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éviter la profusion des passages qui ne font qu’embrasser le chant, & qui en obscurcissent la beauté, & c’est ce qu’on appelle ordinairement faire des colifichets. Rousseau.

Colifichet se dit aussi des petites pièces de peu de valeur qu’on trouve dans les cabinets des curieux. Frivola. Il n’y a point de tableaux, de pièces de prix dans ce cabinet, ce ne sont que des colifichets.

Colifichet se dit aussi des petits ornemens qu’on met dans des ouvrages d’Architecture. Les bâtimens gothiques, à leurs corniches, ne sont chargés que de colifichets, n’ont point de ces grands ornemens à la grecque.

☞ On le dit généralement de tous les ornemens déplacés qui n’ont point de convenance entr’eux, ni de rapport avec les lieux où ils sont mis.

Colifichets, en terme de Monnoie, c’est une petite machine dont se servent les ajusteurs & les tailleresses pour pouvoir écouaner les espèces. Acad. Franç.

COLIGNY. Bourg de France dans la Bresse. Coliniacum. Il est situé aux confins de la Franche-Comté. Coligny est dans un petit pays, dont la Maison de Coligny avoit la souveraineté.

☞ COLIMA. Ville de l’audience du Méxique, dans l’Amérique septentrionale, dans une vallée qui porte son nom.

COLIMAÇON, s. m. terme populaire & assez un usage pour signifier un Limaçon à coquille, ou simplement la coquille du Limaçon. Le P. Joubert, en expliquant le mot de spiral, dit que c’est ce qui va en tournant comme une vis, ou une manière de Colimaçon.

COLIMB, ou COLIMBE, ou COLIN. s. m. Colimbus. C’est un oiseau, dont il y a plusieurs espèces.

Le Colimb de la première espèce a le bec long de deux doigts, & finissant en pointe. Sa tête est petite, son cou assez long & étroit, sa gorge, sa poitrine & son ventre blanchâtres, le reste de son corps d’une couleur de châtain changeante ; car sur le dos elle est obscure, aux aîles fort lavée, un peu moins à la tête & au bec ; sa tête a des taches blanchâtres. Il a trois doigts larges, avec des membranes, qui ne les divisent que jusqu’à un certain endroit. Il a un éperon si court, qu’il ne peut être appelé doigt.

Le Colimb huppé, est la seconde espèce. Colimbus cristatus. Il est semblable au précédent. Il a une huppe proche du sommet de la tête & du haut du cou, formée de plumes élevées, qui sont noires par le haut, & rousses par les côtés, comme des poils de renard. Tous ceux de cette espèce ont les ongles larges, particulièrement celui du doigt du milieu. Ils vont diminuant en pointe. Tous ont aussi les jambes proche du derrière, & s’en servent mieux pour nâger, que pour marcher ; leurs cuisses sont cachées dans le ventre. Ils font un cri qui s’entend de loin. Ils font leurs nids dans les roseaux, & vivent ordinairement de poisson.

La troisième espèce est le grand Colimb huppé, Colimbus cristatus major. Il a le bec jaune proche de la tête ; le sommet en est noir ; plus bas il est de couleur cendrée. Ces deux couleurs viennent aboutir proche des yeux, qui sont jaunes. Ils ont une huppe noire, qui leur tombe du derrière de la tête, qui est aussi noire. Ce qui reste du cou participe à la couleur de rouille, & à la couleur de rose. La poitrine & le ventre sont d’un cendré blanchâtre. Le dos & les aîles sont noires ; mais les côtés & les extrémités des aîles sont blanchâtres. Il n’a point du tout de queue. Le croupion est d’un cendré tirant sur le noir ; les cuisses, les jambes & les aîles, sont comme aux précédens.

Il y a encore une autre espèce de Colimb huppé, plus petit que celui dont nous venons de parler. Colimbus cristatus minor. Son bec est plus gros & long, approchant de la couleur de rouille. Sa tête est semblable à celle de la seconde espèce ; car il est huppé & cornu. Il a des plumes au haut du cou qui sont élevées : au dessus, il en a de noires, & aux côtés de rousses. Outre cela, il a une tache blanche, qui est un peu mêlée de couleur rousse, qui environne les deux yeux. Il n’a pas le cou si long que le précédent. Sa tête est en partie noirâtre avec un peu de roux par devant. Sa poitrine & son ventre sont d’un blanc mêlé de roux. Au dos il a quelques plumes cotonneuses, & couvertes de poil follet, qui sont cendrées & roussâtres, tirant sur le noir. Celui-ci a les aîles plus longues à proportion que le précédent. Il a les côtés & la plûpart des grandes pennes blanchâtres ; le reste d’une couleur enfumée. Au reste il lui est presque semblable.

COLIN, s. m. terme populaire. Nom propre d’homme, que l’on donne à ceux qui se nomment Nicolas. Nicolaus.

COLIN. s. m. Voyez Caniart & Colimb.

☞ COLIN, petite rivière de France dans le Berri, qui a sa source dans les Montagnes d’Auvergne, & se perd dans l’Avrette, près de Bourges.

COLINETTE. s. f. Nom que l’on donne à Lyon à des Religieuses pénitentes du Tiers-Ordre de S. François. Colinetta. Le P. Hélyot parle du Monastère des Colinettes, T. VII, C. 41.

☞ COLINETTE. s. f. Couverture de tête à l’usage des femmes. C’étoit une espèce de cornette avec des barbes dont les femmes se coëffoient de nuit.

COLINHOU. s. f. C’est le nom qu’on donne à un certain vin qui croît en Normandie dans le pays de Cau. Le vin de Colinhou se tire des vignes qui sont attachées à leurs arbres, & ce nom est sans doute le nom propre de celui qui s’avisa le premier de gouverner ainsi ses vignes. C’est ainsi que s’en explique Mosant de Brieux, dans une de ses lettres à M. Turgot.

COLINIL, s. m. plante de l’Amérique, dont le suc étant mêlé avec un peu de miel, est, à ce que l’on dit, un topique excellent pour les pustules de la bouche. Ray. Hist. Plant. qui n’en dit pas davantage.

COLIN-MAILLARD. Jeu d’enfans, où on bande les yeux à l’un de la troupe, qui ☞ poursuit ainsi les autres, jusqu’à ce qu’il en ait attrapé un qu’il est obligé de nommer, & qui alors prend sa place.

Lorsque le feu Roi de Suède, (le Grand Gustave) ce puissant fléau de la Maison d’Autriche, s’egayoit dans son particulier à jouer avec ses Colonels à Colin-maillard, parmi ses plus grands triomphes, cela passoit pour une galanterie admirable. Mascur. Celui qui a les yeux bandés s’appelle Colin-maillard, ☞ ainsi que le jeu, vestigator ; andabata celui qui a les yeux bandés. Andabata vestigatoris ludicrum, le jeu de Colin-maillard.

☞ COLIOURE. Voyez Collioure.

COLIQUE. s. f. Douleur plus ou moins violente qu’on sent dans le bas ventre. Intestini plenioris morbus, intestini dolor, colicus dolor, colerica tormina. Elle a été ainsi appelée, parce qu’on a cru que le siége ordinaire de cette maladie étoit l’intestin colon. On auroit dû par cette raison ne nommer colique que la douleur du colon ; mais l’usage en a décidé autrement. Il y a de trois sortes de coliques : la bilieuse, la venteuse & la néphrétique. La colique bilieuse est causée par des humeurs bilieuses, âcres & mordicantes, qui sont répandues dans les boyaux & qui les picotent. La colique venteuse est vagabonde, & ne s’arrête en aucun lieu : elle est produite par des vents qui étendent violemment l’intestin où ils sont enfermés. La colique néphrétique se sent particulièrement sur les reins, & est ainsi nommée, parce qu’en grec le rein s’appelle νεφρος. Elle procède ordinairement d’une pierre ou gravier qui s’est détachée du rein, & qui est tombée dans le bassinet. Le Pareira brava est un spécifique pour les coliques néphrétiques. Il dissout les glaires qui collent ensemble les sables & les graviers dans les reins. M. Manochi, Médecin Vénitien, qui s’est fait une grande réputation à la Cour du Mogol, où il a demeuré 40 ans, m’a assuré que son remède