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tres personnes en général qui prenoient en main la défense d’un autre. Plusieurs villes ont eu aussi leurs Advoüés. On trouve dans l’Histoire les Advoués d’Ausbourg, d’Arras, &c.

Les Vidames prenoient aussi la qualité d’Advoüés ; & c’est ce qui fait que plusieurs Historiens du VIII. siecle confondent ces deux qualités. Voyez Vidame.

Et c’est aussi pourquoi plusieurs grands Seigneurs d’Allemagne, quoique séculiers, portent des mitres en cimier sur leur écu, parce que leurs peres ont porté la qualité d’Advoüés de grandes Eglises. Voyez Mitre & Cimier.

Spelman distingue deux sortes d’Advoüés ecclésiastiques en Angleterre : les uns pour les causes ou procès, qu’il appelle Advocati causarum ; & les autres pour l’administration des domaines, qu’il appelle Advocati soli.

Les premiers étoient nommés par le Roi, & étoient ordinairement des Advocats de profession, intelligens dans les matieres ecclésiastiques.

Les autres qui subsistent encore, & qu’on appelle quelquefois de leur nom primitif Advoüés, mais plus souvent Patrons, étoient & sont encore héréditaires, étant ceux-mêmes qui avoient fondé des Eglises, ou leurs héritiers. Voyez Patrons.

Il y a eu aussi des femmes qui ont porté la qualité d’Advoüées, Advocatissæ ; & en effet le Droit canonique fait mention de quelques-unes qui avoient même droit de présentation dans leurs Eglises que les Advoüés ; & même encore à présent, si le droit de Patronage leur est transmis par succession, elles l’exercent comme les mâles.

Dans un Edit d’Edouard III. Roi d’Angleterre, on trouve le terme d’Advoüé en chef, c’est-à-dire, Patron souverain qui s’entend du Roi, qualité qu’il prend encore à présent, comme le Roi de France la prend dans ses Etats.

Il y a eu aussi des Advoüés de contrées & de provinces. Dans une chartre de 1187, Berthold Duc de Zeringhem est appellé Advoüé de Thuringe ; & dans la notice des Eglises Belgiques publiée par Miræus, le Comte de Louvain est qualifié Advoüé de Brabant. Dans l’onzieme & douzieme siecle, on trouve aussi des Advoüés d’Alsace, de Souabe, &c.

Raymond d’Agiles rapporte qu’après qu’on eut repris Jérusalem sur les Sarrasins, sur la proposition qu’on fit d’élire un Roi, les Evêques soûtinrent, « qu’on ne devoit pas créer un Roi pour une ville où un Dieu avoit souffert & avoit été couronné », non debere ibi eligi Regem ubi Deus & coronatus est, &c. « que c’étoit assez d’élire un Advoüé pour gouverner la Place, &c. ». Et en effet, Dodechin, Abbé Allemand, qui a écrit le voyage à la Terre-sainte du XII. siecle, appelle Godefroy de Bouillon, Advoüé du saint Sépulchre. (H)

ADVOUERIE. s. f. (Jurisprud.) qualité d’Advoüé. Voyez Advoué.

Advouerie signifie entr’autres choses le droit de présenter à un Bénéfice vacant. Voyez Présentation.

En ce sens, il est synonyme à patronage. Voyez Patronage.

La raison pourquoi on a donné au patronage le nom d’advoüerie, c’est qu’anciennement ceux qui avoient droit de présenter à une Eglise, en étoient les Protecteurs & les Bienfaiteurs, ce qu’on exprimoit par le mot Advoüés, Advocati.

Advoüerie pris pour synonyme à patronage, est le droit qu’a un Evêque, un Doyen, ou un Chapitre, ou un Patron laïque, de présenter qui ils veulent à un Bénéfice vacant. V. Vacance & Bénéfice, &c.

L’advoüerie est de deux sortes ; ou personnelle, ou réelle ; personnelle, quand elle suit la personne & est transmissible à ses enfans & à sa famille, sans être an-

nexée à aucun fonds ; réelle, quand elle est attachée à

la glebe & à un certain héritage.

On acquiert l’advoüerie ou patronage, en bâtissant une Eglise, ou en la dotant.

Lorsque c’est un laïque qui la bâtit ou la dote, elle est en patronage laïque. Si c’est un Ecclésiastique, il faut encore distinguer ; car s’il l’a fondée ou dotée de son propre patrimoine, c’est un patronage laïque : mais si c’est du bien de l’Eglise qu’elle a été fondée, c’est un patronage ecclésiastique.

Si la famille du fondateur est éteinte, le patronage en appartient au Roi, comme Patron de tous les Bénéfices de ses Etats, si ce n’est les Cures, & autres Bénéfices à charge d’ames qui tombent dans la nomination de l’Ordinaire.

Si le Patron est retranché de l’Eglise, ou par l’excommunication, ou par l’hérésie, le patronage dort & n’est pas perdu pour le Patron, qui recommencera à en exercer les droits dès qu’il sera rentré dans le sein de l’Eglise. En attendant, c’est le Roi ou l’Ordinaire qui pourvoient aux Bénéfices vacans à sa présentation. Voyez Patron.

ADUSTE, adj. en Medecine, s’applique aux humeurs qui, pour avoir été long-tems échauffées, sont devenues comme brûlées. (Ce mot vient du Latin adustus, brûlé). On met la bile au rang de ces humeurs adustes ; & la mélancholie n’est à ce que l’on croit qu’une bile noire & aduste. Voyez Bile, Mélancholie, &c.

On dit que le sang est aduste, lorsqu’ayant été extraordinairement échauffé, ses parties les plus subtiles se sont dissipées, & n’ont laissé que les plus grossieres à demi brûlées pour ainsi dire, & avec toutes leurs impuretés : la chaleur raréfiant le sang, ses parties aqueuses & séreuses s’atténuent & s’envolent, & il ne reste que la partie fibreuse avec la globuleuse, concentrée & dépouillée de son véhicule ; c’est alors que se forme tantôt cette couenne, tantôt ce rouge brillant que l’on remarque au sang qui est dans une palette. Cet état des humeurs se rencontre dans les fievres & les inflammations, & demande par conséquent que l’on ôte la cause en restituant au sang le véhicule dont il a besoin pour circuler. Le remede le plus efficace alors est l’usage des délayans ou aqueux, tempérés par les adoucissans. Voyez Sang & Humeur, &c. (N)

* ADY. Voyez Palmier.

ADYTUM, s. ἀδύτον, (Hist. anc.) terme dont les Anciens se servoient pour désigner un endroit au fond de leurs Temples, où il n’étoit permis qu’aux Prêtres d’entrer ; c’étoit le lieu d’où partoient les Oracles.

Ce mot est Grec d’origine, & signifie inaccessible : il est composé d’ privatif & de δύω ou δύνω, entrer.

Parmi les Juifs, le tabernacle où reposoit l’Arche d’Alliance, & dans le Temple de Salomon le Saint des Saints, étoient les lieux où Dieu manifestoit particulierement sa volonté : il n’étoit permis qu’au Grand-Prêtre d’y entrer, & cela une seule fois l’année. (G)

Æ   A E

Æ. (Gramm.) Cette figure n’est aujourd’hui qu’une diphthongue aux yeux, parce que quoiqu’elle soit composée de a & de e, on ne lui donne dans la prononciation que le son de l’e simple ou commun, & même on ne l’a pas conservée dans l’orthographe Françoise : ainsi on écrit César, Enée, Enéide, Equateur, Equinoxe, Eole, Préfet, Préposition, &c.

Comme on ne fait point entendre dans la prononciation le son de l’a & de l’e en une seule syllabe, on ne doit pas dire que cette figure soit une diphthongue.

On prononce a-éré, exposé à l’air, & de même