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BRE

dit un directoire. On dit aussi par ironie & dans le style burlesque un guide-âne.

Bref, en termes de Marine, se dit en Bretagne d’un congé qu’on est obligé de prendre pour naviger, qui est de trois sortes. Rescriptum. Le bref de sauveté, qui se donne pour être exempt du droit de bris. Voyez d’Argentré, Hist. de Bret. L. I, p. 101, qui ajoute que s’il arrive qu’on se brise, & que dans les deux prochaines marées après être brisés, on prenne ces brefs des Fermiers des ports & havres, on est en sûreté de droit de bris, mais non pas des larrons, à qui, pour le droit de sauveté, on adjuge le dixième de ce qu’ils sauvent. Les Ducs de Bretagne donnoient autrefois des brefs pour la mer, & ceux qui les prenoient, étoient à couvert du droit de lagan, ou de bris. Lobineau, Hist. de Bret. T. I, p. 848.

Le second étoit un bref de conduit, pour être conduit hors des dangers de la côte. Les anciens Vicomtes de Leon donnoient aussi des sceaux, que l’on appeloit de conduit, parce qu’ils étoient obligés de faire conduire les vaisseaux de différentes nations qui passoient au Raz de S. Mahé. Et ceux qui ne prenoient pas ces sceaux, les Vicomtes étoient en droit de les poursuivre comme ennemis. Id. au même endroit.

Le troisième, bref de victuailles, pour avoir liberté d’acheter des vivres. On les appelle aussi brieux ; & on dit, parler aux hébrieux ; pour dire, obtenir ces brefs. Marie de Bretagne prétendoit de grands droits sur les brefs de Bourdeaux & de la Rochelle, contre son neveu Jean III, Duc de Bretagne. Le Duc de Bretagne avoit à Bourdeaux un Clerc qui tenoit son sceau pour délivrer des brefs aux Marchands de Gascogne, & autre qui trafiquoient sur les côtes de Bretagne. D’Argentré.

Breve, en termes de musique, est une notre blanche figurée comme un carré sans queue, qui vaut deux mesures.

Brève. s. f. Terme de monnoie, qui se dit de chaque fonte des monnoies, & des flans, carreaux, ou espèces, qu’on donne aux ouvriers pour les tailler, peser, ajuster, & y mettre toutes leurs façons. On les donne au poids & par compte, pour les rendre ensuite au Maître de la monnoie toutes façonnées. On les appelle ainsi, à cause que le Prévôt des ouvriers & des monnoyers en fait un petit registre ou bordereau, ou brève écriture.

BREGENTZ. s. m. Nom d’une ancienne ville, voisine d’Arben, bourg situé sur le lac de Constance. Bregentium. Bregentz étoit placé dans un lieu fertile & agréable, environné de montagnes.

BRÉGIN. s. m. Espèce de filet en usage sur la Méditerranée, dont les mailles sont fort étroites. Il est attaché à un petit bateau, & on le traîne sur les sables.

BREHAIGNE. adj. f. Femelle qui ne conçoit point, qui est stérile. Sterilis. Il y a des brebis bréhaignes, & d’autres qui sont portières. Nicot. On appelle proprement une carpe bréhaigne, celle qui n’a ni œuf, ni laitte. On dit aussi, une biche bréhaigne ; ☞ quelques-uns disent brehagne qui n’engendre point. Le peuple le dit quelquefois au substantif des femmes stériles, c’est une bréhagne.

Ménage dérive ce mot de l’anglois barren, qui signifie aussi sterile. Du Cange de brana, qui signifie une jument stérile. Il vient plutôt du bas-breton, où l’on dit bréhaing dans le même sens.

BREHIS. s. m. Animal qui n’a qu’une corne sur le front, & qui se trouve dans l’Ile de Madagascar. Il est fort sauvage, aussi gros qu’une chèvre, & se tient particulièrement dans la Province d’Asianacte.

☞ BREISICH. Petite ville d’Allemagne, au Duché de Juliers, sur le Rhin, vis-àvis d’Huningen.

BRELAN. s. m. Ludus aleatorius quo ternis lusoriis foliis luditur. Jeu de cartes qu’on joue à trois, quatre & cinq personnes. On y donne trois cartes à chacun, après en avoir ôté les plus petites jusqu’à sept inclusivement. On y fait plusieurs enchères à l’envi les uns des autres. Avoir brelan, c’est avoir trois cartes de même figure ou de même point, trois as, trois rois, trois dix, &c.

On appelle brelan favori, le brelan qu’on a déclaré au commencement du jeu, qui se payeroit double ; & brelan quatrième, lorsque la carte qui retourne est de même sorte que les trois qu’un des joueurs a dans la main. Acad. Fr.

☞ On écrivoit autrefois berlan ; plusieurs prononcent encore ainsi. Il faut écrire & prononcer brelan.

D’écoliers libertins une troupe indocile
Va tenir quelquefois un brelan défendu. Boil

Brelan, se dit aussi d’une académie ou maison où l’on donne publiquement à jouer aux dés ou aux cartes. Ludus aleatorius, forum aleatorium. Les brelans sont défendus par la Police.

Brelan, se dit aussi fort souvent par mépris, des maisons des particuliers où l’on joue trop souvent. Domus aleatoribus referta. Sa maison est un vrai brelan.

BRELANDIER. s. m. Joueur de profession qui fréquente les brelans. Aleator. Ce mot emporte aussi quelque sorte de mépris ; & on ne l’emploie guère que lorsque l’on veut blâmer quelqu’un de ce qu’il est trop adonné au jeu. Cet homme n’est qu’un brelandier. On le dit de même d’une femme brelandière.

BRELANDINIER, ÈRE, s. m. & f. C’est le nom qu’on donne aux marchands & ouvriers qui n’ont point de boutique ; mais qui étalent au coin des rues, sur des planches, ou dans une boutique portative, que l’on construit tous les matins, & que l’on détruit tous les soirs.

BRÊLE. s. f. Petite rivière qui sépare la Normandie d’avec la Picardie. En latin Brisela, mot dérivé du celtique Breiz, qui signifie un maquereau & une truite. Cette rivière en effet abonde en truites, sur-tout du côté d’Aumale. Les Francs lui avoient donné le nom d’Ou, Au, ou Eu. Mais l’ancien nom de Brêle a prévalu. Descript Géogr. & Hist. de la Haute-Norm. T. I. p. 1, 41, 45.

BRELIN. s. m. Nom d’une sorte de coquillage. Voyez COQUILLAGE.

BRELINE. Voyez Berline.

BRELIQUE-BRELOQUE. Adv. dont on ne se peut servir que dans le style bas & populaire, & qui signifie, inconsidérément, & sans y regarder de près. Temerè, inconsultè, inconsideratè. Il fait cela brelique-breloque.

BRELLE. s. f. C’est le nom que les Marchands de bois carré donnent à une certaine quantité de pièces de bois liées ensemble, en forme de petit radeau. Il faut quatre brelles pour faire un train complet.

BRELOQUE. Quelques gens disent BRELUQUE. s. f. Bagatelle, ou curiosité de peu de valeur. Frivola. Les curieux qui vont voir des cabinets où il n’y a point de pièces rares, disent, pour les mépriser, qu’il n’y a que des breloques. Du Cange dérive ce mot de bulluga, qui est une espèce d’atome, ou de petite pomme, dont il est parlé dans la vie de S. Colomban, qui sert de comparaison à toutes les choses dont on veut marquer la petitesse, ou le peu d’importance.

On appelle petite breloque, l’espèce de boutique, que les petits merciers portent avec eux, ou devant eux dans les rues.

BRELUCHE. s. f. Espèce de droguet, étoffe mêlée de fil & de laine. Les breluches ont la trame de laine & la chaîne de fil ; elles ont demi-aune de large, sur vingt-cinq aunes, & jusqu’à 67 aunes de longueur. Les breluches approchent fort, pour la qualité & le prix, de certains droguets qui se font à Verneuil au Perche.

BRÈME. s. f. Poisson d’eau douce ressemblant à une carpe, mais qui est plus plat, & qui a de plus grandes écailles. Cyprinus latus, Brema. Sa tête est petite, & a deux nageoires auprès des ouïes, & deux autres au milieu du ventre. Ce poisson se