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CRE

des espèces de coquilles de mer. Crista galli, concha. Une crête de coq d’une espèce peu commune, à pointes rondes & feuillées. Gers. Un groupe de deux crêtes de coq parfaites. Id. Une crête de coq à pointes. Id.

Crête marine. Plante qui est une espèce de crithmum ou bacille. Les François & les Italiens l’appellent herbe de S. Pierre. Ses feuilles sont étroites, mais plus larges & plus courtes que celles du fenouil, charnues, subdivisées trois à trois, & d’un goût salé. Sa tige est cannelée, verte comme un porreau. Ses fleurs sont ramassées en parasol & de couleur jaune. Sa semence est semblable à celle du fenouil mais plus grande. Sa racine est grosse, longue, d’une odeur & d’un goût agréable, âcre & aromatique. Cette plante croît dans les lieux pierreux le long de la mer. On la confit dans la saumure. Elle est bonne pour l’estomac, & pour exciter l’appétit : elle fait aussi uriner, & ouvre les obstructions. Crithmum, fœniculum maritimum minus, ou crista marina. Voyez Bacille.

Crête, signifie aussi en termes d’Agriculture, la terre qui a été tirée en faisant une fosse de clôture, & élevée sur le bord du champ. C’est aussi le sommet d’une butte qu’on abat quelquefois pour jouir de la vue. Crète, croûte, crute. On appeloit ainsi en Normandie des terres inutiles autour des maisons.

Ce mot vient du mot Saxon crosta, qui est fort commun dans les anciens titres d’Angleterre. Huet.

Crêtes, on appelle ainsi en bâtiment, les cueillies, ou arrêtieres de plâtre, dont on scelle les tuiles faitieres.

Crêtes. Les Marchands de blé appellent à Paris une crête de blé, ce qu’on appeleroit ailleurs un tas de blé. Cumulus. Ainsi, mettre le blé en crête c’est, selon eux, l’élever en forme pyramidale.

☞ On dit figurément lever la crête, s’enorgueillir, baisser la crête, perdre de son orgueil, de ses forces. Rabattre la crête de quelqu’un, lui donner sur la crête, rabattre son orgueil, le mortifier. Superbiam retundere. Toutes ces expressions sont tout au plus du discours familier.

CRÊTÉ, ée. adj. Qui a une crête. Cristatus. Un coq, un dragon crêté. Il se dit particulièrement en Blason, de ce qui est sur la tête des coqs d’une autre couleur que le corps entier. On le dit pareillement des nageoires des poissons, comme de celles des dauphins.

CRÈTE. Ancien nom de l’Île qu’on nomme aujourd’hui Candie. Creta. C’est une Ile de la mer Méditerranée, située à l’entrée de l’Archipel. Elle se nomme Aërie, Aeria ; Curétide, ou Pays des Curètes, Curetis ; Hécatompole, ou l’Île à cent villes, Hecatompolis ; l’heureuse Macaros, ou l’Île heureuse, Macaronesos. Cette Île a 170. milles de long & 50. de large. La Crète a été célèbre dans l’antiquité par bien des endroits. Jupiter y régna ; &, si Ilon en croit les Poëtes, il y fut caché par Cybèle sa mère, pour empêcher que Saturne son père ne le dévorât comme ses autres enfans ; il y fut élevé par les Curètes. Avant Minos l’histoire de Crète est incertaine ou fabuleuse. Ce Prince, fils d’Europe & d’Astérius, Roi de Crète, selon Eusèbe, & selon Apollodore, de Jupiter, & frère de Rhadamante & de Sarpédon, est le premier Roi de Crète dont on sache quelque chose de plus certain. D’autres remontent jusqu’à Testamus, fils de Dorus, petit-fils d’Hellen, & arrière-petit-fils de Deucalion. Il y vint, disent-ils, avec les Eoliens & les Pelasges, & s’y fit reconnoître Roi. Il épousa la fille de Cretheus, dont peut-être, disent-ils, vient le nom de Crète, & il en eut l’Astérius dont nous avons parlé, & sous le règne duquel Jupiter enleva Europe, dont il eut Minos, Rhadamante & Sarpédon. Astérius ensuite épousa Europe, & adopta ses fils, auxquels il laissa son Royaume, parce qu’il n’en eut point d’enfans. La Crète fut encore fameuse par le sage gouvernement & les sages loix de Minos, l’enlèvement d’Europe, les amours de Pasiphaë, le tribut imposé par Minos aux Athéniens de douze jeunes hommes par an, le Minotaure, le Labyrinthe bâti par Dédale, la victoire de Thésée, &c. Après les Rois, dont les derniers qu’on connoît furent Idoménée & Merion son frere, la Crète se gouverna en République. Dans la suite la Crète, vaincue par Metellus se donna à Pompée. Dans la division de l’empire elle vint au pouvoir des Empereurs de Constantinople, & leur fut soumise jusqu’en 823. que les Sarrasins la prirent, & y bâtirent la ville de Candie, qui lui fit perdre son nom. Voyez Candie. Vigenere parle de cette île dans son César. Quand on parle de l’Antiquité il faut toujours dire la Crète, comme fait M. de Fénelon, dans le Ve. Livre de Télémaque, & jamais Candie.

CRÉTELER. v. n. C’est le terme dont on se sert pour exprimer la manière dont les poules crient quand elles ont pondu. Cette poule a pondu, car elle crételle. Lorsqu’elles veulent pondre, elles caquettent, de lorsqu’elles couvent, elles gloussent, glossent, glocissent, ou clocloquent. Crételer est sans doute un terme usité dans quelque Province.

CRÉTENET. s. m. On a appellé Créténets des Ecclésiastiques que M. Crétenet érigea en Communauté vers le milieu du dernier siècle, avec la permission de M. le Cardinal de Richelieu, Archevêque de Lyon. Ils ont été fondés par M. le Prince de Conti & M. le Marquis de Coligny. On voit fort au long leur origine & leur établissement dans la vie de M. Crétenet, imprimée à Lyon en 1680.

CRÉTENISTE. s. f. Cretenista. Sœur de la Congrégation de S. Joseph. Nom que l’on a donné en quelque lieu aux Sœurs de la Congrégation de S. Joseph, parce qu’elles ont été instituées par un Chirurgien natif du bourg de Champlite, au Comté de Bourgogne, & nommé Crétenet.

CRETINE. s. f. Alluvio. Ce mot se trouve dans une ancienne traduction des Instituts de Justinien. C’est un accroissement qui se fait peu-à-peu.

CRETOIS. s. m. & f. Qui est de Crète. Cres, Cretensis. Saint Paul rapporte, Lit. I. 12. qu’un de ceux de cette île disoit d’eux : Les Crétois sont toujours menteurs, ce sont de méchantes bêtes, qui n’aiment qu’à manger & à ne rien faire. Port-R. Les Crétois étoient bons soldats, habiles sur-tout à tirer de l’arc. A peine le vaisseau Phénicien fut arrivé, que les Crétois donnerent à Télémaque & à Mentor toutes les marques d’amitié sincere. Fénelon. On dit Crétois, en parlant des anciens Habitans de l’île de Crète ; & Candiots, en parlant des Habitans de la même île, depuis qu’elle s’appelle Candie.

Ces mots, selon quelques-uns, viennent de Cretheus, comme nous l’avons dit ; mais ce que l’on en dit n’est pas sûr. Bochard, dans son Chanaan. L. I. C. 15. prétend que c’est un nom Phénicien. Dans la Palestine, dit-il, on appeloit כרתי, Crethi ou Creti, un Archer, un homme habile à tirer de l’arc. Les Habitans de cette île étoient très-habiles dans cet art ; c’est pourquoi on leur donna ce nom. Grotius, & d’autres encore, adoptent ce sentiment, en parlant des Céréthi & Phéleri, dont l’Ecriture fait mention dans l’histoire de David. Voyez Céretien.

CRETONNE. s. f. Sorte de toile blanche, qui se fabrique en Normandie du côté de Lisieux. Ces toiles ont été ainsi appelées du nom de celui qui en a fabriqué le premier.

CRETONS. s. m. pl. Petits morceaux de graisse de porc, frits dans la poële.

CREU. Voyez CRÛ.

CREUE. Voyez CRÛE.

CREVAILLE, s. f. Repas où l’on mange par excès, & jusqu’à être prêt à crever. Immoderatum epulum. Les fréquentes crevailles ruinent la santé. Ce mot est des plus bas. Rabelais s’en est servi.

Crevaille, est aussi un terme de Poësie, selon quelques personnes, qui appellent crevaille la pièce de Saint-Amand, qui a pour titre la Débauche, ou le Cabaret. Epulæ, convivium, compotatio, helluatio, perpotatio.

CREVANT, ou CRAVANT. Petite ville de France en Bourgogne, au Diocèse d’Auxerre, proche le confluent de la Cure & de l’Ionne, fameuse par la bataille qui s’y donna entre les François & les An-