Dictionnaire de la Bible/Gabaa

(Volume IIIp. 3-4-13-14).
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GABAA

GABAA (hébreu : Gébaʿ, Gâbaʿ, Gibʿâh ; Septante : Γαϐαά, Γαϐαέ, Γαϐεέ), nom de plusieurs villes de Palestine. L’hébreu Gébaʿ, Gibʿâh, indique « la colline », ainsi distinguée de « la montagne », har ; c’est le rapport du tell arabe avec le djébel. Aussi, dans les Septante, trouve-t-on plus d’une fois βουνός, là où la Vulgate a mis Gabaa. Ce mot a été appliqué comme nom propre à plusieurs des sommets arrondis qui dominent les hauts plateaux de Juda, principalement dans les environs de Jérusalem. Cf. Stanley, Sinai and Palestine, Londres, 1866, p. 497.

  1. gabaa, ville de la tribu de Juda.
  2. gabaa, ville de la tribu de Benjamin.
  3. gabaa, ville de la tribu de Benjamin.
  4. gabaa de benjamin.
  5. gabaa de saül.
  6. gabaa, lieu où se trouvait la maison d’Abinadab.
  7. gabaa, pays dans lequel vint Holopherne.
  8. gabaa hachila.


1. gabaa (hébreu : Gibʿâh ; Septante : Γαϐαά), ville de la tribu de Juda. Jos., xv, 57. Elle fait partie du troisième groupe de « la montagne », où elle est citée entre Accain et Thamna. L’ensemble des villes qui composent ce groupe en fixe parfaitement la position au sud d’Hébron : Maon (Khirbet Ma‘in), Carmel (El-Kurmul), Ziph (Tell ez-Zîf), Jota (Yutta), Accain (Kirbet Yaqîn). Voir la carte de la tribu de Juda. On ne trouve dans ce district aucun nom qui réponde à celui de Gabaa ; mais plus haut, au sud-ouest de Bethléhem, on rencontre un village, Djébâ‘a, qui reproduit exactement la dénomination hébraïque. Situé sur le sommet d’une éminence, il ne renferme guère qu’une centaine d’habitants ; mais il contient plusieurs maisons qui paraissent fort anciennes. Quelques cavernes artificielles, deux citernes et un tombeau creusé dans le roc appartiennent sans conteste, d’après V. Guérin, Judée, t. iii, p. 382, à la cité judaïque, peut-être même chananéenne, dont le village actuel occupe l’emplacement et dont il a conservé le nom. Pour le savant auteur, en effet, Djéba‘a paraît être l’antique cité de Juda dont nous parlons. Telle est aussi l’opinion de Robinson, Biblical researches in Palestine, Londres, 1856, t. ii, p. 6, 16, et des explorateurs anglais, Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1881-1883, t. iii, p. 25 ; G. Armstrong, W. Wilson et Conder, Names and places in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 70. D’après Robinson et le Survey, la même localité représenterait aussi la Gabatha, d’Eusèbe et de saint Jérôme, Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 128, 246, donnée comme étant à douze milles (près de dix-sept kilomètres) d’Éleuthéropolis (aujourd’hui Beit-Djibrîn) et comme renfermant le tombeau du prophète Habacuc. Cette dernière identification est admissible ; mais nous doutons fort de la première. Malgré le rapprochement onomastique, d’une incontestable exactitude, entre Djéba‘a et Gib‘âh, il manque ici un point d’appui très important, le groupement méthodique suivi par Josué dans la description géographique des tribus, facile à saisir surtout dans la tribu de Juda. Voir Juda. Le premier livre des Paralipomènes, ii, 49, attribue à Sué la fondation ou la principauté de Gabaa (hébreu : Gib‘â’ ; Septante : Codex Vaticanus, Γαιϐάλ ; Codex Alexandrinus, Γαιϐαά).

2. gabaa (hébreu : Gâbâ‘, Jos., xviii, 24 ; I Reg., xiv, 5 ; I Esd., ii, 26 ; II Esd., vii, 30 ; xi, 31 ; Gébâ‘, Jos., xxi, 17 ; I Reg., xiii, 3 ; II Reg., v, 25 ; IV Reg., xxiii, 8 ; I Par., vi, 60 ; viii, 6 ; II Par., xvi, 6 ; II Esd., xii, 29 ; Is., x, 29 ; Zach., xiv, 10 ; Septante : Γαϐαά, Jos., xviii, 24 ; I Esd., ii, 26 ; II Esd., vii, 30 ; xi, 31 ; Γαϐαέ, I Reg., xiv, 5 ; II Par., xvi, 6 ; Γαϐαί, I Par., vi, 60 ; Γαϐεέ, I Par., viii, 6 ; Γαϐέ, Zach., xiv, 10 ; Codex Vaticanus, Γάθέθ ; Codex Alexandrinus, Γαϐέε, Jos., xxi, 17 ; Cod. Vat. Γαιϐάλ, Cod. Alex., Γαϐαά, IV Reg., xxiii, 8 ; Γαϐαών, II Reg., v, 25 ; βoυνός, I Reg., xiii, 3 ; Vulgate : Gabaa, I Reg., xiii, 3 ; xiv, 5 ; II Reg., v, 25 ; IV Reg., xxiii, 8 ; I Par., viii, 6 ; II Par., xvi, 6 ; Gabaé, Jos., xxi, 17 ; Gaba, Is., x, 29 ; Gabée, Jos., xviii, 24 ; I Par., vi, 60 ; Geba, II Esd., vii, 30 ; xi, 31 ; xii, 29 ; collis, Zach., xiv, 10), ville de la tribu de Benjamin, mentionnée entre Ophni (probablement Djifnéh) et Gabaon (El-Djîb). Jos., xviii, 24. Elle fut, avec ses faubourgs, attribuée aux prêtres en même temps que Gabaon, Anathoth (ʿAnâta) et Almath ou Almon (Khirbet ʿAlmît). Jos., xxi, 17-18 ; I Par., vi, 60. Elle est citée avec Rama (Er-Râm) et Machmas (Mukhmas). I Esd., ii, 26 ; II Esd., vii, 30 ; xi, 31. Le récit de I Reg., xiv, 4, 5, nous montre qu’elle était au sud de Machmas ; c’est ce qui ressort également du tableau idéal dans lequel Isaïe, x, 28-32, contemple la marche des Assyriens contre Jérusalem. Laissant, pour être plus libres, leurs bagages à Machmas, ceux-ci « passent le défilé » (d’après l’hébreu), c’est-à-dire l’ouadi es-Suéïnit, gorge profonde et abrupte, creusée entre les rochers au sud de Machmas ; puis ils se disent : « Que Géba soit notre quartier pour la nuit ! » s’encourageant ainsi, au milieu de ces difficultés, par la perspective du repos qui les attend dans la belle et fertile Djébaʿ, au sud-ouest. À la nouvelle de l’approche des ennemis, les villes situées sur leur passage sont saisies d’effroi, Rama, Gabaath de Saül, etc. Tous ces détails réunis fixent d’une façon certaine la position de Gabaa au village actuel de Djébaʿ, au nord-nord-est de Jérusalem. Voir Benjamin 4, tribu et carte, t. i, col. 1589. Aux indications précises fournies par l’Écriture se joint ici l’exacte identité des noms : צבא, Gébâ‘, جبع, Djébaʿ.

Sur le changement du ג, ghimel, en ج, djim, cf. G. Kampffmeyer, Alte Namen im heutigen Palästina und Syrien, dans la Zeitschrift des Deutschen Palästina-Vereins, Leipzig, t. xv, 1892, p. 18 ; t. xvi, 1893, p. 28.

Le village de Djébaʿ couronne la montagne sur les flancs rocheux de laquelle serpente un sentier très raide, pratiqué, sur plusieurs points, en escalier, et qui monte de l’ouadi Souéïnit. Il compte actuellement à peine deux cents âmes. « Beaucoup de maisons sont renversées ; une trentaine seulement sont maintenant debout. Sur le point culminant du plateau où elles s’élèvent, on observe un petit fort ou bordj, dont les assises inférieures sont, sinon antiques, du moins composées de pierres de taille qui le sont. Çà et là des citernes et des caveaux creusés dans le roc datent évidemment de l’antiquité. Il en est de même d’un mur d’enceinte en gros blocs rectangulaires, dont quelques vestiges sont encore reconnaissables. » V. Guérin, Judée, t. iii, p. 68. Cf. Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1881-1883, t. iii, p. 9, 94.

La position de Gabaa lui donna une importance qui fait tout le fond de son histoire dans les quelques passages où elle est citée. À l'époque des luttes entre Saül et les Philistins, ceux-ci, qui avaient pénétré jusqu’au cœur du pays, avaient, pour le maintenir dans la soumission, établi une garnison à Gabaa. Par un heureux coup de main, qui fut le signal de la guerre d’indépendance, Jonathas la repoussa. I Reg., xiii, 3. David, lui aussi, battit un jour les Philistins et les poursuivit depuis Gabaa jusqu’à Gézer (Tell Djézer). II Reg., v, 25. (Les Septante ont mis ici Gabaon, de même que la Vulgate dans le passage parallèle de I Par., xiv, 16.) Après le schisme, cette ville semble avoir marqué la frontière septentrionale du royaume de Juda. Il est dit, en effet, IV Reg., xxiii, 8, que le roi Josias détruisit et profana tous les hauts lieux « depuis Gabaa jusqu’à Bersabée ». L’ouadi Souéïnit, qui court au nord de Djébaʿ, est, en réalité, une ligne de démarcation profonde, bien propre à séparer jadis, de ce côté, les deux royaumes de Juda et d’Israël. — Gabaa fut réhabitée au retour de la captivité, avec Rama, sa voisine. I Esd., ii, 26 ; II Esd., vii, 30 ; xi, 31 ; xii, 29. — Le prophète Zacharie, xiv, 10, déterminant les limites du pays dont il vient de prédire la transformation, cite Gébaʿ au nord et Remmon au sud. (Au lieu de dire avec la Vulgate : « Depuis la colline, … » il faut lire avec l’hébreu et le grec : « depuis Gébaʿ jusqu’à Rimmôn. ») Cette Gabaa est probablement distincte de Gabaa de Benjamin ; elle l’est certainement de Gabaa de Saül. Voir Gabaa 4, 5.


1. — Djéba. D’après une photographie de M. L. Heidet.

3. gabaa (hébreu : Gibʿâh, Jud., xix, 12, 14, 16 ; xx, 4, 9, 13, 14, 15, 19, 21, 25, 29, 43 ; une fois Gébaʿ, Jud., xx, 10 ; et Gâbaʿ, Jud., xx, 34 ; Septante : Γαϐαά), ville de la tribu de Benjamin, comme l’indique, outre le contexte, l’expression deux fois répétée : hag-Gibʿâh ǎšér le-Binyâmîn ; Septante : ἡ Γαϐαά, ἥ ἐστιν ἔν τῷ Βενιαμίν ; Vulgate : Gabaa, quæ est in tribu Benjamin, Jud., xix, 14 ; Γαϐαά τῆς Βενιαμίν ; Gabaa Benjamin, Jud., xx, 4. On trouve aussi Gébaʿ Binyamîn ; Γαϐαά Βενιαμίν ; Gabaa Benjamin. Jud., xx, 10. Elle est tristement célèbre par l’indigne outrage que plusieurs de ses habitants firent subir à la femme du lévite d’Éphraïm, crime qui attira l’extermination de la cité et de la tribu. Jud., xix, xx. C’était une « ville », ʿir, Jud., xix, 15, avec une « place publique », reḥôb, ꝟ. 15, 20, et pouvant fournir une troupe d’élite de sept cents hommes, xx, 15, 16. La précision des détails donnés par le récit nous permet d’en déterminer la position. Le lévite, accompagné de sa femme et d’un serviteur, quitte Bethléhem dans la soirée, Jud., xix, 9, prenant, pour s’en retourner chez lui, la direction du nord. Au moment où les trois voyageurs arrivent près de Jébus ou Jérusalem, le jour commence à baisser, ꝟ. 11. Le trajet n’a dû guère durer que deux heures. Cependant, pour n'être pas surpris par la nuit dans des chemins peu sûrs, le serviteur dit à son maître : « Allons, je vous prie, à la ville des Jébuséens, et demeurons-y. » Celui-ci refuse de demander asile à « la cité d’une nation étrangère », et répond : « Je passerai jusqu'à Gabaa, et, quand je serai arrivé là, nous y séjournerons, ou du moins dans la ville de Rama. » ꝟ. 12, 13. Continuant leur chemin, ils se trouvent au coucher du soleil près de Gabaa. ꝟ. 14. Le temps du crépuscule est très court en Orient ; force leur est donc de s’arrêter. C’est pendant cette nuit, où ils reçoivent l’hospitalité chez un Éphraïmite, que les habitants de la ville commettent leur crime infâme, ꝟ. 15-25. D’après cette première partie du récit, nous savons ainsi que Gabaa se trouvait au nord de Jérusalem et au sud de Rama, sur la route de Silo, c’est-à-dire celle qui va de la ville sainte à Naplouse. Elle ne devait pas être très éloignée de Jébus, puisque la chute du jour ne permettait plus un long trajet.

On sait quel cri d’horreur souleva dans tout Israël un pareil forfait. La guerre fut vite décidée, et, comme les Benjamites refusaient de livrer les coupables, elle eut lieu entre les tribus alliées d’Israël et celle de Benjamin. Le théâtre fut la ville ainsi que les environs de Gabaa. Deux fois vaincus, les assiégeants livrèrent une bataille décisive. Après avoir dressé des embuscades autour de la place, ils simulèrent la fuite, se partageant en deux corps, dont l’un se dirigeait vers Béthel, au nord, et l’autre vers Gabaa, Gibʿâṭâh baš-šâdéh, d’après l’hébreu ; Γαϐαά ἔν ἀγϱῷ, d’après les Septante. Jud., xx, 31. Qu’indique cette « Gabaa dans la campagne » ? On ne sait au juste. Pour les uns, il s’agit des districts ruraux de la ville assiégée ; pour les autres, de Gébaʿ, aujourd’hui Djébaʿ, au nord-est de Tell el-Foul. Voir Gabaa 2. Le plan des confédérés était de faire sortir l’ennemi et de l’entraîner loin de la cité qu’ils voulaient prendre. Pendant ce temps, l’embuscade y pénétrerait et y mettrait tout à feu et à sang. C’est ce qui arriva. « Tous les enfants d’Israël, se levant donc du lieu où ils étaient, se mirent en bataille à l’endroit appelé Baal-Thamar. Les embuscades dressées autour de la ville commencèrent aussi à paraître peu à peu, et à s’avancer du côté de la ville qui regarde l’occident. » xx, 33, 34. L’hébreu porte ici : L’embuscade s’élança, mim-Maʿârêh-Gâbaʿ ; Septante : Ϻαρααγαϐὲ. Ce passage obscur a été différemment rendu par les versions et diversement interprété par les commentateurs. Le Codex Alexandrinus, ἀπὸ δυσμῶν τῆς Γαϐαά, est d’accord avec la Vulgate, qui fait venir « de l’occident » les troupes embusquées. La manière la plus simple, en effet, d’entendre le texte, est probablement de voir la ville attaquée à l’ouest et au sud, les deux côtés pour lesquels les assiégés craignaient le moins, puisqu’ils croyaient tout Israël enfui vers le nord et peut-être vers l’est. Cf. F. de Hummelauer, Comment. in lib. Judicum, Paris, 1888, p. 334. Pressés rudement, les Benjamites finirent par succomber et s’enfuirent en prenant le chemin du désert, c’est-à-dire vers l’est. Jud., xx, 35-43. — Cette seconde partie du récit ne nous apporte aucune lumière, sinon que Gabaa se trouvait près de Baal-Thamar, et, suivant l’interprétation qu’on peut donner à Jud., xx, 31, au carrefour de deux routes, mesillôṭ, l’une se dirigeant au nord, l’autre probablement à l’est.


2. — Tell el-Foûl. D’après une photographie.

De tous les renseignements fournis par l'Écriture, il ne ressort que deux points bien déterminés, entre lesquels il faut chercher Gabaa : Jérusalem, au sud, et, au nord, Rama, aujourd’hui Er-Râm, à environ dix kilomètres plus loin. Voir la carte de Benjamin, t. i, col. 1588. L’ouadi Samri ou Zamri, à l’est de Tell el-Foûl, rappelle peut-être Baal-Thamar, Voir Baalthamar, t. i, col. 1342. Josèphe, Ant. jud., V, ii, 8, rapportant l’histoire du lévite, nous dit que celui-ci, en passant devant Jébus, ne voulut pas séjourner dans une ville chananéenne, et préféra parcourir vingt stades (3 kilomètres 700 mètres) de plus pour s’arrêter dans une ville d’Israélites ; ce que faisant, il vint à Gabaa de la tribu de Benjamin. Cette distance conduit à peine à Schaʿfât, village situé sur un plateau élevé, d’où l’on découvre parfaitement les coupoles et les minarets de Jérusalem. « Il y avait une ville où est ce village ; les citernes antiques et d’autres restes le disent assez : elle était la première que devait trouver le lévite sur sa route. » L. Heidet, Maspha et les villes de Benjamin, Gabaa, Gabaon et Béroth, dans la Revue biblique, Paris, 1894, p. 337. D’après l’auteur de cet article, Schaʿfât ne peut représenter que Gabaa. Il est cependant un autre passage du même historien juif qu’on peut rapprocher de celui-ci. Parlant, Bell. jud., V, ii, 1, de la marche de Titus sur Jérusalem, il nous apprend qu’il s’avança à travers la Samarie jusqu'à Gophna (aujourd’hui Djifnéh). « Là, dit-il, il campa une nuit, et le matin continua sa marche ; ayant fait une étape d’une journée, il établit son camp dans le lieu appelé des Juifs en leur langue la vallée des Épines, près d’un village appelé Γαϐαθσαούλη, Gabath-Saül (ce qui veut dire « la hauteur de Saül »), éloigné (δίεχων) de Jérusalem d’environ trente stades. » Dans le texte grec, il est clair, que le mot δίεχων, « éloigné, » ne se rapporte pas au village de Gabath-Saül, puisque ϰώμη est du féminin, mais à Titus ou à son camp. C’est donc, en réalité, la vallée des Épines qui est distante de trente stades, ou cinq kilomètres 548 mètres. Ce chiffre, d’après M. Heidet lui-même, Revue biblique, p. 337, note, « nous conduit… à l’ouadi ed-Dumm, « vallée des Doumm, » arbuste épineux, peut-être celui que Joséphe désigne sous le nom générique de Ἄϰανθα. » Or, l’ouadi en question est un peu au-dessus de Tell el-Fûl, localité avec laquelle on identifie généralement notre Gabaa. On peut donc croire que le bourg indiqué par l’historien comme voisin du camp est celui-ci, plutôt que Schaʿfât, situé plus bas ; on ne comprendrait guère, en effet, qu’il eût choisi comme point de repère le site le plus éloigné. Mais comment concilier les deux passages, et quel chiffre faut-il préférer ? On répond que, dans le premier, les vingt stades peuvent bien n’avoir qu’une valeur approximative : « Marchons encore une vingtaine de stades, dit le lévite, et nous rencontrerons une ville habitée par des gens de notre nation. » Cette explication est d’autant plus plausible que nous voyons, dans le même paragraphe de Josèphe, Ant. jud., V, ii, 8, quelques lignes au-dessus, combien les chiffres manquent d’exactitude ou tout au moins ont une certaine élasticité, puisqu’il place Bethléhem à trente stades de Jérusalem, alors qu’il aurait dû dire quarante (sept kilomètres 398  mètres). Ensuite, à la distance précise de 3 700 mètres, on ne trouve sur la route même suivie par le lévite aucune ruine de ville qui puisse répondre à celle de Gabaa ; tandis que, un peu plus loin, à une demi-heure environ au sud de Rama, où il n’eut pas le temps de parvenir, à cause de la nuit qui l’avait surpris en chemin, s'élève une colline répondant parfaitement aux données de l’Écriture et à celles de Josèphe. Elle s’appelle Tell el-Fûl ou « la colline des fèves » (fig. 2).

Cette hauteur, par son élévation et sa forme conique, justifie très bien la dénomination de gibʿâh. Elle est actuellement cultivée d'étage en étage. Sur la plate-forme supérieure, on remarque les restes d’une tour rectangulaire mesurant approximativement dix-huit mètres de long sur seize de large. Les fondations en ont été sondées par le lieutenant Warren, au mois de mai 1868, jusqu'à une assez grande profondeur : elles consistent en moellons peu réguliers cimentés seulement avec de la terre. Quant à la tour proprement dite, elle devait être bâtie avec des blocs plus considérables, dont quelques-uns sont encore en place. Au centre avait été construit une sorte de puits carré, aboutissant, dans sa partie inférieure, à une grande pierre percée d’un orifice circulaire et placée au-dessus d’une cavité peu considérable. Autour régnaient un chemin de ronde et une enceinte, aujourd’hui en grande partie démolie ; elle était construite avec des blocs assez mal équarris ; les vides étaient remplis avec des blocailles. Au nord et au bas de cette colline, s'étendent, le long de la route conduisant de Jérusalem à Naplouse, pendant l’espace de plusieurs centaines de mètres, des ruines assez indistinctes, au milieu desquelles on remarque quelques gros blocs et des citernes creusées dans le roc. Ces ruines appartiennent à la même localité antique, dont la colline était l’acropole naturelle, que l’art avait ensuite fortifiée. Cf. V. Guérin, Samarie, t. i, p. 188 ; Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1881-1883, t. iii, p. 158.

On appuie encore l’identification de Gabaa avec Tell el-Foûl sur un passage de saint Jérôme, racontant le pèlerinage de sainte Paule en Palestine. Il nous la montre se rendant d’Emmaüs par Béthoron à Jérusalem, laissant à droite Aïalon et Gabaon, puis « s’arrêtant quelque temps dans la ville de Gabaa, détruite jusqu’aux fondements », entrant enfin dans Jérusalem. Cf. S. Jérôme, Epis. t. cviii, t. xxii, col. 883. La seule conclusion certaine à tirer de ce texte, c’est que Gabaa est distincte de Gabaon et qu’elle se trouvait au nord et non loin de Jérusalem. Mais il est difficile d’y voir un argument pour ou contre Tell el-Foûl, de même que pour Schaʿfât. Il n’est pas moins impossible de confondre la ville dont nous parlons avec Gébaʿ, actuellement Djébaʿ, trop éloignée pour que le lévite eût pu l’atteindre dans le court intervalle qui s’écoula entre le moment où il passa devant Jérusalem et celui où le soleil disparut complètement à l’horizon.

C’est en 1843 qu’un savant allemand, M. Gross, dans les Theolog. Studien und Kritiken, 1843, P. 1082, cherchant Gabaa au sud de Rama, émit la conjecture qu’elle pouvait être à Tell el-Foûl. Depuis, Robinson, Biblical Researches in Palestine, Londres, 1856, t. i ; p. 577-579, s’appuyant sur les textes de Josèphe et de saint Jérôme que nous avons rapportés, a mis cette hypothèse plus en lumière, en sorte que la plupart des voyageurs et des exégètes l’ont acceptée. Telle est en particulier l’opinion de Stanley, Sinai and Palestine, Londres, 1866, p. 213 ; W. M. Thomson, The Land and the Book, Londres, 1881, t. i, p. 436, 437 ; V. Guérin, Samarie, t. i, p.  188-197 ; Mühlau, dans Riehm, Handwörterbuch des Biblischen Altertums, Leipzig, 1884, t. i, p. 511 ; Fillion, La Sainte Bible, Paris, 1899, t. ii, p. 182 ; F. de Hummelauer, Comment. in lib. Judicum, Paris, 1888, p. 315, etc. — On identifie généralement Gabaa du livre des Juges avec Gabaa de Saül, mais est-elle identique à Gabaa de Benjamin ? Voir Gabaa 4.

4. gabaa de benjamin (hébreu : Gibʿaṭ Binyâmîn, I Reg., xiii, 2, 15 ; xiv, 16 ; Gibʿaṭ benê Binyâmîn, II Reg., xxiii, 29 ; Gébaʿ Binyâmîn, I Reg., xiii, 16 ; III Reg., xv, 22 ; Gibʿâh, I Reg., xiv, 2 ; Septante : Γαϐεὲ τοῦ Βενιαμείν, I Reg., xiii, 2 ; Γαϐαά Βενιαμείν, I Reg., xiii, 15 ; Γαϐεὲ Βενιαμείν, I Reg., xiii, 16 ; xiv, 16 ; Γαϐαὲθ υἱὸς Βενιαμείν, II Reg., xxiii, 29 ; βουνὸς Βενιαμείν, III Reg., xv, 22 ; βουνός, I Reg., xiv, 2 ; Vulgate : Gabaa Benjamin, I Reg., xiii, 2, 15, 16 ; xiv, 16 ; IV Reg., xv, 22 ; Gabaath filiorum Benjamin, II Reg., xxiii, 29 ; Gabaa, I Reg., xiv, 2), ville de la tribu de Benjamin qu’on identifie ou avec Gabaa de Jud., xix, xx, ou avec Gabaa de Jos., xviii, 24, aujourd’hui Djébaʿ. Voir Gabaa 2 et 3. Disons tout de suite que la Gabaa Benjamin de Jud., xx, 10, se rapporte incontestablement à la première, comme le prouve le contexte. Mais la question devient difficile lorsqu’on examine le récit du premier livre des Rois, xiii, xiv, dans lequel apparaît plus pleinement la forme « Gabaa de Benjamin ». Il est nécessaire de déterminer les points essentiels de ces luttes entre Saül et les Philistins. Nous trouvons d’abord Saül établi, avec un corps de deux mille hommes, à Machmas, aujourd’hui Mukhmas, et sur la montagne de Béthel (Beitin), c’est-à-dire dans le district élevé et accidenté qui s’étend entre ces deux localités. Voir la carte de Benjamin, t. i, col. 1588. Un second corps de mille hommes, commandé par Jonathas, fils aîné du roi, se tient à Gabaa de Benjamin, au sud. I Reg., xiii, 2. Les Philistins, qui ont çà et là placé des garnisons à travers le pays hébreu, pour le maintenir dans la soumission, ont entre autres à Gabaa (hébreu : Gébaʿ) un poste que Jonathas enlève dans un heureux coup de main. I Reg., xiii, 3. Il faut remarquer ici qu’au ꝟ. 3, le texte original donne, non plus Gibʿah, comme au ꝟ. 2, mais Gébaʿ, nom courant de la ville sacerdotale mentionnée dans Josué, xviii, 24, et ailleurs (Voir Gabaa 2) et située entre Tell el-Foûl et Moukhmas. On peut, il est vrai, objecter que Gabaa de Jud., xix, xx, est également appelée Gébaʿ, Jud., xx, 10. Mais on peut répondre aussi qu’alors elle est déterminée par le mot Binyâmîn. Puis, s’il s’agit de la même place, pourquoi lui donner deux dénominations différentes à dix mots d’intervalles ? Là du reste n’est pas la plus grande difficulté. — La victoire de Jonathas est le signal d’une guerre d’indépendance. Saül fait un appel aux armes, et le peuple se rassemble à Galgala. Les Philistins, de leur côté, se préparent à la lutte, et viennent prendre position à Machmas, que le roi a abandonné pour se rendre à Galgala. I Reg., xiii, 5. Les Israélites effrayés, resserrés entre le Jourdain et les montagnes, se cachent dans les cavernes ou s’enfuient dans le pays de Gad et de Galaad. Ceux mêmes qui demeurent avec Saül tremblent derrière lui. Après l’holocauste indûment offert en l’absence de Samuel, le prince désobéissant vient, avec Jonathas et une petite troupe de six cents hommes, à Gabaa de Benjamin, hébreu : Gébaʿ Binyâmîn, ꝟ. 16, comme Jud., xx, 10. On peut donc retrouver ici le premier poste de Jonathas, ꝟ. 2,. ou Tell el-Foûl. Avant d’en venir aux mains, les Philistins organisent le pillage, en envoyant trois bandes de maraudeurs, l’une vers le nord, l’autre vers l’ouest, la dernière vers l’est ; mais ils n’osent s’avancer vers le sud, où Saül et les siens sont retranchés dans une forte position, ꝟ. 17, 18.

Telle est, à la fin du chapitre xiii, la situation respective des deux armées ; mais, au ꝟ. 23, l’hébreu nous montre les Philistins faisant un pas en avant : « Le poste des Philistins sortit vers la passe de Mikmas, » c’est-à-dire vers l’ouadi Es-Suéïnit, ravin profond dont les parois s’élèvent comme des murs, et qui forme un immense fossé entre Moukhmas et Djébaʿ. Il semble que Saül s’est avancé de son côté. « Cependant Saül se tenait à l’extrémité de Gabaa (hébreu : Gibʿâh), sous le grenadier qui était à Magron (Septante : Μαγδών). » I Reg., xiv, 2. « L’extrémité de Gabaa » peut représenter ici le nord ou le nord-est du territoire de Gibʿâh. C’est alors que Jonathas tente et accomplit un second exploit. Ne pouvant supporter l’inaction en face de l’ennemi, il dit à son écuyer : « Viens, et passons jusqu'à ce poste des Philistins, qui est au delà de ce lieu, » c’est-à-dire au delà de l’ouadi Souéïnit. I Reg., xiv, 1. Franchissant tous deux, à l’insu du roi, les ravins et la vallée principale, où se dressent, comme des dents, deux collines isolées, l’une du côté de Machmas, l’autre du côté de Gabaa (hébreu : Gabaʿ), ils montent, grimpant avec les mains et les pieds le long des rochers, et tuent vingt hommes du poste, ꝟ. 4, 5, 13, 14. Le gros de l’armée philistine croit à une attaque de toutes les forces israélites et s’enfuit épouvanté, ꝟ. 15. Remarquons ici comment, aux ꝟ. 2, 5, est nettement marquée la distinction entre les deux Gabaa, l’une appelée Gibʿâh, ꝟ. 2, et l’autre Gébaʿ ou Gâbaʿ, à cause de la pause, la dernière désignant certainement Djébaʿ. « Or, continue le texte sacré, les sentinelles de Saül, qui étaient à Gabaa de Benjamin (hébreu : Gibʿaṭ Binyâmîn), regardèrent, et voici une multitude abattue ou fuyant çà et là… Et pendant que Saül parlait au prêtre, le tumulte qui était dans le camp des Philistins allait en s'étendant et en augmentant… Et Saül jeta un cri, ainsi que tout le peuple qui était avec lui, et ils vinrent jusqu’au lieu du combat. » ꝟ. 16, 19, 20. Il est clair que les sentinelles israélites ne pouvaient être à Tell el-Foûl. Bien que la colline soit très élevée, sa distance de Machmas ne permet pas de voir jusque-là, encore moins d’entendre le bruit qui s’y fait. Il s’agit donc ici de « l’extrémité du territoire de Gabaa », ꝟ. 2, c’est-à-dire des hauteurs assez rapprochées de Djébaʿ. Nous savons bien que, dans ce même ꝟ. 2, les Septante ont pris le mot haggibʿâh pour un nom commun, « la colline ; » en sorte que le sens peut être : « Saül se tenait à l’extrémité de la colline ; » mais cette manière de lire ne tranche la question ni dans un sens ni dans l’autre. Il n’en reste pas moins établi : 1o que Gébaʿ tout seul s’applique toujours à Djébaʿ, jamais à Tell el-Fûl, en admettant l’identification proposée ; 2o que GébaʿBinyâmîn se rapporte certainement dans un endroit, Jud., xx, 10, à Tell el-Foûl et non à Djébaʿ, et que, dans l’autre, I Reg., xiii, 16, rien n’oblige à changer la signification ; 3o que le texte sacré semble bien nettement distinguer Gébaʿ de Gibʿaṭ Binyâmîn. I Reg., xiii, 2, 3 ; xiv, 2, 5. — Reste un passage du troisième livre des Rois, xv, 22, dans lequel nous voyons Asa rebâtir ou fortifier Gabaa de Benjamin avec les matériaux arrachés à Rama (Er-Râm). Le texte hébreu porte ici Gébaʿ Binyamîn, mais le récit parallèle de II Par., xvi, 6, donne Gébaʿ, Septante : Γαϐαὲ. Il y a donc lieu d’hésiter. D’ailleurs Djébaʿ et Tell el-Foûl sont deux points rapprochés d’Er-Râm et occupent une position stratégique importante, le premier commandant le large fossé d’Es-Suéïnit et pouvant barrer le passage à l’ennemi dans le cas où celui-ci, pour éviter les obstacles de la voie ordinaire, tenterait de se frayer un chemin vers l’est ; le second défendant la grande route de Jérusalem à Naplouse. Les textes que nous venons d’expliquer ont leur obscurité, que nous sommes loin de méconnaître. L’identification de Gabaa de Benjamin avec Gabaa de Jud., xix, xx, est plus généralement acceptée. Quelques auteurs cependant préfèrent l’assimilation avec Gabaa-Djébaʿ. Voir entre autres F. de Hummelauer, Comment. in libros Samuelis, Paris, 1886, p. 143.

5. gabaa de saül (hébreu : Gibʿâṭâh, avec local, I Reg., x, 26 ; Gibʿâh, I Reg., xxii, 6 ; xxiii, 19 ; xxvi, 1 ; Gibʿâṭ Šâʾûl, I Reg., xi, 4 ; xv, 34 ; II Reg., xxi, 6 ; Is., x, 29 ; Septante : Γαϐαά ; Codex Alexandrinus, Γαϐααθά, I Reg., x, 26 ; Γαϐαά πρὸς Σαούλ, I Reg., xi, 4 ; Γαϐαά, I Reg., xv, 34 ; Γαϐαών Σαούλ, II Reg., xxi, 6 ; πολίς Σαούλ, Is., x, 29 ; βουνός, I Reg., xxii, 6 ; xxiii, 19 ; xxvi, 1 ; Vulgate : Gabaa, I Reg., x, 26 ; xv, 34 ; xxii, 6 ; xxiii, 19 ; xxvi, 1 ; Gabaa Saul, II Reg., xxi, 6 ; Gabaa Saulis, I Reg., xi, 4 ; Gabaath Saulis, Is., x, 29), ville mentionnée comme la demeure de Saül, après qu’il fut élu roi. I Reg., x, 26 ; xxii, 6. C’est là que vinrent le trouver les envoyés de Jabès Galaad pour solliciter son appui, I Reg., xi, 4 ; là qu’il retourna après la sentence de réprobation portée contre lui par Samuel, I Reg., xv, 34 ; là que les habitants de Ziph vinrent lui découvrir la retraite de David. I Reg., xxiii, 19 ; xxvi, 1. Les Gabaonites demandèrent un jour à David qu’on leur livrât sept des enfants de Saül pour les crucifier dans cette ville. II Reg., xxi, 6. Cette Gabaa est parfaitement distincte de celle que l’hébreu appelle Gébaʿ ou Gâbaʿ. Jos., xviii, 24, etc. Voir Gabaa 2. Isaïe, en effet, x, 28-32, décrivant la marche des Assyriens contre Jérusalem, nous les montre passant à Machmas (Mukhmas), puis à Gaba (Djébaʿ) au sud, portant l'épouvante à Rama (Er-Râm), faisant fuir les habitants de Gabaath de Saül. Cette ville était donc au sud de Rama, ce qui la fait identifier avec la Gabaa de Jud., xix, xx, la Gabaa de Benjamin, suivant bon nombre d’auteurs. Josèphe, du reste, Bell. jud., V, ii, 1, mentionne une Γαϐαθσαούλη à trente stades de Jérusalem, ce qui correspond au village actuel de Tell el-Fûl. Voir Gabaa 3. — Conder assimile à tort la cité de Saül avec Gébaʿ ou Djébaʿ, qui aurait été la capitale d’un district représenté par le nom féminin gibʿâh. Cf. Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, Londres, 1877, p. 104-105 ; 1881, p. 89.

6. gabaa (hébreu : bag-gibʿâh, I Reg., vii, 1 ; II Reg., vi, 3, 4 ; Septante : ἐν τῷ βουνῷ, I Reg., vii, 1 ; II Reg., vi, 3), lieu où se trouvait la maison d’Abinadab, dans laquelle fut transportée l’arche d’alliance, lorsqu’on l’amena de Bethsamés à Cariathiarim, I Reg., vii, 1, et où David vint la prendre pour l’emmener à Jérusalem. II Reg., vi, 3, 4. La Vulgate a traduit le mot gibʿâh par le nom propre Gabaa ; les Septante y ont vu plus justement le nom commun, ἐν τῷ βουνῷ, « sur la colline. » Il désigne, en effet, la partie haute de la ville, où était la demeure d’Abinadab, à moins que l’on ne fasse de Gabaa un quartier spécial, comprenant le point culminant de la cité. Ce qu’il y a de certain, c’est que les habitants de Cariathiarim ne transportèrent pas ailleurs l’objet sacré qui leur était confié. Voir t. ii, Cariath, col. 268 ; Cariathiarim, col. 273.

7. gabaa (Codex Vaticanus, Γαιϐαί ; Codex Alexandrinus, Γαιϐᾶ ; Codex Sinaiticus, Γαιϐάν), pays dans lequel vint Holopherne après avoir « traversé la Syrie de Sobal, toute l’Apamée et toute la Mésopotamie ». Judith, iii, 14. La Vulgate, qui donne ce détail, place la « terre de Gabaa » dans l’Idumée, où elle est complètement inconnue. Ce district n’est du reste mentionné nulle part ailleurs. Le grec porte : « Et il vint devant Esdrelon, près de Dothaïa, qui est en face de la grande Scie de la Judée, et il campa entre Gaba et Scythopolis. » Judith, iii, 9, 10. Esdrelon est la plaine bien connue, qui coupe la Palestine aux deux tiers de sa longueur ; Dothaïa est Dothaïn, aujourd’hui Tell Dôthân, au sud du Sâhel ʿArrabéh ; Scythopolis n’est autre que Béisan, l’ancienne Bethsan. Dans ces conditions, Gabaa peut donc avoir pour représentant le village actuel de Djébaʿ, au sud de Tell Dothân, sur la route de Sébastiyéh ou Samarie à Djénîn. Bâti sur le flanc d’une colline, ce bourg florissant est entouré de beaux bouquets d’oliviers. C’est apparemment un site antique, avec des grottes sépulcrales taillées dans le roc, à l’est. Cf. Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1881-1883, t. ii, p. 155, 185 ; G. Armstrong, W. Wilson et Conder, Names and places in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 67.

8. gabaa hachila (hébreu : Gibʿaṭ ha-Ḥǎkîlâh ; Septante : ἔν τῷ βουνῷ τῷ Ἐχελά). I Reg., xxvi, 3. Il s’agit ici de « la colline d’Hachila », comme la Vulgate a mieux traduit. I Reg., xxiii, 19. Voir Hachila.