Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CROYANCE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 42-43).
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☞ CROYANCE. s. f. Ce mot signifie proprement la persuasion où l’on est de la vérité d’une chose, d’une proposition quelconque. Le consentement que l’esprit donne à quelque chose. Considéré comme synonyme à foi, il en diffère par sa généralité. Le mot de foi pris seul, exprime la persuasion où l’on est des mystères de la religion. La croyance des vérités révélées constitue la foi. Christianæ fidei capita. Bien que croyance & créance soient deux choses différentes, on prononce toujours créance ; à la fin on n’écrira plus autrement ; c’est déjà l’opinion de plusieurs, & j’y souscris. Vau. Peu de personnes écrivent présentement croyance. La délicatesse de la prononciation a passé dans l’orthographe. Corn. Ces Auteurs ont mal vu la destinée des mots croyance & créance. On écrit croyance & créance, suivant les cas. Les prudens du siècle se font un honneur de ne rien croire, pour se distinguer du vulgaire, & ne pas hazarder leur croyance. Tall. Dans la plupart des Chrétiens l’envie de croire tient lieu de croyance : la volonté leur fait une espèce de foi par les desirs, que l’entendement leur refuse par ses lumières. S. Evr. Parmi les Novateurs, chacun s’est fait un tribunal à soi-même, & s’est rendu l’arbitre de sa croyance. Flech. La croyance des Chrétiens est contenue dans le Symbole. Les Idolâtres ont eu des croyances ridicules & extravagantes.

Croyance, signifie aussi, opinion qu’on s’est mise dans l’esprit sur des raisonnemens & des conjectures. Opinio, Sententia. La croyance d’Aristote étoit, que le monde étoit infini & éternel. Il arrive bien des choses contre la croyance générale. Il y a des hyperboles moins hardies, & qui ne vont pas au-delà des bornes bien qu’elles soient au-dessus de la croyance commune. Bouh.

Croyance, se dit encore de la confiance qu’on a en une personne à laquelle on ajoûte pleine foi. Fides, fiducia. Ce Prince a une entière croyance en ses Ministres. La vertu souple & maniable d’Atticus lui attiroit souvent une croyance & une approbation qu’il ne méritoit pas. S. Réal.

☞ Corneille dans Polyeucte a dit, donner de la croyance à quelque chose. Cette expression, dit M. de Voltaire, n’est pas d’un françois pur.

☞ En effet, la croyance est dans celui qui croit, & non pas dans la chose qu’on croit.