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de douaire coutumier est plus avantagée, que si elle étoit douée d’un douaire préfix. Il a doué sa femme d’un tel revenu.

Douer, se dit, aussi, en parlant des dons & des avantages que nous recevons de Dieu, de la nature. Ornare, instruere. Samson fut doué d’une force extraordinaire. Esther fut douée d’une beauté admirable. La Sainte Vierge a été douée de toutes sortes de graces & de vertus. Dieu l’a doué d’une grande vertu. La nature l’a doué de grands talens, d’une grande beauté.

Doué, ée. part. & adj. Ornatus, prædictus, instructus. Ce jeune homme est doué de mille belles qualités.

DOUET, ou DOUIT. s. m. Petit courant d’eau. Ce Terme est principalement usité dans les Provinces de Normandie & d’Anjou. On ne le dit point ailleurs. M. Huet dit qu’il vient du Latin ductus, aquæductus.

DOUGÉ, ée. adj. Vieux mot. Fin, délié.

Le corps est droit, gent & dougé.

Ménage remarque que l’on dit, aussi, du fil dougé, & de la toile dougée.

DOUGLAS. Bourg, ou petite ville d’Écosse, sur la côté de Merche, Merchia, aux confins de la Lothiane, dans laquelle quelques Géographes la comprennent. Maty. Speed la mer dans la Merche, ou Marche. Dunglasium. Les Anglois écrivent Duglas, ou Dunglas. C’est ce dernier qui se voit toujours dans les Cartes de Speed, soit pour ce nom-ci, ou pour les suivans. Ce lieu donne son nom à une vallée, de laquelle il est proche, & que les Écossois appellent Duglasdale. Il a aussi donné son nom à l’ancienne maison de Douglas. Corn.

Douglas. Ville de l’Isle du Man. Dunglasium. C’est un port de mer situé sur la côté orientale de cette Isle, vis-à-vis le Lancastre en Angleterre. Le Golfe ou le Havre de Douglas est une partie de la mer d’Irlande, sur la côte orientale de l’Isle de Man, & au fond duquel est la ville de Douglas, dont il prend le nom. Ce Cap, ou la pointe de Douglas, est sur la côte orientale de l’Isle de Man, la pointe de terre qui s’avance au midi du Golfe de Douglas, dont nous venons de parler, & qui sert à former ce Golfe. Les Cartes de Speed, qui écrivent Dunglas, en indiquant le Douglas d’Écosse, écrivent toujours Dovvlas pour celui de Man. Pour nous, nous prononçons toujours Douglas.

DOUHE. s. f. C’est le côté d’un fossé où sont les terres jectices. Voyez Douve.

DOUIKEN. Terme de Relation. C’est ainsi que les Cathains appellent la vingt-deuxième partie de leur année, qui en a vingt-quatre de 15 jours chacune. Voyez d’Herbelot.

DOUILLAGE. s. m. Terme de Manufacture. Mauvaise fabrication des étoffes de laine, qui vient de ce que le tisseur n’a pas employé des trames de la même qualité dans toute la longueur des pièces. On appelle une pièce douilleuse, celle qui est ridée & mal unie, qui n’est pas carrée, & d’une égale largeur.

DOUILLART. s. m. Mesure dont on se sert à Bordeaux & presque dans toute la Guyenne, pour mesurer les charbons de terre d’Angleterre & d’Écosse. Neuf douillarts font le tonneau composé de 36 barriques, qui reviennent à 72 barrils, de la mesure de ceux portés par les tarifs de 1664 & 1667.

DOUILLE. s. f. Mouillez ill. Terme d’Armurier. C’est le fer creux qu’on met au talon ou au bout d’en-bas d’une pique, d’une hallebarde, javeline, baïonnette, ou autre arme semblable, ou au bout de la baguette d’un arme à feu. Tubulus ferreus, que pars hastæ, spiculi, extrema præsigitur. On le dit, aussi, du creux où l’on met la chandelle dans une lanterne, un martinet, ou un flambeau. Candelabri summus tubulus. Les Orfèvres l’appellent bobèche. On appelle, aussi, douille de la croix, le creux qui est au bas, où l’on fait entrer le bâton pour la porter en Procession, ou la mettre sur son pied. Les Taillandiers & les Jardiniers le disent, aussi, du trou d’un outil de fer, comme d’un bêche, dans lequel on met un manche de bois. On appelle ainsi, généralement, tout canal, anneau, tuyau de métal.

DOUILLET, ette. adj. Mouillez l’i & les deux ll. Mollet, doux à l’attouchement. Mollis, molliculus. Une étoffe de soie est bien douillette. Un oreiller de duvet est douillet. La pommade rend la peau unie & douillette. Les linges qu’un Chirurgien emploie doivent toujours être à demi-usés, afin qu’ils obéissent davantage, & qu’ils soient plus douillets. Dronis.

Douillet, se dit, aussi, des personnes qui affectent une délicatesse extraordinaire pour ce qui touche les sens. Delicatus, delicatulus. C’est un homme si douillet : ce qui se dit, aussi, des hypocrites & faux dévots qui cherchent trop leurs aises. L’amour propre est douillet & mignard ; il est fort mal-aisé à satisfaire. M. Esp. On dit, d’un homme qui a la goutte au pied, & qui a encore de la foiblesse, qu’il a encore le pied douillet.

Il est encore substantif. Il fait le douillet. C’est un douillet. Homme qui aime ses aises.

DOUILLETTEMENT. adv. D’une manière douillette, ou sur quelque chose de douillet. Delicatè. Il étoit couché bien douillettement sur un bon matelas, tandis que les autres étoient sur la dure.

DOUILLON. s. m. Il se dit, en Poitou & dans quelques autres Provinces voisines, des laines de moindre qualité, telles que sont les plures & poignons.

DOULAS. Village de France en Bretagne, à trois lieues à l’orient de Brest. Daoulasium. L’Abbaye de Doulas de l’Ordre de S. Augustin fut fondée en 1125. par Alain, Seigneur de Rohan. M. Corneille écrit Doulas, ou Daoulas ; mais on dit toujours Doulas.

DOULCEMER. s. m. Instrument de Musique en usage en France au XVe siècle. Un compte rendu au Duc de Bretagne en 1451 & 1452. par Raoul de Launay, fait mention d’un nommé Henri Cuiyot, joueur de doulcemer. Le P. Lobineau a donné l’extrait de cet acte dans l’Hist. de Bret. T. 2. 1122. & suiv. Voyez à la pag. 1184. dernière ligne.

DOULEBSAIS, ou MALLEMOLLES. Espèce de mousseline, ou toile de coton blanche, très-claire & très-fine, que l’on tire des Indes Orientales, particulièrement de Bengale.

☞ DOULEUR. s. f. Sentiment désagréable, occasionné par un désordre dans quelque partie interne ou externe du corps, par une lésion particulière dans l’organe des sentimens. Dolor. La douleur, selon les uns, est un mouvement qui réside dans les sens ; &, selon les autres, c’est une émotion de l’ame causée par les organes. Si on demande la cause de la douleur que cause une piquure, l’on doit répondre d’abord, que la piquure ne peut séparer les fibres de la chair, sans ébranler les nerfs qui aboutissent au cerveau : on demandera encore, pourquoi cette partie du cerveau étant ébranlée, on sent de la douleur ? Car il n’y a point de liaison nécessaire entre les ébranlemens du cerveau, & le sentiment de douleur dont l’ame est affectée. Maleb. Pour rendre raison de la douleur, il faut avoir recours à une puissance supérieure, qui forme la liaison entre les ébranlemens du cerveau & le sentiment de l’ame. Dieu connoît la douleur ; mais ne la sent pas, parce que, sentir la douleur, c’est être actuellement malheureux : pour nous, nous sentons la douleur, sans la connoître ; nous n’en avons nulle idée claire. Id. Ce Stoïcien, qui ne vouloit pas avouer que la douleur fût un mal, l’avouoit par l’effort qu’il faisoit pour ne le pas avouer. Le péché de la femme a été puni par les douleurs de l’enfantement.

Douleur, se dit, également, des sensations