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étoient anciennement des abbayes qui ont été sécularisées. Au pluriel masculin on dit Collégiaux. Voyez ci-dessus Collège.

Collégial, s. m. nom de dignité dans les Universités d’Espagne. Collegialis. Le Collégial de l’Université de Valladolid vient d’obtenir une place d’Alcaïde dans l’Audience de Séville. Un tel est grand Collégial dans l’Université de Seville.

Collégiale. s. f. Ce mot vient du mot latin Collegium, Société de gens établis pour la même fin, les mêmes fonctions. ☞ On appelle Collegiale, ou Eglise Collegiale, une Eglise desservie par un Chapitre sans siége épiscopal. Chapitre de Chanoines & autres Ministres établi dans une Eglise qui n’est pas Cathédrale, ou Siége d’un Evêque.

☞ COLLEGIATS. s. m. En quelques endroits on appelle collegiats les Boursiers ou Ecoliers qui ont une bourse dans un Collège. Loysel.

☞ COLLÉGIATE, s. f. ce mot se dit peu. Il est synonyme à collégiale.

Ce mot se dit à Dijon de l’Eglise Abbatiale de S. Etienne. C’étoit autrefois un célèbre Monastère de l’Ordre de S. Augustin, & le chef de cette Collégiate porte encore le nom d’Abbé, quoiqu’il ait été sécularisé, & qu’on en ait fait un Chapitre de Chanoines séculiers, & réduits les biens en canonicats. ☞ cette Abbaye, ou Eglise collégiales, dut érigée en Eglise Cathédrale en 1731.

Collégiate, s. m. nom qui a été donné aux Religieux de Grandmont. Collegiatus. Le P. Jean L’Evêque, Religieux Grandmontain, dans son Apologie pour prouver que son Ordre étoit sous la régle de S. Augustin, dit que depuis le Pape Jean XXII, les Grandmontains se sont qualifiés Chanoines Réguliers, Conventuels ; Collégiates & stables. P. Hélyot, . VII, c. 54, p. 408.

☞ COLLÉGIAUX. s. m. pl. Dans quelques Eglises on appelle Chapelains collégiaux ceux qui font Collège entr’eux, qui tiennent chapitre, à la différence de ceux qui, ne formant pas de collège entr’eux, sont appelés non-Collégiaux.

COLLÉGIEN, s. m. nom que l’on donne populairement, & dans les Provinces aux Ecoliers qui vont au Collège. Une troupe de Collégiens.

COLLÉGIENS. Collegio adscripti. C’est le nom d’une certaine Secte, ou Parti, qui s’est formé des Arminiens & des Anabaptistes dans la Hollande. Ils ont été ainsi appelés, parce qu’ils s’assemblent en particulier, & dans leurs assemblées, tous les premiers Dimanches de chaque mois, chacun a la liberté de parler, d’expliquer l’Ecriture, de prier & de chanter. Tous les Collégiens sont Sociniens, ou Ariens, autrement Unitaires. Cupperus, qui a été Ministre Arminien, les quitta pour se ranger au Collège. Ces gens-là ne communient jamais dans leur Collège, mais ils s’assemblent deux fois l’an de toute la Hollande à Risbourg, qui est un village à environ deux lieues de Léyde, où ils font la communion. Ils n’ont point de Ministres particuliers pour la donner ; mais celui qui se met le premier à la table la donne, & l’on y reçoit indifféremment tout le monde, sans examiner de quelle secte l’on est. Ces Collégiens' ont introduit parmi eux quelque chose de l’Anabaptisme, & ils ne donnent le baptême qu’en plongeant tout le corps dans l’eau.

COLLÈGUE, s. m. compagnon en dignité ou en autorité. Collega. On le dit proprement des Consuls Romains. C’étoit son collègue au Consulat.

On le dit aussi de celui qui est associé, ou commis avec un autre dans le même emploi. On envoya un tel Seigneur Plénipotentiaire pour la paix ; mais on lui donna deux collègues.

☞ Ce mot de collègue se dit de ceux qui sont en petit nombre, comme celui de confrere, de ceux qui sont d’une compagnie nombreuse. Ainsi les Présidens d’une même Chambre, les Avocats & les Procureurs du Roi en une même Juridiction, les Députés, les Commissaires envoyés pour une même affaire, &c. sont collègues.

Collègues Généraux. On appelle ainsi dans l’Ordre des Minimes, ceux qui composent le Conseil du Général, & qui l’assistent dans le gouvernement de son Ordre. Ceux qui ont droit d’assister aux Chapitres généraux de cet Ordre, sont le Général, les collègues généraux, les Provinciaux, le Zélateur ou Procureur Général, seulement quand le Chapitre se tient à Rome ou aux environs. P. Hélyot, T. VII, p. 440. Il y a aussi des collègues provinciaux, qui sont auprès des Provinciaux ce que les collègues généraux sont auprès du Général. Id. p. 441.

☞ COLLER. v. a. Unir deux choses par le moyen de la colle ; attacher, faire tenir une chose à une autre avec de la colle. Glutinare. On colle des ais, du papier. On colle deux choses ensemble. On colle des pièces de marqueterie. On colle à la muraille, sur la muraille.

Coller signifie aussi enduire de colle. Glutine, glutino illinere. On colle une toile avant que de l’imprimer. Le papier boit, quand il n’est pas bien collé. En latin charta bibula.

Coller du vin, parmi les marchands de vin, c’est y mettre de la colle de poisson, pour l’éclaircir. Voy. Clarifier.

☞ En termes de billard, coller une bille, ou simplement coller, c’est faire toucher une bille à la bande ; pousser une bille de manière qu’elle demeure près de la bande. Applicare margini. On joue plus difficilement une bille collée. Quand on ne peut pas faire la bille de son adversaire, on cherche à le coller. Ici ce verbe prend un sens figuré.

☞ On dit encore figurément se coller, être collé contre un mur, se tenir droit contre un mur, comme si on y étoit collé, attaché. Applicare se ad murum. Il est du style familier.

☞ COLLÉ, ÉE. part. Il a les significations du verbe. Chassis collé, papier collé, toile collée, vin collé. Au figuré, bille collée.

☞ On dit encore figurément d’un habit qui est juste à la mesure du corps, qu’il est collé ; qu’il paroît collé sur le corps : & d’un homme qui se tient ferme & droit à cheval, qu’il est collé sur son cheval, sur la selle.

☞ Avoir les yeux collés sur une chose, c’est la regarder attentivement & long temps. Defixis oculis intueri. Avoir la bouche ou les lèvres collées sur une chose, les y tenir long temps attachées. On dit de même d’un homme fort attaché à l’étude, qu’il est collé sur les livres. Pour marquer l’extrême tendresse de David pour Jonathas, l’Ecriture dit que son ame étoit collée à celle de Jonathas.

COLLÉRAGE. s. m. Droit de tirage & de collérage : c’est un droit sur le vin qu’on payoit pour le mettre en perce (en coule) Voyez le Livre de l’Echevinage de Paris, c. 4.

COLLERETTE. s. f. Sorte de petit collet que les femmes portent pour se couvrir la gorge, & sur-tout les paysannes & les femmes de basse condition. Cœsitium tegendo collo, linteolum, mamillare.

COLLECTINE. s. f. Collestina. Voyez Cellite. C’est la même chose.

COLLET, s. m. partie de l’habillement qui entoure le cou, qui se met autour du cou. On le dit premièrement du haut du pourpoint qui entoure le cou. Un collet de chemise. Un collet de manteau, est un morceau de drap qui regne sur le manteau le long des épaules. On ne voyoit ni fraises ni collets avant Henri II. Son pere avoit le cou nu : à remonter jusques à S. Louis, les autres Rois l’ont eu de même, hors Charles le Sage, qu’on voit par tout représenté avec un collet d’hermine. Le Gendre.

Ce mot vient du latin collum.

☞ On appelle absolument collet un petit morceau de toile fine que l’on met autour du cou par ornement. Lineus colli amictus. C’est ce qu’on appelle ordinairement rabat. Voyez ce mot. Il n’y a plus