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CIT

ques auteurs disent que S. Bernard lui-même a été le Fondateur des Religieuses de l’Ordre de Citeaux ; d’autres prétendent que c’est sainte Humbeline, sœur de saint Bernard, qui en fut l’institutrice. Quoi qu’il en soit, le premier Monastère fut établi à Juilly, dans le Diocèse de Langres, selon Mantique, & selon le P. Mabillon, l’Abbaye de Tart, au Diocèse de Langres, fondé en 1120, par S. Etienne, IIIe Abbé de Citeaux, & non par S. Bernard, & soumise à l’Abbaye de Molène. Les Cisterciennes s’appellent en France Bernardines. Voyez ce mot. Il y a en Allemagne des Abbesses Cisterciennes, qui sont Princesses de l’Empire. Voyez sur ces Religieuses le P. Helyot, T. V, C. 35.

CISTERNE. Voyez CITERNE.

CISTERNEAU. Voyez CITERNEAU.

CISTERON. Voyez SISTERON.

CISTIQUE, adj. Terme d’Anatomie. Epithète qu’on donne aux artères & aux veines de la vésicule du fiel. Il y a deux artères cistiques, qui sont des rameaux de l’artère céliaque, qui y portent le sang. Il y a aussi deux veines cistiques, qui rapportent le reste de ce même sang, & qui vont se jeter dans la veine-porte.

Le mot de cistique vient de κύστις (kustis) vesica, vessie, & selon cette étymologie, qui est indubitable, il faudroit écrire cystique par un y, et non pas cistique. Il y a long temps que certains Auteurs tâchent de retrancher de notre langue tous les y. Il faudroit au moins y laisser ceux qui nous viennent du Grec ; d’autres au contraire mêlent les y dans tous les mots qui viennent du Grec, & écrivent éclypse, au lieu de éclipse. Puisque l’y est une lettre de notre alphabet, il faut l’employer du moins dans les mots d’origine grecque, où les Grecs mettent leur ypsilon, & ne le point employer où les Grecs mettent leur iota.

CISTOPHORE, s. m. terme d’Antiquaire. On donne le nom de Cistophores aux médailles & monnoies où l’on voit des corbeilles, c’est du mot cista, qui signifie corbeille ; que ces médailles ont emprunté leur nom. Les Cistophores étoient frappées, à ce qu’on croit, pour les fêtes des Orgies qu’on célébroit en l’honneur de Bacchus. Le P. Panel a fait un livre exprès pour expliquer les Cistophores.

CISTRE, plus ordinairement SISTRE. s. m. C’est un Instrument à corde fort usité en Italie, qui a presque la figure du luth, mais qui a un manche plus long, divisé en 28 touches. Cithara, Sistrum. Il a quatre rangs de cordes, qui ont chacun trois cordes à l’unisson, à la réserve du second rang qui n’en a que deux. Ses cordes sont ordinairement de laiton, & se touchent avec un petit bout de plus, comme celle de la mandore. Son chevalet est auprès de la rose, & les cordes sont attachées au bout de la table à un endroit qu’on nomme le peigne. Ses touches sont de petites lames de laiton fort déliées. Il y a aussi des cistres à six rangs de cordes. On tient qu’Amphion a été inventeur du chant avec le cistre. L’analogie du Latin & du Grec, d’où le mot de cistre est dérivé, semble demander qu’on écrive sistre, & non pas cistre ; car en Latin il s’écrit par un s, en Grec par un σ σεῖστρον (seistron).

Cistre. Vieux mot qui signifioit cidre.

CIT.

☞ CITADELLA. Petite ville maritime de l’Île de Minorque, sur la côte, vis-à-vis de l’Île de Majorque.

CITADELLE. s. f. Place fortifiée de quatre, de cinq, ou de six bastions, qu’on bâtit au lieu le plus éminent d’une ville pour la défendre contre les ennemis, ou pour tenir les habitans dans l’obéissance du Prince. Arx. Il y a toujours une grande esplanade entre la ville & la citadelle. Un Poëte grec a dit hardiment. Jupiter, fermez bien la porte de l’Olympe, & défendez bien la citadelle des Dieux ; les armes de Rome ont tout subjugué. Bouh.

Citadelle, s. f. terme de Fleuriste. Tulippe pourpre, gris de lin & blanc. Morin.

CITADIN, INE. s. m. & f. Vieux mot, qui signifioit autrefois un habitant d’une Cité. Civis.

Campagnard, Citadin, Voyageur, Solitaire,
Courtisan, Financier, Magistrat, Mousquetaire. R.

Il est encore en usage en quelques villes d’Italie, pour signifier ceux qui ne sont pas du corps de la Noblesse. Le Chancelier de Venise est ordinairement citadin.

Citadin a aujourd’hui en France quelque chose de méprisant, & veut dire un homme du peuple.

CITARIS. Voyez Cidaris.

☞ CITATEUR. s. m. Quelques écrivains se sont servis de ce mot pour exprimer celui qui allégue des passages, des autorités, des témoignages. Bayle est un grand citateur.

☞ CITATION en jugement, chez les Romains, in jus vocatio, c’étoit à peu près ce que nous appelons ajournement ou assignation. Voyez ces mots. Dans les commencemens le défendeur étoit obligé de suivre le demandeur devant le Juge. Dans la suite leurs assignations étoient libellées comme les nôtres. Ce mot dans ce sens n’est plus en usage chez nous que dans les matières Ecclésiastiques.

Citation, en matière Ecclésiastique, assignation devant un Juge Ecclésiastique pour affaire qui regarde l’Eglise, in jus vocatio. On appelle comme d’abus des citations, quand un Laïque est cité devant un Official, lorsqu’il est incompétent.

Citation se dit aussi de l’ordre que le Grand-Maître envoie à tous les Chevaliers de se rendre à Malte, en certaines occasions. Acad. Fr.

Ce mot vient du latin citatio, mot impropre, de cito.

Citation signifie aussi, allégation de quelque loi, de quelque autorité, de quelque passage. Loci alicujus ex scriptore quodam prolatio ; scriptoris testimonium, locus, allegatio. ce livre est plein de citations. Les Pédans sont sujets à faire beaucoup de citations inutiles. Les citations ne sont plus guère à la mode dans les discours oratoires. Ceux qui parlent en public, bien loin de nommer dans leurs citations les Auteurs donc les noms sont barbares, à peine nomment-ils ceux dont les noms sont devenus françois. Il faut y suppléer par des traits qui désignent, & qui marquent bien l’Auteur que l’on ne nomme pas. Mais il est bon d’observer que les citations figurées, & les périphrases qui tiennent la place des noms, n’entrent guère que dans le genre sublime : les grandes expressions ne conviennent pas aux petits sujets. Bouh Il y a moins d’un siècle que les citations étoient très-fréquentes ; Ovide & Catulle venoient avec les Pandectes au secours de la veuve & des pupilles. La Bruy. Ce livre est chargé d’un si grand nombre de citations, qu’elles offusquent & empêchent de voir l’ouvrage de l’Auteur. Bail. Les citations doivent être choisies, & peu fréquentes, sur tout dans une langue étrangère, à moins qu’elles n’ayent plus de poids & d’autorité que dans notre langue. S. Evr. Costar est tout farci de citations & de pensées étrangères. Bail.

Que tes citations soient courtes & serrées,
Et n’en change jamais les phrases consacrées. Vill.

Il n’y a guère d’Auteurs qui aient porté plus loin l’exactitude des citations que M. de Tillemont & Bayle. Si cette méthode répand un peu de sécheresse dans les livres, on en est bien dédommagé par l’assurance qu’ont les Lecteurs de n’être pas trompés, & par l’exemption d’aller consulter avec beaucoup de peine, & souvent sans aucun fruit, les Originaux. Il seroit à souhaiter que tous les Ecrivains eussent la même exactitude. Cela couperoit chemin à une