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de l’alkahest. On pourroit facilement avoir un or potable actuel & véritable, puisque l’alkahest change tout le corps de l’or en un sel qui conserve les vertus séminales de ce métal, & qui est en même tems soluble dans l’eau.

3°. Tout ce que dissout l’alkahest peut être volatilisé par un feu de sable ; & si après l’avoir volatilisé, on distille l’alkahest, le corps qui reste, est une eau pure & insipide, de même poids que le corps primitif, mais privée de ses vertus séminales. Par exemple, si l’on dissout de l’or par l’alkahest, le métal devient d’abord un sel qui est l’or potable : mais lorsqu’en donnant plus de feu, on distille le menstrue, il ne reste qu’une pure eau élémentaire, d’où il paroît que l’eau simple est le dernier produit ou effet de l’alkahest.

4°. L’alkahest n’éprouve aucun changement ni diminution de force en dissolvant les corps sur lesquels il agit ; c’est pourquoi il ne souffre aucune réaction de leur part, étant le seul menstrue inaltérable dans la nature.

5°. Il est incapable de mêlange, c’est pourquoi il est exemt de fermentation & de putréfaction ; en effet il sort aussi pur du corps qu’il a dissous, que lorsqu’il y a été appliqué, & ne laisse aucune impureté.

On peut dire que l’alkahest est un être de raison, c’est-à-dire, un être imaginaire, si on lui attribue toutes les propriétés dont nous venons de parler d’après les Alchimistes.

On ne doit pas dire que l’alkahest est les alkalis volatisés ou digérés dans les huiles, puisque Vanhelmont lui-même dit que si on ne peut pas atteindre à la préparation de l’alkahest, il faut volatiliser les alkalis, afin que par leur moyen on puisse faire les dissolutions. (M)

ALKALI, s. m. (Chimie.) signifie en général tout sel dont les effets sont différens & contraires à ceux des acides. Il ne faut pas pour cela dire que les alkalis sont d’une nature différente & opposée à celle des acides, puisqu’il est de l’essence saline des alkalis de contenir de l’acide, Voyez Acide.

Alkali est un mot arabe : les Arabes nomment kali une plante que les François connoissent sous le nom de soude ; on tire de la lessive des cendres de cette plante, un sel qui fermente avec les acides, & les émousse ; & parce que ce sel est celui de cette espece qui est le plus connu, on a donné le nom d’alkali à tous les sels qui fermentent avec les acides, & leur font perdre leur acidité.

Les propriétés de ces corps, par lesquelles on les considere comme alkalis, ne sont que des rapports de ces corps, comparés avec d’autres qui sont acides pour eux ; c’est pourquoi il y a des matieres qui sont alkalines pour quelques corps, & qui se trouvent acides pour d’autres.

Les alkalis sont ou fluides, comme est la liqueur de nitre fixé ; ou solides, comme la soude.

Les alkalis, tant les fluides, que les solides, sont ou fixes, comme sont le sel alkali de tartre, & la liqueur alkaline de tartre, qu’on nomme vulgairement huile de tartre par defaillance ; ou les alkalis sont volatils, comme sont le sel & l’esprit de corne de cerf.

On peut distinguer les alkalis fixes des alkalis volatils, en ce que les fixes font prendre au sublimé corrosif dissous dans de l’eau, ou à la dissolution de mercure faite par l’esprit de nitre, une couleur rouge orangée ; au lieu que les alkalis volatils donnent à ces dissolutions une couleur blanche laiteuse.

Pour savoir dans l’instant si une matiere est alkaline, on l’éprouve avec une teinture violette : par exemple, en les mêlant avec du sirop de violette, dissous dans l’eau, les alkalis, tant les fixes que les volatils, verdissent ces teintures violettes ; au lieu que les acides les rougissent.

Les alkalis ont la propriété de se fondre aisément au feu ; & plus un alkali est pur, plus aisément il s’y fond ; au contraire lorsqu’il contient de la terre, ou quelqu’autre matiere, il n’est pas facile à fondre.

Les alkalis s’humectent aussi fort aisément à l’air ; ils s’imbibent de son humidité lorsqu’ils ne sont pas exactement renfermés.

Ces trois genres de corps donnent des alkalis : le genre des animaux fournit beaucoup d’alkalis volatils, & presque point de fixes ; le genre des végétaux donne plus d’alkalis fixes que de volatils ; il y a beaucoup d’alkalis fixes du genre minéral, & presque point de volatils ; & même il n’y a pas long-tems qu’on sait qu’on peut tirer des alkalis volatils urineux du genre minéral ; V. les Mémoires de l’Académie Royale des Sciences, de l’année 1746. Analyse des eaux minérales de Plombieres, par M. Malouin.

Il y a un alkali fixe naturel qui est du genre minéral, tel qu’est le natrum ; cet alkali naturel est peu connu, & plus commun qu’on ne le croit ; c’est pourquoi on en trouve dans presque toutes les eaux minérales, parce qu’elles l’ont emporté des terres qu’elles ont traversées ; c’est pourquoi aussi on trouve dans la plûpart de ces eaux du sel de Glauber dont la base est un alkali de la nature du natrum. Enfin cet alkali naturel est la base du sel le plus commun par ses usages & par la quantité qu’on en trouve, savoir le sel gemme & le sel marin.

Quoiqu’on n’admette point communément d’alkali naturel dans le genre des végétaux, on conçoit cependant qu’il n’est pas impossible qu’ils en ayent tiré de la terre dont elles se nourrissent ; il est vrai que la plus grande partie de cet alkali naturel change de nature dans la plûpart des plantes.

Il y a encore moins d’alkali naturel dans les animaux, que dans les végétaux : cependant on en tire plus d’alkali, que des végétaux, parce que le feu peut alkaliser plus aisément les principes des animaux.

Les sels fixes des plantes sont des sels alkalis, qu’on en tire après les avoir brûlées & avoir lessivé leurs cendres : c’est pourquoi on appelle ces sels, sels lixiviels. On n’entend communément sous le nom de sels alkalis fixes, que les sels lixiviels des plantes.

Les sels naturels ou essentiels des plantes sont le plus souvent ou de la nature du nitre, ou de la nature du tartre, ou de la nature du sel commun ; desorte qu’en brûlant ces plantes, on fixe leurs sels par leur charbon, & ces sels sont aluns, ou de la nature de nitre fixe, ou de la nature de l’alkali du tartre, ou de la nature de l’alkali du sel commun, qui est une espece de soude, sçavoir le sel alkali proprement dit. Quelques plantes ont de tous ces sels ensemble.

La methode de Tachenius, pour faire les sels alkalis fixes, est de brûler les plantes en charbon avant que de les convertir tout-à-fait en cendres ; au lieu qu’en les brûlant à feu ouvert, par la façon ordinaire, elles tombent en cendres tout de suite. Les sels fixes, faits à la maniere de Tachenius, sont moins alkalis & plus huileux que les sels faits à l’ordinaire.

Ce qui reste dans la cornue après la distillation des plantes, diminue environ des deux tiers, lorsqu’on le calcine à feu ouvert. Cette partie qui s’évapore est une portion d’huile de la plante, qui ayant été saisie par la chaleur & combinée avec la partie terreuse & saline fixe de la plante, n’a pû en être séparée, par le feu clos & plus foible, dans la cornue.

Il entre dans la composition des sels alkalis fixes des plantes, une partie de leur huile, qui fait que ces sels ont quelque chose de doux au toucher. Le nitre fixe contient un peu de la partie grasse de la matiere inflammable avec laquelle on l’a fixé ; &