Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/607

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
599
CIR

d’autres dans l’Europe. Il est entre la mer Noire & le mont Caucase, qui la sépare de la Georgie au midi. Il a le détruit de Caffa la mer de Zabache au couchant ; le Don ou Tanaïs au nord ; & le Volga avec la mer Caspienne au levant. La Circassie dépend du Czar de Moscovie. On l’appelle autrement, Comame. Maty. D’autres la distinguent de la Comanie, & disent que la Circassie est un pays d’Asie, situé entre la Comanie à l’orient, la Moscovie au Nord, la Mingrelie au couchant ; la Georgie en partie au midi. La Circassie est un beau pays fort diversifié : on trouve en ce pays-là toutes sortes de fleurs, & sur tout de belles tulipes. Les campagnes sont remplies d’arbres fruitiers qui y viennent fort bien. Il y a en Circassie grande quantité de bétail & de fort bons chevaux ; il n’y a point de villes ni de forteresses, mais seulement des villages, dont les maisons sont disposees en rond, avec une place au milieu. Tavernier, Tom. I. Le côté de la Circassie par où nous entrâes, est plein de hautes montagnes & de profondes vallées, ombragées de quantité de grands arbres. C’est de-là que le Kan de Krimée tire ses plus grandes richesses en esclaves. Tout le monde y est d’une beauté enchantée. Mém. des Miss. du Lev. 1714. Voyez ce livre, p. 119 & suiv.

CIRCASSIEN, ENNE. s. m. & f. Qui est de Circassie. Circassus. On le dit aussi-bien que Circasse. Les Circassiens ont été autrefois Chrétiens & la plupart font encore profession du Christianisme, mais n’en font aucun exercice. Les autres se disent Mahométans. Les Circassiennes sont fort bien faites, & ont le visage beau, le teint blanc & uni, les joues fort colorées. La Sultane Validé, Circassienne de nation, femme d’un esprit fort élevé, se donna un coupe de poignard dans sa douleur. Mem. des Miss. du Lev. 1715. Les Circassiens aiment fort la chasse. Les Circassiens ont le plus beau sang du monde. Les Princes & les Seigneurs d’Asie remplissent leurs serrails de Circassiennes.

Ce mot est aussi adjectif. Un paysan, un soldat, un cavalier Circassien ; une femme, une esclave Circassienne.

CIRCÉ. s. f. nom ☞ d’une célèbre Magicienne. Terme de Mythologie. Circe. Selon Homere, elle étoit fille du Soleil, & de la Nymphe Persa, fille de l’Océan, ou, selon le faux Orphée, d’Apollon & d’Astérope ; & elle fut fort habile dans l’art des poisons. Elle épousa le Roi Sarmatare, dont elle ravit le Royaume après l’avoir empoisonné. Comme elle tyrannisoit ses sujets, ils se révoltèrent ; & elle se retira en Italie, & donna son nom à la montagne & au promontoire, où elle habitoit. Circœus mons, Circœum, ou Circeium promontorium. Lactance dit, L. I, c. 21. qu’elle porta le nom de Marique, où Marice, Marica. Les Minturniens l’adoroient sous ce nom, quoique d’autres prétendent que ce fut Vénus. On conte cent effets fabuleux de ses enchantemens, que Bochart croit avoir été inventés par les Phéniciens, sur ce qu’elle s’étoit retirée chez les Latins, & qu’en Phénicien, comme en Hébreu, לט, lat, & au pluriel לטם, latim, & לטן, latin, signifie enchantement. Voyez Homere, Odyss. L. X, Loyd, Hoffman, Bochard & Vossius, de Idolol. L. I, c. 40.

CIRCÉE. s. f. Circœa. Plante qui a sa racine blanche, noueuse, oblique, rampante, chargée de quelques fibres. Ses tiges sont droites, menues, arrondies, pleines de moëlle, vertes, un peu velues, & garnies de feuilles opposées, larges à leur base, pointues à leur extrémité, assez semblables à celles de la Morelle, mais un peu plus velues, dentelées sur leurs bords, & attachées à des queues longues de demi-pouce. Ces tiges se terminent par un épi de fleurs assez écartées les unes des autres, petites, & composées de deux pétales blanches, & taillées en cœur : deux étamines & un pistil occupent leur milieu. Le calice de ces fleurs est fermé par de petites feuilles vertes, rabattues dans le temps que la fleur s’épanouit, & qui tombent ensuite avec les pétales. Il succéde à la fleur un fruit fermé par la base du calice qui est taillée en petite poire verdâtre, velue & divisée en deux loges, qui renferment chacune une semence oblongue. Cette plante croît dans les bois, & dans des lieux humides, en plusieurs endroits du Royaume. Elle vient assez abondamment aux environs de Paris. On l’a nommée aussi Circœa Lutetianorum.

Il y en a une autre espèce commune dans les montagne ; elle ne diffère de celle-ci que par la petitesse de toutes ses parties ; à peine s’élève-t-elle à la hauteur de quatre à cinq pouces ; la couleur de ses feuilles est d’un vert plus clair & plus gai : on la nomme Circœa minima. Quoique cette plante porte le nom d’une fameuse Enchanteresse, on ne lui attribue aucune propriété qui tienne du merveilleux.

CIRCENSE. adj. Circensis. Ce mot en françois ne se peut dire qu’au pluriel, en parlant des Jeux circenses, comme dit M. Blondel, pour les Jeux du Cirque, comme on dit ordinairement. Par le nom de Jeux Circenses, on entend en général tous les combats du Cirque, de quelque manière qu’ils se fissent, à pié, à cheval, sur un char, à la lutte, à coups de poings, avec des épées, des piques, des dards, des flèches, contre des hommes, ou contre des bêtes, sur la terre, dans l’arène, ou sur des vaisseaux. Il n’y avoit guère que les Esclaves qui donnassent au peuple ce cruel plaisir : c’étoit un exercice qui auroit déshonoré les honnêtes gens. Il y en a qui disent que les Jeux Circenses ont été ainsi nommés du mot latin Circuitus, parce que ces sortes de combats se faisoient dans un lieu entouré d’épées nues, afin que les combattans ne pussent s’enfuir ; & même dans les commencemens, ils se faisoient au bord de la rivière, & du côté de la terre le champ du combat étoit fermé avec des épées nues. tous les Auteurs qui ont écrit des spectacles des Romains, & des Antiquités Romaines, ont parlé des Jeux Circenses. La plûpart des fêtes des Romains étoient accompagnées de Jeux Circenses. & les Magistrat, ou les autres Officiers de la République, donnoient souvent ces sortes de spectacles au peuple. Les grands Jeux Circenses duroient cinq jours, & commençoient le quinzième de Septembre. Au reste, quoique l’Abbé de Marolles, M. Blondel, les Auteur de Moréri, & d’autres peut-être encore, se servent du mot Circenses, ont dit plus communément les Jeux ou les combats du Cirque ; mais sur-tout il ne faut pas les appeler les Jeux de Circé, comme a fait un de nos Traducteurs, dans un ouvrage de Cicéron. Ce sont les Jeux du Cirque. Voyez Cirque.

☞ CIRCENSTER ou CIRCESTER. Ville d’Angleterre, dans le comté de Glocester, sur la rivière de Charnu. Son ancien nom latin est Corinium. ou Durocornivium.

CIRCIO, s. m. est un oiseau des Indes, gros comme un étourneau, de diverses couleurs, remuant presque toujours la queue. On lui apprend à parler plus facilement qu’au perroquet. Voyez Jonston.

CIRCIUM. Voyez CIRSIUM.

CIRCONCELLION, s. m. nom de Secte. Circumcellio. Vers l’an 329 ou 33à, commencèrent chez les Donatistes les Circoncellions. C’étoient des troupes de furieux, qui couroient par les bourgades & les marchés avec des armes, se disant les défenseurs de la justice, mettant en liberté les esclaves, déchargeant les gens obérés de leurs dettes, & menaçant de mort les créanciers, s’ils ne les déchargoient. Il n’y avoit point de sûreté sur les grands chemins, ni même dans les maisons. Les deux plus fameux étoient Manida & Fasis, qui prenoient le beau titre de Chefs des Saints. Leurs propres Evêques furent contraints de les abandonner, & d’écrire au comte d’Afrique, nommé Taurin, qu’il les réprimât. En effet, il envoya contr’eux des troupes en un lieu nommé Octavense, où il y en eut plu-