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en action et travaillant à l’ouvrage le plus important de son art.

5o On a recueilli et défini le plus exactement qu’il a été possible les termes propres de l’art.

Mais le peu d’habitude qu’on a et d’écrire et de lire les écrits sur les arts rend les choses difficiles à expliquer d’une manière intelligible. De là naît le besoin des figures. On pourrait démontrer par mille exemples qu’un dictionnaire pur et simple de langue, quelque bien qu’il soit fait, ne peut se passer de figures, sans tomber dans des définitions obscures ou vagues. Combien donc, à plus forte raison, ce secours ne nous était-il pas nécessaire ? Un coup d’œil sur l’objet ou sur sa représentation en dit plus qu’une page de discours.

On a envoyé des dessinateurs dans les ateliers. On a pris l’esquisse des machines et des outils. On n’a rien omis de ce qui pouvait les montrer distinctement aux yeux. Dans le cas où une machine mérite des détails par l’importance de son usage et par la multitude de ses parties, on a passé du simple au composé. On a commencé par assembler, dans une première figure, autant d’éléments qu’on en pouvait apercevoir sans confusion. Dans une seconde figure, on voit les mêmes éléments, avec quelques autres. C’est ainsi qu’on a formé successivement la machine la plus compliquée, sans aucun embarras ni pour l’esprit ni pour les yeux. Il faut quelquefois remonter de la connaissance de l’ouvrage à celle de la machine ; et d’autres fois descendre de la connaissance de la machine à celle de l’ouvrage. On trouvera à l’article Art des réflexions philosophiques sur les avantages de ces méthodes et sur les occasions où il est à propos de préférer l’une à l’autre.

Il y a des notions qui sont communes à presque tous les hommes, et qu’ils ont dans l’esprit avec plus de clarté qu’elles n’en peuvent recevoir du discours. Il y a aussi des objets si familiers, qu’il serait ridicule d’en faire des figures. Les arts en offrent d’autres si composés, qu’on les représenterait inutilement : dans les deux premiers cas, nous avons supposé que le lecteur n’était pas entièrement dénué de bon sens et d’expérience ; et dans le dernier, nous renvoyons à l’objet même. Il est en tout un juste milieu, et nous avons tâché de ne le pas