Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CROYANT

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 43).
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☞ CROYANT, ante. s. Qui signifie littéralement celui ou celle qui croit. Ce mot ne s’emploie guère parmi nous qu’en parlant de celui qui croit ce que la religion enseigne. Qui Christianæ Fidei capitibus credit, fidem habet. Les Juifs appeloient Croyans, ceux qui faisoient profession de la Religion Judaïque, par opposition aux incrédules. Abraham est appelé dans l’Ecriture, le Père des Croyans. Credentium Pater. Les Turcs se sont appropriés le titre de Musulmans, qui veut dire en leur langue Vrais Croyans.

Les Albigeois, ou du moins quelques-uns parmi ces Hérétiques, ont été appelés Croyans. Voyez Acta SS. Maii, Tom. VII. p. 181. B. Ceux des Albigeois qu’on nommoit Croyans, menoient une vie déplorable, parce que, mêlant avec les plus énormes crimes une austérité apparente, ils s’assuroient d’être sauvés par la seule foi, sans être obligés, à ce qu’ils prétendoient, ni à la confession de leurs péchés, ni à la restitution de ce qu’ils avoient pillé par les usures, les rapines, les brigandages dont ils ne se faisoient aucun scrupule, non plus que de tous les autres déréglemens de la volupté, à laquelle ils s’abandonnoient avec une liberté effrénée, ne doutant pas de leur salut, pourvu qu’avant de mourir ils pussent recevoir l’imposition des mains de quelqu’un de ceux qu’ils appeloient les Bons-hommes ou les Parfaits. P. Benoît.