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de Medjdel Yaba, traverse la plaine, et va se joindre aux eaux de Ras el-Aïn pour former le Nahr el-Audjéh. Cf. Revue biblique, Paris, 1893, p. 621. Déjà Mgr Mislin, Les Saints Lieux, Paris, 1876, t. II, p. 137, avait donné le Nahr Ugéh (el-Audjéh), qui se jette dans la mer à une lieue au nord de Jaffa, comme étant le torrent de Gaas de l'Écriture, et comme formant la limite entre la Samarie et la Judée. Voir Gaas 1.

GABA (hébreu : Géba' ; omis dans les Septante), ville dé Palestine, mentionnée entre Machmas et Rama. Is., x, 29. Voir Gabaa 2.

GABAA (hébreu : Géba’, Gâba’, Gib’âh ; Septante : Γαϐαά, Γαϐαέ, Γαϐεέ), nom de plusieurs villes de Palestine. L’hébreu Géba', Gib'âh, indique « la colline », ainsi distinguée de « la montagne », har ; c’est le rapport du tell arabe avec le djébel. Aussi, dans les Septante, trouve-t-on plus d’une fois βουνός, là où la Vulgate a mis Gabaa. Ce mot a été appliqué comme nom propre à plusieurs des sommets arrondis qui dominent les hauts plateaux de Juda, principalement dans les environs de Jérusalem. Cf. Stanley, Sinai and Palestine, Londres, 1866, p. 497.

1. GABAA (hébreu : Gib'âh ; Septante : Γαϐαά), ville de la tribu de Juda. Jos., xv, 57. Elle fait partie du troisième groupe de « la montagne », où elle est citée entre Accain et Thamna. L’ensemble des villes qui composent ce groupe en fixe parfaitement la position au sud d’Hébron : Maon (Khirbet Ma’in), Carmel (El-Kurmul), Ziph (Tell ez-Zîf), Jota (Yutta), Accain (Kirbet Yaqîn). Voir la carte de la tribu de Juda. On ne trouve dans ce district aucun nom qui réponde à celui de Gabaa ; mais plus haut, au sud-ouest de Bethléhem, on rencontre un village, Djébâ'a, qui reproduit exactement la dénomination hébraïque. Situé sur le sommet d’une éminence, il ne renferme guère qu’une centaine d’habitants ; mais il contient plusieurs maisons qui paraissent fort anciennes. Quelques cavernes artificielles, deux citernes et un tombeau creusé dans le roc appartiennent sans conteste, d’après V. Guérin, Judée, t. iii, p. 382, à la cité judaïque, peut-être même chananéenne, dont le village actuel occupe remplacement et dont il a conservé le nom. Pour le savant auteur, en effet, Djéba’a paraît être l’antique cité de Juda dont nous parlons. Telle est aussi l’opinion de Robinson, Biblical researches in Palestine, Londres, 1856, t. ii, p. 6, 16, et des explorateurs anglais, Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 18811883, t. iii, p. 25 ; G. Armstrong, W. Wilson et Conder, Names and places in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 70. D’après Robinson et le Survey, la même localité représenterait aussi la Gabatha, d’Eusèbe et de saint Jérôme, Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 128, 246, donnée comme étant à douze milles (près de dix-sept kilomètres) d’Eleuthéropolis (aujourd’hui Beit-Djibrin) et comme renfermant le tombeau du prophète Habacuc. Cette dernière identification est admissible ; mais nous doutons fort de la première. Malgré le rapprochement onomastique, d’une incontestable exactitude, entre Djeba’a et Gib’âh, il manque ici un point d’appui très important, le groupement méthodique suivi par Josué dans la description géographique des tribus, facile à saisir surtout dans la tribu de Juda. Voir Juda. Le premier livre des Paralipomènes, ii, 49, attribue à Sué la fondation ou la principauté de Gabaa (hébreu :

Gib’â’ ; Septante : Codex Vaticanus, Γαιϐάλ ; Codex Alexandrinus, Γαιϐαά).

A. Legendre.

2. GABAA (hébreu : Gâba’, Jos., xviii, 24 ; I Reg., xjv, 5 ; I Esd., ii, 26 ; II Esd., vii, 30 ; xi, 31 ; Géba’, Jos., xxi, 17 ; I Reg., xiii, 3 ; II Reg., v, 25 ; IV Reg., xxiii, S ; I Par., ti, 60 ; viii, 6 ; II Par., xvi, 6 ; U Esd., xii, 29 ; Is., x, 29 ; Zach., xiv, 10 ; Septante : Γαϐαά, Jos., xviii, 24 ; I Esd., ii, 26 ; II Esd., vii, 30 ; xi, 31 ; Γαϐαί, I Reg., xiv, 5 ; II Par., xvi, 6 ; Faêat, I Par., vi, 60 ; Taëeé, I Par., viii, 6 ; Γαϐεέ, Zach., xiv, 10 ; Codex Vaticanus, Γάθέθ ; Codex Alexandrinus, Γαϐεέ, Jos., xxi, 17 ; Cod. Vat. Γαιϐάλ, Cod. Alex., r « 8adt, IV Reg., xxiii, 8 ; TaBaùv, II Reg., v, 25 ; pouv<5ç, I Reg., xiii, 3 ; Vulgate : Gabaa, I Reg., xiii, 3 ; xiv, 5 ; II Reg., v, 25 ; IV Reg., xxiii, 8 ; I Par., viii, 6 ; II Par., xvi, 6 ; Gabaé, Jos., xxi, 17 ; Goba, Is., x, 29 ; Gobée, Jos., xviii, 24 ; I Par., VI, 60 ; Géba, II Esd., vii, 30 ; xi, 31 ; XII, 29 ; collis, Zach., xiv, 10), ville de la tribu de Benjamin, mentionnée entre Ophni (probablement Djifnéh) et Gabaon (Elr-Djib). Jos., xviii, 24. Elle fut, avec ses faubourgs, attribuée aux prêtres en même temps que Gabaon, Anathoth ('Anâta) et Almath ou Almon (Khirbet 'Almit). Jos, , xxi, 17-18 ; I Par., vi, 60. Elle est citée avec Rama (Er-Râm) et Machmas (Mukhmas). I Esd., ii, 26 ; II Esd., vn, 30 ; xi, 31. Le récit de I Reg., xiv, 4, 5, nous montre qu’elle était au sud de Machmas ; c’est ce qui ressort également du tableau idéal dans lequel Isaïe, x, 28-32, contemple la marche des Assyriens contre Jérusalem. Laissant, pour être plus libres, leurs bagages à Machmas, ceux-ci « passent le défilé » (d’après l’hébreu), c’est-à-dire l’ouadi es-Suéïnit, gorge profonde et abrupte, creusée entre les rochers au sud de Machmas ; puis ils se disent : « Que Géba soit notre quartier pour la nuit ! » s’encourageant ainsi, au milieu de ces difficultés, par la perspective du repos qui les attend dans la belle et fertile Djéba', au sud-ouest. À la nouvelle de l’approche des ennemis, les villes situées sur leur passage sont saisies d’effroi, Rama, Gabaath de Saùl, etc. Tous ces détails réunis fixent d’une façon certaine la position de Gabaa au village actuel de Djéba', au nord-nord-est de Jérusalem. Voir Benjamin 4, tribu et carte, 1. 1, col. 1589. Aux indications précises fournies par l'Écriture se joint ici l’exacte identité des noms : צבא, Géba', p - >-, Djéba'.

Sur le changement du ג, ghimel, en פ, djim, cf. G. Kampffmeyer, Alte Namen im heutigen Palastina und Syrien, dans la Zeitschrift des Deutschen Palàstina-Vereins, Leipzig, t. xv, 1892, p. 18 ; t. xvi, 1893, p. 28.

Le village de Djéba' couronne la montagne sur les flancs rocheux de laquelle serpente un sentier très raide, pratiqué, sur plusieurs points, en escalier, et qui monte de l’ouadi Souéïnit. Il compte actuellement à peine deux cents âmes. « Beaucoup de maisons sont renversées ; une trentaine seulement sont maintenant debout. Sur le point culminant du plateau où elles s'élèvent, on observe un petit fort ou bordj, dont les assises inférieures sont, sinon antiques, du moins composées de pierres de taille qui le sont. Çà et là des citernes et des caveaux creusés dans le roc datent évidemment de l’antiquité. Il en est de même d’un mur d’enceinte en gros blocs rectangulaires, dont quelques vestiges sont encore reconnaissables. » V. Guérin, Judée, t. iii, p. 68. Cf. Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1881-1883, t. iii, p. 9, 94.

La position de Gabaa lui donna une importance qui fait tout le fond de son histoire dans les quelques passages où elle est citée. À l'époque des luttes entre Saül et les Philistins, ceux-ci, qui avaient pénétré jusqu’au cœur du pays, avaient, pour le maintenir dans la soumission, établi une garnison à Gabaa. Par un heureux coup de main, qui fut le signal de la guerre d’indépendance, Jonathas la repoussa. I Reg., xiii, 3. David, lui aussi, battit un jour les Philistins et les poursuivit depuis Gabaa jusqu'à Gézer (Tell Djézer). II Reg., v, 25. (Les Septante ont mis ici Gabaon, de même que la Vulgate dans le passage parallèle de I Par., xiv, 16.) Après le schisme, cette ville semble avoir marqué la frontière septentrionale du royaume de Juda. Il est dit, en effet,