l’arrestation d’Egmont à l’angoisse de Claire. Parmi les très nombreuses partitions de l’époque moderne, qui ont une destination analogue, les E. sont souvent des pièces symphoniques d’un grand intérêt descriptif ou dramatique, dont on a formé des suites pour le concert. (Voy. Musique de scène.) Sur le théâtre lyrique, la composition d’E. séparés est assez rare. Le plus souvent, les actes d’un opéra ne sont précédés que de quelques mesures servant de ritournelle au premier morceau. Il était d’usage à l’Opéra de Paris, pendant le xviiie s., de reprendre en guise d’E., un des airs de ballet de l’acte précédent : mais cette coutume n’était pas approuvée par tout le monde, et, en 1774, un journaliste louait Floquet d’avoir, à l’instar de Gluck, laissé reposer l’orchestre dans l’intervalle des actes. Beethoven n’ayant pas écrit d’E. pour Fidelio, on imagina de remplacer le morceau manquant par l’exécution de la principale des ouvertures de Léonore. Cette manière d’agir fut appliquée au Benvenuto Cellini de Berlioz (1838), dans lequel on introduisit l’Ouverture du Carnaval romain. Parmi les E. d’opéra les plus vantés, figurent celui de Mignon, d’Ambroise Thomas (1866), agréable « morceau de genre » que l’on vit « sur tous les pianos », et celui de Cavalleria rusticana, de Mascagni (1890), qui dut une part de son succès au fait, réputé nouveau, d’être joué à rideau ouvert. Les drames musicaux de Wagner ne contiennent pas d’E. proprement dits, mais le 3e acte de Lohengrin et le 3e acte des Maîtres chanteurs sont précédés d’introductions, que l’on détache pour les exécuter dans les concerts symphoniques.
Entrée, n. f. Mouvement d’une voix ou d’une partie instrumentale qui vient se mêler à l’ensemble. || Moment où apparaît un thème, dans le commencement ou dans le courant d’un morceau. || E. de ballet, et primitivement entremets, partie d’un spectacle chorégraphique formant un tout par elle-même. Dans les opéras-ballets et les spectacles de Fragments, qui se jouaient au xviiie s., les E. portaient des titres particuliers et pouvaient se représenter isolément. Les Éléments, de Lalande et Destouches (1725), comprenaient quatre E. et un prologue, Les Fêtes d’Hébé, de Rameau (1739), trois E. et un prologue. Encore en 1773, L’Union de l’Amour et des Arts, de Floquet, recevait le titre de « ballet héroïque en trois E. ».
Éolien. Nom de l’un des modes de la musique antique, donné au 2e mode du plain-chant, mode de la, dit aussi « ton hypodorien » (Voy. Mode.)
Éolienne, n. f. Jeu d’orgues à bouche de la famille des jeux de gambe, à tuyaux d’un diamètre étroit, soit de bois, soit de métal, et à sonorité douce. Les amateurs d’effets chevrotants l’associent au jeu de voix humaine. || Voy. Harpe É.
Éolipyle. Voy. Vapeur.
Epidiapente, loc. formée de la prép. grecque epi = au-dessus, et du nom grec de l’intervalle de quinte, et désignant, chez les auteurs du moyen âge et de la Renaissance, la quinte supérieure ; un canon in epidiapente est un canon à la quinte.
Epidiatessaron, loc. de même origine et de même emploi, relativement à la quarte, que le mot epidiapente, relativement à la quinte.
Épinette, n. f. 1. Instrument à
cordes pincées et à clavier, caractérisé
par sa forme, qui était celle d’un
pentagone irrégulier, avec le clavier
placé parallèlement à la plus grande
longueur de la caisse, qui atteignait
d’ordinaire 1 m. 60 à 1 m. 70. L’É. se
faisait généralement sans pieds et se
posait sur une table. Les cordes, qui
étaient simples et en nombre égal à
celui des touches, étaient griffées en
dessous par une languette armée d’un
bec de plume de corbeau taillé en
triangle, qui obéissait par le mécanisme
d’un sautereau à la pression du
doigt sur la touche formant levier.
Épinette (xviie s.).
Cet instrument
devait
son
nom au facteur
Giovanni
Spinetti
qui en
était l’inventeur
ou
l’un des
premiers
fabricants
et qui vivait
à Venise
à la
fin du xve s.
Les exemplaires d’É. qui subsistent
aujourd’hui dans les musées sont
presque tous de fabrication italienne ;
le plus ancien, signé par Pasi,
de Modène, est daté de 1490. Leur
étendue variait de trois octaves et une
quinte à quatre octaves, à partir généralement
du mi au-dessous de la portée,
en clef de fa. Mersenne (1636)