Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CÉRÈTHÈ ou CERÉTHIEN ou CÉRÉTHEN

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 375).
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CÉRÈTHÈ ou CERÉTHIEN, ou CÉRÉTHEN, ENNE. s. m. & f. Cerethæus. II est parlé de deux sortes de Céréthiens dans l’Ecriture ; ou bien il est parlé des Céréthiens en deux manières : 1o. Au I. Livre des Rois, XXX, 14, il est parlé des Céréthiens qui demeuroient vers le midi de la Terre Sainte du côté de l’Egypte. 2o En d’autres endroits on trouve des Céréthiens que l’Ecriture joint avec les Phéléthiens, & qui sont des soldats, des gardes de David, ou des gens de sa suite & de sa maison. Quant aux premiers, on convient assez que c’étoient des peuples qui faisoient partie des Philistins. L’Ecriture semble le marquer assez clairement, I. L. des Rois, XXX, 14 ; Ezech XXV, 16. Sophon, II, 5 ; & II. Liv. des Rois, VIII, 1 ; & il semble qu’ils étoient de la Satrapie de Gaze qui étoit la plus méridionale. C’est le sentiment de Junius, de Piscator, de Malvenda, de Tostat, de Kimhhi, de Vatable & de Ménochius.

Pour les autres Céréthiens, on ne sait pas trop ce qu’ils étoient. Les uns veulent que ce soit un nom appellatif, & d’autres un nom propre. Des premiers est le Paraphraste Chaldaïque Jonathan, qui traduit Cerethi par Archers, & Philethi par Frondeurs ; l’Arabe traduit Cerethi par des gens nobles, libres ; d’autres, Conseillers du Sanhédrin. Il semble que ç’ait été l’opinion des Septante. Josephe les appelle Gardes du corps, σωματοφύλακας. Ceux qui le suivent, conjecturent qu’ils étoient ainsi appellés de כרת, exscindere, parce qu’ils étoient toujours prêts à punir les coupables. Munster, Vatable, Pierre Martyr, Ménochius rapportent cette opinion, ou la suivent.

Ceux qui croient que c’est un nom propre disent, que ce sont des compagnies, des troupes de ces Cérèthes Philistins, dont nous avons parlé, que David avoit à son service, comme le Roi a des Etrangers pour sa garde. Forsterus, Cornelius à Lapide & Tirin, suivent ce sentiment. Pierre Martyr ne croit pas que David eût choisi des Païens pour Gardes. Junius croit que c’étoient des Israélites, qui demeuroient parmi les Philistins. Serrarius dit que ce sont les mêmes qui sont appelés Géthéens, II L. des Rois, XV, 18, & il conjecture que ces noms leur ont pu être donnes des lieux où ils avoient demeuré avec David. Du reste, Grotius croit que, si l’on accorde que c’étoient des Philistins, on peut dire que les Crétois en sont descendus. Mais il n’en a d’autres preuves que la ressemblance du mot, & l’habileté des Crétois à tirer de l’arc, que les Septante semblent aussi attribuer aux Céréthiens. Il paroît plus probable que c’étoient des troupes de ce peuple qu’on nommoit כרתים, Céréthim, Céréthiens, & dont parle le premier Livre des Rois, XXX, 14. Il habitoit vers le midi de la tribu de Juda, comme nous l’avons dit. Ainsi il ne faut point distinguer des Cérèthes ou Céréthiens de deux sortes.

Nos Interprètes disent Céréthiens. Car nous avons fait une irruption vers la partie méridionale des Céréthiens, I des Liv. des Rois XXX, 14. Tous ces Officiers marchoient auprès de lui, les légions des Céréthiens & des Phélétiens, & les six cens hommes de pied de la ville de Geth, II Liv. des Rois, XV 18. Banaïas, fils de Joada, commandoit les Céréthiens & les Phélétiens, II Reg. VIII. Sacy. c. 18. Les Traducteurs de Genève & les Desmarets écrivent Kéréthiens ; mais en hébreu, c’est un כ, & non pas un ק. On trouve Cérèthes & Céréthéens dans les Mém. de Trévoux.