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que chose, il n’est plus usité. On dit croyance. La croyance des Chrétiens, des Mystères. Voyez Croyance.

Créance, signifie quelquefois, Confiance. Fiducia. En déclarant à une personne ce qu’un autre nous a confié, nous lui faisons entendre par-là qu’on a créance en nous, qu’on nous estime, & qu’on nous consulte. Bouh. Avoir de la créance parmi les peuples, c’est un sens renversé, & par-là très élégant, pour dire de quelqu’un, que les peuples le croient, & lui défèrent. Charp.

Créance, en termes de fauconnerie, est un nom qu’on donne à la filière, ou ficelle avec laquelle on retient l’oiseau qui n’est pas encore bien assuré. Habena aucupatoria. Et on appelle un oiseau de peu de créance, celui qui n’est ni bon, ni loyal, qui est sujet à s’essorer & à se perdre, qui n’est pas assuré.

Créance, se dit, en termes de Chasse, des chiens qui ont plus d’adresse & d’obéissance que les autres. Memoria disciplinæ atque obsequium. Les chiens bauds sont de bonne créance, sont aisés à conduire à la chasse.

CREANCER, v. a. Vieux mot. Assurer, promettre. Asserere, promittere, fidejubere, stipulari. Le Comte de Hainault appela son fils, & lui fit créancer par la foi de son corps qu’il tiendroit cette alliance. Voyez encore le c. 97. & Villehardouin, n. 15. 58. 60. 110. 249. 250. & Du Fresne dans son Gloss. sur cet Auteur.

CREANCIER, iere. s. Celui à qui il est dû quelque chose par un autre, une somme d’argent, une tente, du grain, ou autre espece, pourquoi il a contre son débiteur une action personnelle qu’il peut valablement intenter. Creditor, creditrix. Les créanciers chirographaires, sont ceux qui n’ont de leur débiteur qu’un simple billet sous signature privée : les créanciers hypothécaires, sont ceux dont les obligations sont munies de toutes les formes nécessaires pour emporter une hypothèque, & pour être colloqués en ordre selon la date de leur obligation. Les créanciers privilégiés sont colloqués selon la qualité de leurs privilèges. Les créanciers chirographaires viennent sur les meubles à contribution. Une direction de créanciers, est une assemblée qui se fait entre les créanciers d’une personne qui leur a abandonné son bien pour se faire payer à l’amiable, & empêcher les Frais de Justice. Convictus creditorum. Créancier engagiste, est celui qui prête sur gages. Créancier délégué, est celui qui doit recevoir le prix d’une chose vendue par son débiteur, qui l’a ainsi stipulé par le contrat. La Loi des douze Tables permettoit au créancier de mettre son débiteur en pièces.

Le pâle créancier que l’on voit au palais
Plaide pour un argent qui se consume en frais. Vill.

Ce mot vient de credentiarius. Mén. Du Cange dit qu’on disoit autrefois créant & créanter, dérivés du mot de creantare, qui signifioit promettre & stipuler.

CREANT, s. m. Vieux mot. Terme de Jurisprudence féodale. C’est une promesse de rendre service. Voyez M. Du Cange, dans son Glossaire sur le mot creantare, & dans son Glossaire sur Villehardouin. Fiducia, fidejussio. Ne il ne puer çaiens entrer trosque adonc qu’il ara fait notre créant des convenz qu’il nos a.

CRÉANTER. v. a. Terme de Jurisprudence féodale. Promettre, assurer avec serment ; Créancer, assurer. Voyez le Glossaire de M. Du Cange sur Villehardouin, Asserere, fidejubere, stipulari, promittere. Cette convenance créanta Messire Willaumes, dans les preuves de l’Hist. de Bethune, p. 164. Du Cange, Gloss. de Villehard. Le peuple Champenois dit encore, créanter une fille, la promettre, l’accorder en mariage. Gloss. des Poës. du Roi de Nav.

CRÉAT, s. m. Terme de Manège. Gentilhomme qui est élevé dans une Académie pour se mettre en état d’enseigner l’art de monter à cheval. Il sert aussi de Sous-Ecuyer. Magistri locum tenens in schola equestri.

Ce mot vient de l’italien creato, signifiant la même chose.

CREATEUR, s. m. Qui tire un être du néant. Au propre il ne se dit que de Dieu seul, qui a tiré tous les êtres du néant, qui est le Créateur du Ciel & de la terre. Mundi effector, motitor, artifex, opifex, ædificator, Deus, creator, procreator. Il faut rendre graces cent fois le jour à son Créateur. Dans les afflictions il faut avoir recours à son Dieu, à son Créateur. Le monde ne peut pas être éternel, donc il y a eu un Créateur. Nicol. Dieu n’agit point avec nous par des règles arbitraires, ni en vertu de son droit, & de son pouvoir absolu de Créateur ; sa justice souveraine est la règle de sa conduite. Sherlock. Le seul aspect de la vaste machine de l’Univers nous prouve assez que c’est là l’ouvrage d’un Créateur sage & intelligent. S. Evr. On ne peut écouter sans indignation ces excès où tombent quelques Prédicateurs, qui comparent la créature au Créateur, & qui font brûler le même encens pour l’un & pour l’autre. Fléch.

On dit, Recevoir son Créateur, pour dire, recevoir la sainte Communion.

Créateur. Se dit figurément & par extension de celui qui est inventeur original de quelque chose. Inventor, artifex. Ménage disoit qu’il étoit l’Auteur de ses autres ouvrages, mais qu’il étoit le Créateur de son Histoire de Sablé. Pour composer une fable parfaite, & ornée de tout ce qui peut la rendre agréable, il faut être, pour ainsi dire, le Créateur de son ouvrage. M. Scud.

On le dit aussi adjectivement génie Créateur.

CREATION, s. f. Action par laquelle Dieu tire les êtres du néant, les produit sans les tirer d’une matière préexistante. Creatio. La création du monde est décrite dans la Genese, Chap. 1. Dieu a partagé en six jours son ouvrage de la création. L’institution du Sabbat nous conduit à la création, dont elle perpétue la mémoire. Abad. La conservation des créatures est une création continuée. Maleb. Une démonstration invincible de la création, & à laquelle l’impie n’opposera jamais rien de tolérable, c’est celle qui se tire de l’existence de l’ame : en voici les principes & les élémens. J’ai, & je me suis témoin à moi-même que j’ai en moi un être qui n’est point matière, c’est un esprit : cet esprit n’est point éternel, il a commencé d’être. Si cette substance a commencé d’être, ou elle s’est produite elle-même & par elle-même, ou elle a été produite par un autre. Elle ne peut s’être donnée l’être à elle-même, elle l’a donc reçu d’un autre : si elle l’a reçu d’un autre, cet autre ne peut être qu’esprit ou matière, & elle ne peut être produite que par voie de génération ou de propagation, ou par voie d’éduction, comme on parle dans l’école, c’est-à-dire, étant tirée d’un autre sujet, ou par voie de création. Si elle vient d’un esprit, ce ne peut être ni par voie de génération ou de propagation, ni par voie d’éduction. Un esprit est indivisible & n’a point de parties ; on n’en peut tirer un autre esprit. Elle ne peut venir de la matière en aucune façon, ni par voie de génération ou de propagation, ni par voie d’éduction. La matière ne peut produire, & l’on n’en peut tirer ce qui n’y est pas. Il faut donc nécessairement que mon ame existe par création.

Création, se prend quelquefois, mais rarement, pour la réproduction qui se fait de l’humanité de J. C. par les paroles de la consécration. Quelques Peres l’ont employé en ce sens. Voyez la Liturgie sacrée de Grimaud.

Création, se dit figurément des nouveaux établissemens de droits, de charges, d’impôts, que font les Rois & les Princes dans leurs Etats. Creatio. Il y a eu une nouvelle création de Cardinaux. La fonction de ces charges est contenue dans l’Edit de leur création. C’est-là un droit, un impôt de nouvelle création.

On le dit aussi des Particuliers, quand ils font des dettes, quand ils constituent des rentes, des pensions. Ces rentes sont d’une ancienne création. Il n’a rien reçu de sa pension depuis sa création.

On le dit aussi des mots nouvellement fabriqués