Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 1.djvu/336

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

once ; des quatre grandes semences froides, des semences d’ache, de suc de citron préparé, de chacun deux gros ; d’opium thébaïque un gros ; de suc récent d’alkekenge, une quantité suffisante : faites-en selon l’art des trochisques.

* ALKERMES, s. m. ou graine d’écarlate. Cette graine se cueille en grande quantité dans la campagne de Montpellier. On la porte toute fraîche à la ville où on l’écrase ; on en tire le jus qu’on fait cuire, & c’est ce qu’on nomme le sirop alkermès de Montpellier. C’est donc une espece d’extrait d’alkermès, ou de rob qui doit être fait sans miel & sans sucre, pour être légitime. M. Fagon, premier Medecin de Louis XIV. fit voir que la graine d’écarlate qu’on croyoit être un végétal, doit être placée dans le genre des animaux. Voyez Graine d’Ecarlate.

Confection alkermès (Pharmacie.) La préparation de cette confection est ainsi ordonnée dans la Pharmacopée de la Faculté de Medecine de Paris.

Prenez du bois d’aloès, de canelle mise en poudre, de chacun six onces ; d’ambre gris, de pierre d’azur, de chacun deux gros ; de perles préparées, une demi-once ; d’or en feuille, un demi-gros ; de musc, un scrupule ; du sirop de meilleur kermes chauffé au bain-marie, & passé par le tamis, une livre : mêlez tous ces ingrédiens ensemble, & faites en selon l’art une confection.

Nota que cette confection peut se préparer aussi sans ambre & sans musc. La dose en est depuis un demi gros jusqu’à un gros. Bien des personnes préférent le suc de kermes à cette confection. Quant aux propriétés de cette confection, v. Kermes. (N)

ALKOOL, s. m. que quelques-uns écrivent alcohol ; c’est un terme d’Alchimie & de Chimie, qui est Arabe. Il signifie une matiere, quelle qu’elle soit, réduite en parties extrèmement fines ou rendues extrèmement subtiles ; ainsi on dit alkool de corail, pour dire du corail réduit en poudre fine, comme l’est la poudre à poudrer.

On dit alkool d’esprit-de-vin, pour faire entendre qu’on parle d’un esprit-de-vin rendu autant subtil qu’il est possible par des distillations réitérées. Je crois que c’est à l’occasion de l’esprit-de-vin, qu’on s’est servi d’abord de ce mot alkool ; & encore aujourd’hui ce n’est presque qu’en parlant de l’esprit-de-vin qu’on s’en sert : ce terme n’est point usité lorsqu’on parle des autres liqueurs. Voyez Esprit-de-vin.

ALKOOLISER, verbe act. signifie lorsqu’on parle des liqueurs, purifier & subtiliser autant qu’il est possible ; & lorsqu’il s’agit d’un corps solide, il signifie réduire en poudre impalpable : ce mot alkooliser vient originairement de l’Hebreu קלל, qui signifie être ou devenir léger : il est dérivé de l’Arabe קלל, qui signifie devenir menu, ou se subtiliser, & à la troisiéme conjugaison קאל, Kaal, diminuer ou rendre subtil ; on y a ajouté la particule al, comme qui diroit par excellence. C’est pourquoi on ne doit pas écrire alcohol, mais alkool, vû la racine de ce mot. (M)

ALLAITEMENT, s. m. lactatio, est l’action de donner à téter. Voyez Lait.

Ce mot s’employe aussi pour signifier le tems pendant lequel une mere s’acquitte de ce devoir. Voyez Sevrage. (L)

Allaiter ; v. a. nourrir de son lait : la nourrice qui l’a allaité : une chienne qui allaite ses petits. (L)

* ALLANCHES, ou ALANCHE, ville de France en Auvergne, au Duché de Mercœur, généralité de Riom. Long. 20. 40. lat. 45. 12.

* ALLANT, ville de France en Auvergne, généralité de Riom.

ALLANTOIDE, s. f. (Anatomie) membrane allantoïde en Anatomie, c’est une membrane qui environne le fœtus de différens animaux ; elle est continue avec l’ouraque, qui est un canal ouvert au

moyen duquel elle est remplie d’urine. Ce mot est dérivé du Grec ἀλλὰς, farcimen, boyau, & de εἶδος, forme, parce que dans plusieurs animaux la membrane allantoïde est de la forme d’une andouille ; tandis que dans d’autres elle est ronde.

La membrane allantoïde fait partie de l’arriere-faix ; on la conçoit comme un réservoir urinaire, placée entre le chorion & l’amnios, & qui reçoit par le nombril & l’ouraque l’urine qui vient de la vessie. Voyez Arriere-faix & Ouraque.

Les Anatomistes disputent si l’allantoïde se trouve dans l’homme.

Drelincourt, Professeur d’Anatomie à Leyde, dans une dissertation qu’il a composée exprès sur cette membrane, soûtient qu’elle est particuliere aux animaux qui ruminent. Voyez Ruminant.

Manget affirme qu’il l’a souvent vûe, & qu’elle contient une eau différente de celle de l’amnios. Munich écrit avoir démontré l’allantoïde dans un fœtus de quatre mois : Halé dit que l’allantoïde est plus délicate que l’amnios, qu’elle couvre seulement la partie du fœtus qui regarde le chorion. Voyez Transactions philosophiques, n°. 271.

Tyson, Keil, Cheselden, sont pour l’allantoïde : Albinus a trouvé dans un fœtus de sept semaines, un petit vaisseau qui peut passer pour l’ouraque, inséré dans une propre vésicule ovale, plus grande que la vessie urinaire séparée de l’amnios ; l’expérience ne s’est pas encore assez répétée pour constater ce fait. (L)

* ALLARME, terreur, effroi, frayeur, épouvante, crainte, peur, appréhension, termes qui désignent tous des mouvemens de l’ame, occasionnés par l’apparence ou par la vûe du danger. L’allarme naît de l’approche inattendue d’un danger apparent ou réel, qu’on croyoit d’abord éloigné : on dit l’allarme se répandit dans le camp : remettez-vous, c’est une fausse allarme.

La terreur naît de la présence d’un évenement ou d’un phénomene, que nous regardons comme le prognostic & l’avant-coureur d’une grande catastrophe ; la terreur suppose une vûe moins distincte du danger que l’allarme, & laisse plus de jeu à l’imagination, dont le prestige ordinaire est de grossir les objets. Aussi l’allarme fait-elle courir à la défense, & la terreur fait-elle jetter les armes : l’allarme semble encore plus intime que la terreur : les cris nous allarment ; les spectacles nous impriment de la terreur : on porte la terreur dans l’esprit, & l’allarme au cœur.

L’effroi & la terreur naissent l’un & l’autre d’un grand danger : mais la terreur peut être panique, & l’effroi ne l’est jamais. Il semble que l’effroi soit dans les organes, & que la terreur soit dans l’ame. La terreur a saisi les esprits ; les sens sont glacés d’effroi ; un prodige répand la terreur ; la tempête glace d’effroi.

La frayeur naît ordinairement d’un danger apparent & subit : vous m’avez fait frayeur : mais on peut être allarmé sur le compte d’un autre ; & la frayeur nous regarde toûjours en personne. Si l’on a dit à quelqu’un, le danger que vous alliez courir m’effrayoit, ou s’est mis alors à sa place. Vous m’avez effrayé, & vous m’avez fait frayeur, sont quelquefois des expressions bien différentes : la premiere peut s’entendre du danger que vous avez couru ; & la seconde du danger auquel je me suis cru exposé. La frayeur suppose un danger plus subit que l’effroi, plus voisin que l’allarme, moins grand que la terreur.

L’épouvante a son idée particuliere ; elle naît, je crois, de la vûe des difficultés à surmonter pour réussir, & de la vûe des suites terribles d’un mauvais succès. Son entreprise m’épouvante ; je crains son abord, & son arrivée me tient en appréhension. On craint un homme méchant ; on a peur d’une bête farouche : il faut craindre Dieu, mais il ne faut pas en avoir peur.