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été précisément faites. C’est par une conduite modérée, par des manières modestes & polies, que l’homme doit montrer la douceur de son caractère, & non par des airs féminins & affectés. La douceur est une vertu presque inconnue, parce qu’elle est simple & sans éclat. M. Esp. Il y a une si grande liaison entre la douceur & l’humilité, qu’elles sont presque inséparables. S. Bernard. dit ce que sont deux sœurs. Douceur de mœurs, douceur d’esprit. Il est difficile de définir cette douceur qu’on trouve si charmante dans les femmes ; il semble qu’il n’y a pas grande différence entre la bonté & la douceur. M. Scud. Voyez encore Humanité, Bénignité.

Douceur, signifie encore, Contentement, aise, agrément, plaisir. Suavitas, jucunditas. Dieu nous détache des douceurs trompeuses du siècle par les amertumes salutaires qu’il y mêle. Le P. Thom. C’est dans le repos de l’esprit que consiste la douceur de la vie. Toutes les douceurs d’un cœur tendre ne se peuvent connoître, qu’en les éprouvant soi-même. M. Scud.

Ce sont les douceurs de la vie,
Qui font les horreurs du trépas.

Quin.

Mille & mille douceurs y (à la couronne) semblent attachées,
Qui ne sont qu’un amas d’amertumes cachées.

Corn.

La guerre a ses douceurs, l’hymen a ses alarmes.

La Font.

On dit, conter des douceurs à une femme ; pour dire, la cajoler, lui conter des fleurettes. Blanditiæ, illecebræ, lenocinia.

Aller à l’abri d’une perruque blonde,
De ses froides douceurs fatiguer le beau monde.

Boileau.

En ce sens, on dit aussi, Dire des douceurs à quelqu’un ; pour dire, le flatter, lui dire des choses obligeantes.

Douceur, se dit aussi, de quelque commodité, ou menu profit qu’on tire d’une affaire, d’une entremise, Fructus, utilitas, commodum. Cet homme n’a pas beaucoup gagné à ce marché ; mais il en a tiré quelque douceur. Il a fait ce mariage, il en a eu quelque douceur. Cela est du discours familier.

Douceur se dit du style. Il y a une douceur de style, qui consiste à écrire de manière que le discours s’insinue imperceptiblement dans l’esprit du Lecteur, & y fasse une impression qui plaise & attache… Ce talent regarde le style personnel, & est fort au-dessus du grammatical, dont néanmoins il suppose d’ordinaire la pratique. P. Buffier. La douceur du style grammatical, selon le même Auteur, consiste à éviter une suite de mots dont la prononciation est rude, ou une suite de syllabes qui ont le même son, ou à-peu-près le même : le style n’aura point de douceur, si ces mots ou ces syllabes ne sont pas tout-à-fait de suite, mais fort près ; si l’on répéte trop souvent certaines particules, car, pour, mais, &c. si les mêmes mots sont pris en différens sens dans une même phrase ; s’il y a des mots que l’oreille ne distingue pas assez, de sorte que plusieurs semblent n’en former qu’un seul. Isocrate, S. Jean Chrysostôme, & Euripide parmi les Grecs ; Cicéron & Cornelius Nepos parmi les Latins ; Sarasin, M. de Fénelon, Archevêque de Cambray, M. Maboul, Évêque d’Alet, Racine ont une grande douceur de style.

On dit, proverbialement, Tout par douceur, & rien par force, pour dire, qu’on fait mieux ses affaires à l’amiable, que par violence.

☞ DOUCHE. s. f. Épanchement, chûte d’eau minérale, dirigée sur une partie affectée, pour en procurer la guérison. Aquæ calidæ in affectam malè corporis partem infusio. Donner, recevoir, prendre la douche. On emploie les douches, principalement dans les cas où il y a épaississement de la synovie, que l’on cherche à détruire par ce moyen : effet qui peut être produit par la chûte de l’eau, par sa chaleur & par les parties salines dont les eaux thermales sont chargées. On continue l’usage des douches, plus ou moins long-temps, selon que le mal est plus ou moins opiniâtre.

Ce mot vient de l’Italien doccia. Ménage.

☞ DOUCHER. v. a. Donner la douche. On m’a douché le bras, le genoux, &c. Aquas thermales in aliquam corporis partem malè affectam infundere.

DOUCIN. s. m. Nom que quelques-uns donnent à l’eau douce mêlée d’eau de la mer.

Doucin. s. m. Sorte de pommier qui approche fort de celui de Paradis.

DOUCINE. s. f. Terme d’Architecture. C’est un ornement de la plus haute partie de la corniche, qui est fait en forme d’onde, moulure ondoyante, moitié convexe, & moitié concave. Cymatium. On l’appelle, aussi, cymaise, ou gueule droite & renversée.

☞ Les Ménuisiers appellent doucine, une espèce de rabot qui sert à faire des moulures.

Doucine. s. f. Vieux mot. Sorte d’instrument de Musique. Marot.

DOUDOU. s. m. Monnoie de cuivre, qui a cours dans quelques lieux de l’Orient, particulièrement à Surate, & Pondichéri. Le Doudou vaut un peu moins de deux liards.

DOUÉ, ou DOÉ. Theotuadum Castellum, ou Palatium. Petite ville de France, dans la Province d’Anjou, à quinze mille pas de la Loire, à trois lieues de Saumur, & à une lieue d’une petite rivière appelée le Toué, assez près d’un ruisseau nommé Layon. Il paroît, par le témoignage de plusieurs Historiens, que Doé étoit un des principaux Palais des Rois d’Aquitaine ; & ce sont les ruines de ce Palais que les gens du Pays prennent pour les restes d’un Amphithéâtre. Messieurs Baudrand & Corneille ont cru que c’étoit un Amphithéâtre, & en ont décrit la forme & les dimensions. Il est de figure hexagone, taillé dans un roc, ou carrière de pierre rougeâtre, & pouvoit contenir quinze mille spectateurs. Il y a vingt degrés pour descendre au parc, où l’on faisoit combattre les animaux. En 1620, les Bourgeois de Doué représentèrent, dans cet Amphithéâtre, la prise de Jérusalem, par Godefroi de Bouillon, & quelques Tragédies. Outre la Paroisse, qui est dédiée à S. Pierre, il y a l’Église Royale & Collégiale de S. Denis, un Couvent de Recolets, & un Hôpital bien renté. On voit à Doué une des plus belles fontaines qu’il y ait en France. Elle est en fer à cheval, Le bassin en est fort large, & servoit aux Naumachies, ou combats sur l’eau. La Collégiale de S. Denis est, dit-on, un monument de la piété de Dagobert I. Cette ville a été appelée en Latin Doadum Castellum, Doalum, Castrum Doadium, Dudum, ou Douœum.

DOUEGNE. Voyez Duegne.

DOUELLE. s. f. Petit ais dont on fait les tonneaux. C’est la même chose que douve, ou douvelle. Voyez Douve, dont douelle & douvelle sont des diminutifs.

Douelle. s. f. Terme d’Architecture, qui se dit d’une coupe de pierre propre à faire des voûtes. Secti in cuneum lapides. Le parement qui fait la partie ceintrée de la voûte, & qui est courbe, s’appelle douelle intérieure, ou intrados. La partie opposée qui fait le dessus de la voûte, s’appelle douelle extérieure, ou extrados. La surface plane qui passe par la corde de l’arc d’une douelle, s’appelle douelle plate : c’est une préparation à la formation d’une douelle concave. Frezier.

Ce mot vient du Latin dolium, un tonneau. Id.

DOUER. v. a. Terme de Pratique. Assigner un douaire à sa femme. Voyez Douaire. Une femme douée