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BRO — BRU

Brout, se dit aussi des écales de noix vertes qui servent à divers usages. Gulioca. On prépare le brout pour servir aux teintures. On fait du ratafia de brout de noix. On confit les noix avec leur brout. Il faut écrire brout & non pas brou.

BROUTANT, ANTE, adj. On appelle en Vénerie les bêtes broutantes, le cerf, le rangier, le daim, le chevreuil, le chamois, le bouquetin ou bouc sauvage. Pascens.

BROUTER. v. a. Paître l’herbe dans les prés, manger le brout dans les forêts. Pasci, morsu capere, depascere. ☞ Les moutons broutent l’herbe des prés. Les chèvres broutent les feuilles, les bourgeons des arbres. On ne le dit que de l’herbe qui tient à la terre, & des feuilles & des bourgeons qui tiennent aux branches.

Ménage, après Bochart, dérive ce mot du grec βρύττειν, signifiant la même chose. Borel le dérive du grec βροχθίζειν, qui signifie depascere.

On dit proverbialement, là où la vache est attachée, il faut qu’elle broute ; pour dire, qu’il faut demeurer attaché à sa profession. On dit aussi d’un homme qui a de l’industrie, que l’herbe sera bien courte, s’il ne trouve de quoi brouter ; pour dire, qu’il trouvera bien le moyen de gagner sa vie.

BROUTÉ, ÉE. part.

BROUTILLES. s. f. pl. Menues branches qui restent dans les forêts après qu’on a retranché le bois de corde : elles servent à faire des fagots. Virgulta. En plusieurs endroits on dit bretilles.

Broutilles, se dit aussi dans le style familier, de plusieurs petites choses inutiles & de nulle valeur. Voilà bien des broutilles.

☞ BROWERS-HAVEN. Ville de Zélande, dans les Pays-Bas, dans l’Île de Schowen.

BROYE. s. f. Dans le propre, c’est un instrument dont on se sert à la campagne pour rompre le chanvre, & tiller plus aisément. On dit dans quelques provinces, brie, brayoire, braye & macque. Instrumentum macerandæ cannabi comparatum. On le dit en termes de Blâson, d’une espèce de festons qu’on trouve dans quelques Armoiries posés en diverses situations. La maison de Broye en a porté, par allusion à son nom. Celle de Joinville, porte d’azue à trois broyes d’or, liées d’argent, &c. Quelques-uns les prennent aussi pour des morailles, d’autres pour toutes sortes d’instrumens propres à broyer. Les Anglois les nomment barnacles, ou bernicles, du nom d’un instrument dont les Sarrasins se servoient pour donner une géhenne cruelle.

BROYEMENT. s. m. Réduction d’un corps en petites parties. Tritura. Il y a des Médecins qui pensent que la digestion se fait par le broyement des alimens. Il en est même qui soutiennent que tout est vaisseau dans le corps humain ; que tous ces vaisseaux ont un mouvement de systole & de diastole, & que tout s’y fait par le broyement des humeurs qui y coulent. M. Lister, Médecin de la feue Reine d’Angleterre, a réfuté dans son livre des humeurs, l’opinion qui fait consister la digestion dans le broyement. Voyez au mot Digestion.

BROYER. v. a. Réduire un corps en particules plus menues de quelque manière & avec quelque instrument que ce soit. Terere. Il faut broyer ces drogues dans le mortier. Suivant une opinion nouvelle, les membranes de l’estomas broyent les alimens que l’on prend, comme une meule, & c’est ainsi que se fait la digestion. Voyez Digestion.

On le dit particulièrement des couleurs qu’on écrase long-temps sur le marbre ou le porphyre avec une pierre dure qu’on nomme molette, en les mêlant avec de l’huile pour les en imbiber, après qu’on les a pulvérisées. ☞ On broye les couleurs à l’eau ou à l’huile, suivant l’usage qu’on en veut faire.

☞ On les broye sur la pierre avec la molette : on les mêle sur la palette avec le pinceau.

Broyer, en termes de Philosophie hermétique, signifie quelquefois cuire la nature jusqu’à ce qu’elle soit parfaite.

Broyer. Terme de Cordier. Façon de détacher la chevenotte de la filasse, au moyen d’une machine qui la brise, qu’on appelle broye.

BROYÉ, ÉE, part. & adj. Tritus.

On appelle pain broyé, un certain petit pain de fine farine, que les Boulangers étoient autrefois obligés de faire pour leur chef-d’œuvre, quand on les recevoit maîtres. Voyez Pain.

BROYEUR. s. m. Qui se dit en cette phrase. C’est un Broyeur d’ocre ; pour dire, c’est un fort mauvais Peintre. Tritor. On le dit aussi de celui qui broye les couleurs dont les Peintres se servent.

BROYON. s. m. Terme de Chasse. Piége pour prendre des bêtes puantes. On fait la chasse avec des traîneaux, alliers, panneaux, rets saillans, bricoles, tentes, étaingues, collets, pièges, amorces, broyons, &c.

Broyon, terme d’Imprimerie. C’est une espèce de molette, avec laquelle les Imprimeurs broient le vernis & le noir, dont ils composent leur encre.

BRU.

BRU. s. f. Belle-fille. C’est un terme d’alliance relatif au pere & à la mere d’un fils, à l’égard desquels la femme qu’il a épousée s’appelle leur bru, ou leur belle-fille. Ce dernier terme est plus du bel usage. Nurus.

Ménage dérive ce mot de nurus latin, ou de l’allemand bruyt, ou plutôt braut ; qui signifie épousée. Du Cange cite les Gloses d’Iso Magister, où il est dit que brut signifie une femme accordée, ou fiancée.

BRUANT, ou Bruand, s. m. plus communément breant. C’est un petit oiseau gros comme un moineau, & dont le chant est assez agréable. Cirulus, Florus, & en grec, Anthus. Le Bruant, ou Verdon, que les Italiens appellent Verdone, est un peu plus gros que le Pinson. Les mâles sont presque tous jaunes ; ils ont néanmoins quelques parties des aîles & de la queue qui tirent sur le cendré : les plus grandes pennes sont d’un plus beau jaune ; les plumes de la queue à leur extrémité sont tout-à-fait jaunes ; en dedans elles sont d’une autre couleur. Son bec est gros & aigu, de couleur pâle ; ses jambes & ses pieds sont d’un rouge tirant sur la couleur de chair. L’on en nourrit en cage à cause de la beauté de leur chant. Le Bruant fait sa demeure ordinaire dans les prés humides & pleins d’eau, sur les hauts arbres. Il semble hennir comme le cheval, pour lequel il a de l’antipathie. Son temps est depuis le commencement d’automne jusqu’au mois d’Avril, & pendant ce temps on en prend une grande quantité. Pour en prendre au printemps il faut mettre entre deux rets plusieurs sortes d’herbes, comme lacerons sauvages, & autres dont ils mangent ; l’on y mettra aussi deux ou trois pieds de chardons, avec des rameaux d’arbres, si l’on peut avoir des herbes avec leurs semences, ce sera le mieux. Il faut dresser les plantes de ces herbes comme si elles avoient naturellement crû en ce lieu. Cet oiseau mange de la navette & du chevenis, & fait son nid dans les vallées & lieux bas. Il fait quatre ou cinq petits. Le mâle est d’un vert jaunâtre. La femelle tire davantage sur le gris.

Il y a aussi un Faisan bruand, appelé autrement Coq de bois, ou de bruyère. Urogallus. Il y en a de deux espèces. Voyez Faisan.

☞ BRUCELLES. s. f. pl. Petite pincette dont se servent les horlogers pour tenir des pièces délicates, comme des roues très-fines, &c. Plusieurs autres ouvriers, les Argenteurs, Lapidaires, ont aussi leurs brucelles.

☞ BRUCHAUSEN. Comté d’Allemagne, en Westphalie, sur les bords du Weser.

☞ BRUSCHAL. Ville d’Allemagne, dans l’Evêché de Spire, sur la rivière de Saltz.

☞ BRUCK. Il y a trois villes de ce nom en Alle-