyage. Voyez Conserve. (Z)

Amiral, vaisseau amiral ; c’est celui qui est monté par l’Amiral. Il porte le pavillon quarré au grand mât, & quatre fanaux en poupe, soit dans un port ou en mer. V. dans les Pl. de Mar. celles des pav. Il est d’usage que le navire qui est monté par l’Amiral, surpasse les autres par sa beauté, sa grandeur & sa force.

On appelle aussi amiral le principal vaisseau d’une flotte, quelque petite qu’elle soit.

Lorsque deux vaisseaux de même banniere, c’est-à-dire commandés par des Officiers de même grade, se rencontrent dans un même port, le premier arrivé a les prérogatives & la qualité d’amiral ; & celui qui arrive après, quoique plus grand & plus fort, n’est que vice-amiral.

Cet ordre s’observe parmi les Terreneuviers, c’est-à-dire les bâtimens qui vont à la pêche sur le banc de Terreneuve, dont le premier arrivé prend la qualité d’amiral, & la retient pendant tout le tems de la pêche. Il porte le pavillon au grand mât, donne les ordres, assigne les places pour pêcher à ceux qui sont arrivés après lui, & regle leurs contestations. (Z)

* Amiral-tromp, amiral-frise, amiral-d’Angleterre, amiral-chrétien, castillian, trivermant, valier, resnet, &c. ce sont des noms que les Fleuristes ont donnés à différentes sortes d’œillets, selon les diverses couleurs de leurs feuilles. Voyez dans le Dictionnaire de Trevoux les différentes significations qu’il y faut attacher, & qu’il est assez inutile de rapporter ici.