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CIR

d’un côté, & une palissade d’épées droites de l’autre, ce qui rendoit ces courses dangereuses, comme remarque Servius : d’où vient qu’Isidore dit, que c’étoit à cause de cette palissade d’épées que ces jeux avoient été nommés Circenses, quasi circum enses. Voyez Circense. Scaliger se moque de cette interprétation.

Ce mot vient du Latin Circus.

Les Jeux du Cirque, Circenses Ludi, que quelques Auteurs appellent Jeux Circenses étoient des combats que les Romains célébroient dans le Cirque, d’où ils avoient pris leur nom, & non pas de Circé, comme l’a cru le Traducteur d’une oraison de Cicéron contre Verrès, qui traduit Circences Ludi, Jeux de Circé. Ils se faisoient à l’honneur de Consus, Dieu des Conseils. On les appeloit aussi Jeux Romains, en Latin, Ludi Romani, parce qu’ils étoient aussi anciens que Rome, ou qu’ils avoient été institués, ou plutôt rétablis par Romulus ; & Grands Jeux, en Latin, Ludi Magni, parce qu’ils se célébroient avec plus de dépense & de magnificence qu’aucuns autres, & parce qu’ils se faisoient à l’honneur du Grand Dieu Neptune, qui étoit leur Dieu Consus. Ceux qui disent qu’ils furent institués à l’honneur du soleil, confondent la pompe du Cirque avec les jeux ou ces courses du Cirque. Les jeux du Cirque furent institués par Evandre à l’honneur de Neptune, & rétablis par Romulus ; parce que ce fut par le conseil de ce Dieu qu’il fit faire l’enlévement des Sabines. La pompe du Cirque n’étoit qu’une partie & le prélude des jeux du Cirque, & par où on les commençoit. C’étoit une simple Cavalcade à l’honneur du soleil, au lieu que dans les jeux du Cirque, c’étoient des courses de chevaux. Jusqu’à Tarquin le vieux, on les fit dans l’Île du Tibre, & ils ne s’appeloient que les Jeux Romains ; depuis que ce Prince eut bâti le Cirque, ils en prirent le nom, parce qu’ils s’y firent toujours. Il y avoit sept sortes d’exercices. Le premier étoit la lutte, des combats avec l’épée, des bâtons, des piques : le second étoit la course : le troisième la danse : le quatrième le palet, ou le disque, les flèches, les dards, & toute autre sorte d’armes semblables. Tous ceux-ci se faisoient à pié : le cinquième étoit la course à cheval : le sixième la course des chars, soit à deux, soit à quatre chevaux ; dans cet exercice on divisoit les combattans d’abord en deux quadrilles, & puis en quatre, & elles portoient les noms des couleurs dont elles étoient vêtues. Il n’y avoit d’abord que la blanche & la rouge ; on y ajouta ensuite la verte & la bleue. Ce fut un certain Oenemaüs qui inventa la distinction des couleurs pour les divers quadrilles des combattans au Jeux du Cirque ; le vert pour ceux qui représentoient la terre ; & le bleu pour ceux qui représentoient la mer. Domitien ajouta encore deux nouvelles couleurs à ces quatre, le jaune & le violet ; mais elles n’ont pas duré. Dion, Liv. LXVII, dit le jaune & le blanc ; mais le blanc étoit plus ancien, & étoit encore une des couleurs du Cirque au cinquième siècle, comme on le peut voir dans Cassiodore. Liv. III, ép. 51.

Quel supplice affreux se prépare ?
De regards le Cirque entouré,
Repait d’un spectacle barbare
Un peuple de sang altéré.

Nouv. choix de Vers.

Voyez Varron dans Aulugelle, Liv. III, c. 10. Denis d’Halicarnasse, Liv. VII. Solin, c. 45 & les notes de Saumaise sur cet endroit. Casaubon avoit fait un Livre sur les Jeux du Cirque, qu’il cite assez souvent dans ses notes sur Suétone, & sur Athénée, mais il n’a point vû le jour. Godwin Antol. Rom. L. V., c. 4. 5. & Dempster dans ses Paralipomena, parlent aussi des jeux du Cirque. Les Chrétiens, & entre autres Lact. Liv. VI, c. 20 de ses Institutions, & Tertullien des Spectacles, c. 15, montrent la vanité, la folie des Jeux du Cirque. Voyez Onuphrius de Circo, & Vigenere, sur Tite Live, De la Pise dans son Hist. d’Orange, p. 15 & suiv.

CIRSAKAS, s. m. Étoffes des Indes presque toutes de coton, avec un mêlange de très-peu de soie.

CIRSION. s. m. Plante qui a beaucoup de rapport au chardon. Elle pousse une tige à la hauteur de trois ou quatre piés, grosse comme le pouce, cannelée, couverte de coton. Ses feuilles sont grandes, larges, pointues, dentelées en leurs bords, d’un verd-blanchâtre, charnues, armées de petites épines foibles & peu piquantes. Ses sommets sont chargés de têtes écailleuses sans épines, qui soûtiennent chacun un bouquet de fleurons purpurins, découpés en lanières. Il leur succède des semences oblongues, garnies d’aigrettes. Sa racine est disposée en petits navets, comme en l’asphodèle. Cette plante croît aux lieux humides & montagneux, dans les prés & sur les rivages. Elle est propre pour appaiser les douleurs des varices ; ce qui lui a fait donner le nom de cirsium, de κίρσος (kirsos) qui signifie varice. Charles & Jean-Baptiste Bauhin, Charles Clusius, Nicolas Lémeri, & Joseph Pitron de Tournefort parlent de cette plante. Le dernier distingue le cirsion du chardon & du jacéa, en ce que les têtes du chardon sont épineuses, & celles du cirsion ne le sont point, & que celui-ci a les feuilles piquantes, & que le jacéa n’a ni les feuilles ni la tête épineuses.

CIRSOCÈLE, s. m. terme de Chirurgie. C’est une dilatation des veines spermatiques, causée par un sang grossier & épais. Tumor Scroti. On l’appelle aussi Hernie variqueuse. Cirsocèle vient du Grec χερούς (cherous), varice, & de γὸλη (golê), hernie. Cette maladie consiste dans un grand nombre de varices qui augmentent considérablement la grosseur des testicules. On n’y remédie quelquefois que par la castration.

CIRTE. Ville de l’ancienne Afrique. Cirta. Elle est célèbre dans l’Histoire.

Ce nom est punique, קרת Kereth, & signifie ville, comme en hébreu.

CIRURE. s. f. Composition de cire & de suif, qu’on fait pour enduire des souliers & des bottes, & pour empêcher qu’ils ne tirent l’eau. Ceratura, ceræ obductio. Ce Cordonnier a une cirure luisante. Pour faire une bonne cirure, il y faut mettre un peu de salpêtre. On dit aussi cirage. Mais cirure paroît signifier la matière de l’enduit, & cirage l’action de l’appliquer.

CIS.

CIS ou CIST. Pronom démonstratif qui est aujourd’hui hors d’usage. Il veut dire, ce, ces, ceux, cettui-ci, cettui-là. Hic, ille, is.

CISA ou ZIZA, s. f. Cisa, Ziza. Déesse des anciens Germains. C’est tout ce que l’on en sait. Voyez Voss. de Idol. L. IX, c. 40.

CISAILLER. v. a. Couper avec les cisailles. Oram nummi forfice incidere. Quand on porte à la monnoie une pièce légère ou altérée, on la cisaille à l’instant pour l’ôter du commerce.

Cisaillé, cisaillée. part.

Cisailles. s. f. pl. se dit aussi des gros ciseaux qui servent aux Ouvriers en métal pour couper des plaques déliées de fer blanc, de laiton, d’argent, &c. Forceps. Quelques Ouvriers les appellent cisoires.

Cisailles se dit aussi de ce qui reste d’une lame de métal, quand on a enlevé les flans pour faire la monnoie : ce sont les rognures qui restent de la monnoie qu’on a fabriquée. Num mariæ conflaturæ præsegmina. On refond ces cisailles en lame pour continuer le travail, & employer toute la matière.

Dans cette acceptation on dit aussi cisaille au singulier. Voilà bien de la cisaille.