Page:Dictionnaire pratique et historique de la musique.pdf/222

Cette page a été validée par deux contributeurs.

le mode de construction de leurs tuyaux, qui parlent à l’aide d’une bouche formée d’une lèvre supérieure faisant biseau, contre laquelle le vent vient se heurter, et d’une lèvre inférieure qui lui livre passage et le conduit du pied du tuyau à son extrémité supérieure ; la longueur des tuyaux détermine leur classement, J. de 32, de 16, de 8 ou de 4 pieds et le mode d’échappement de l’air les fait séparer en J. ouverts et J. bouchés ; les J. à bouche sont également appelés J. de flûtes, la forme de leur bouche étant analogue à celle des anciennes flûtes à bec ; les tailles, ou diamètres, des tuyaux, établissent dans les mêmes J. d’autres catégories, notamment des J. de gambe, à laquelle s’apparente le salicional, la dulciana, le cor de chamois, tous flûtes ouvertes de « menue taille » ou de « fine taille ». Les J. à anche, ou J. d’anche tirent également leur nom du mode de production du son, qui est produit par l’ébranlement d’une languette ou anche, battante ou libre, sous le passage du vent. La sonorité des J. d’anche est brillante, souvent mordante ou bruyante. À la série des J. à anche battante appartiennent les J. de basson, bombarde, clairon, cromorne, hautbois, musette, trombone, trompette, dont les timbres imitent plus ou moins exactement celui des instruments d’orchestre dont ils portent les noms ; les J. de clarinette, cor anglais, euphone, sont à anches libres. Les J. harmoniques sont construits de façon à produire, au lieu du son fondamental correspondant à leur longueur de tuyau, un des sons harmoniques supérieurs. Le principe en était connu dès la fin du xvie s., et appliqué, au temps de Dom Bedos (1766) au J. dit de basse de viole, mais on se bornait à faire octavier le tuyau et à produire le premier son de la série des harmoniques ; l’utilisation des harmoniques suivants est due à Cavaillé-Coll. Les J. de mutation donnent d’autres sons que celui de la note touchée. On distingue les J. de mutation simples, qui sonnent à une distance voulue du son fondamental, et dont les plus connus sont le Nasard, la Tierce, le Larigot, et les J. de mutation composés, qui comprennent de 4 à 7 rangées de tuyaux et font entendre à la fois toute une série de sons harmoniques, et qui portent les noms de Cornet, Cymbale, Fourniture. Quelques accessoires s’ajoutent à ce classement général : par un système d’accord produisant des battements, on obtient les effets de tremblement ou de vibrato qui caractérisent les J. dits voix céleste ou unda maris ; le J. de carillon est formé par une série de clochettes ou de barres de métal que percutent des marteaux ; quelques orgues anciennes présentent des J. de timbales frappés par une figure mécanique ; les J. d’oiseaux, appelés avicinium, merula, rossignol, et les J. d’orage ou de tonnerre procurent des effets imitatifs qui formaient autrefois, pour certains touristes, le principal attrait du fameux orgue de Fribourg. — La Registration, qui est l’art d’employer et de mélanger les divers J., n’est pas l’un des aspects les moins importants du talent de l’organiste. On en indique les traits essentiels, dans les éditions modernes de musique d’orgue, au moyen d’abréviations représentant les noms des J. que l’on dispose en tête ou dans le courant d’un morceau. (V. aussi Orgue et Plein-jeu.)

Jeu liturgique. Voy. Mystère.

Jeu-parti, n. m. Chez les troubadours et les trouvères du moyen âge, pièce de poésie chantée ou récitée, divisée en couplets dont le premier énonce le sujet, qui est ensuite discuté dans les couplets suivants, par deux ou plusieurs interlocuteurs. La mélodie d’un jeu-parti, est toujours en forme de chanson, ou de « chant couronné ».

Jongleur, n. m. avec jongleresse, n. f., du lat. joculator, anc. fr. juglor, nom donné au moyen âge aux chanteurs, mimes, et joueurs d’instruments nomades qui précédèrent les ménestrels. Une division assez nette apparaît au xe s., entre les J. ordinaires, histrions de bas étage, à maintes reprises poursuivis par les condamnations de l’Église, et les J. de gestes, interprètes des chansons de gestes et des œuvres des troubadours, qui trouvaient au contraire accueil et protection dans les châteaux et les monastères. Une confrérie de J. qui existait à Fécamp dans le xie s., avait été autorisée par les abbés de ce monastère. Rutebeuf, faisant parler un J., lui attribue l’art de jouer de la vièle, de la harpe, de la flûte, de la cornemuse et de la gigue. Il y avait à Paris en 1292, une « rue aux jugléeurs » dans laquelle demeuraient plusieurs musiciens. Dans le siècle suivant, ce terme, décrié, ne désignait plus que des saltimbanques, et celui de ménestrier le remplaçait pour qualifier les musiciens.

Jota, n. f. esp. Danse populaire en Espagne et surtout dans la province d’Aragon, dont le rythme traditionnel est marqué par deux joueurs de castagnettes :