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CHE
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Chérubique, Hymne chérubique. C’est un Hymne qui est fort célèbre dans la Liturgie Grecque. Il se chante avec beaucoup d’apparat & de solennité dans le temps que les saints dons sont portés du petit Autel de la Prothèse au grand Autel, où l’on doit célébrer la Liturgie, & qui s’appelle l’Autel du Sacrifice. Aussi-tôt que les Chantres voient sortir de ce petit Autel les saints dons, ils entonnent cet hymne, qui est appelé Chérubique, parce qu’il y est parlé du Chœur des Anges & des Chérubins, lesquels accompagnent Jesus-Christ qui va être immolé. Consultez là-dessus l’Eucologe du P. Goar, & les notes du P. Simon sur l’Apologie de Gabriel, Archevêque de Philadelphie. Hymnus Cherubicus.

CHERVI ou CHERVIS. s. m. Chervis est plus usité. Sisarum ou siser vulgare. Plante ombellifère, dont les racines sont de petits navets, gros & longs comme le doigt, blanchâtres en dehors, plus blancs en dedans, douçâtres & aromatiques. Ces petits navets sont ramassés en botte à leur collet, d’où sortent des feuilles qui ressemblent à celles de la berle, d’un goût & d’une odeur aromatique. De leur milieu sort une tige haute de deux piés au plus, branchue, noueuse & cannelée, terminée par des ombelles de fleurs à cinq petits pétales blancs. Leurs semences sont menues comme celles du persil ; elles sont un peu étroites, cannelées sur le dos, plus brunes, plus longuettes, & d’un goût un peu âcre & aromatique. On mange les racines de chervis ; elles sont fort douces. Après les avoir fait cuire dans l’eau, on les assaisonne comme les autres racines. On les met aussi en pâte : leur douceur paroît fade à bien des gens. Le chervis ne se multiplie que de graine ; sa graine est ovale, longuette, assez menue & étroite, rayée dans sa longueur, d’une couleur de feuille morte, d’un blanc grisâtre, plate par une de ses extrémités. La Quint.

☞ CHEVINSKO. Ville de Pologne, au Duché de Mazovie, sur la Vistule, à trois lieues au dessous de Zakrocim.

☞ CHERZ, (chez les Polonois Gzerko) Ville de Pologne, dans la Masovie, sur le chemin de Warsovie à Léopold.

CHÉSAL. s. m. Vieux mot françois, qui signifioit autrefois maison & église. Domus, casale, casalagium, templum. Il est encore en usage en plusieurs Provinces, d’où vient qu’on dit encore la Congrégation de Chésal-Benoît, qui est une union en Congrégation de quelques Abbayes régulières de l’Ordre de S. Benoît, comme S. Sulpice de Bourges, S. Augustin de Limoges, &c. L’Abbaye de Chésal-Benoît, qui est le chef de la Congrégation du même nom, fut fondée en 1098, dans le Diocèse de Bourges, du temps de l’Archevêque Léger. On tira du Monastère de Cornéliac un Moine de Vallombreuse pour l’en faire Abbé, & y établir les observances religieuses. En 1505, les Abbés de Chésal-Benoît, de S. Sulpice de Bourges, de S. Alire de Clermont, & de S. Vincent du Mans, avec quatre Religieux députés des mêmes Abbayes, s’assemblèrent à S. Sulpice de Bourges, pour réformer l’Ordre ; l’Abbaye de S. Martin de Séez fut agrégée peu après à ces quatre autres ; & en 1510, l’Abbaye de S. Germain des Près à Paris y fut encore unie. En 1511, les Abbés des cinq premiers Monastères résolurent de faire ériger leurs Abbayes en Congrégation, ce qui leur fut accordé en 1516, par Léon X. On écrit quelquefois chésal par un z, & l’on dit chéseau ou chéséolage, pour chésal. ☞ Cette Abbaye a été long-temps régulière & électrice. Par arrêt du Parlement de Paris, rendu le           , elle est à la nomination du Roi, ainsi que les quatre autres dont on vient de parler, que les Bénédictins prétendoient y soustraire, comme ayant été exceptés par le Concordat.

Ce mot vient du latin casata, ou casale. Dans les Capitulaires de Charlemagne, on appelle une Eglise Casa Dei ; c’est le nom que porte encore l’Abbaye de la Chaise-Dieu en Auvergne.

CHÉSÉOLAGE. s. m. Voyez Chésal.

☞ CHESHIRE. Province maritime d’Angleterre, dans le Diocèse de ce nom. Capitale, Chester.

CHÉSEAU. s. m. Voyez Chésal.

CHESMER. Voyez Chémer.

CHESNAIE. Voyez Chênaie.

CHESNE. Voyez Chêne.

CHESNEAU. Voyez Chêneau.

CHESNEGHIR-BASCHI. s. m. Terme de relation. Nom d’un des douze principaux Officiers de la Porte. Ce nom, composé d’un mot persan chesné, qui signifie l’essai qu’on fait des viandes ou de la boisson ; & de ghir, qui vient du verbe gristen, prendre ; ce nom, dis-je, signifie celui qui fait l’essai des viandes que l’on sert au Grand-Seigneur. Quelques-uns l’appellent Chesgighir, de cheschide, goûter. Le Chesneghir-baschi est le chef de ceux qui font l’essai des viandes. Ricaut, de l’Emp. Ottom.

CHESNON. Voyez Chênon.

CHEST. Vieux mot. On disoit autrefois chest pour ce. M’entremit de chest œuvre faire, dit un vieux Traducteur d’Esope.

CHESTER. Cestria. Ville d’Angleterre dans le Comté du même nom ou Cheshire, sur la Dée. Elle se nommoit autrefois, Deva ou Deuva. C’est un Evêché fondé en 1541, par Henri VII, de la suppression du Monastère de sainte Werbuge qui étoit dans la même ville. On dit que cette ville, ou pour le moins le château & quelques maisons, où l’on prétend reconnoître encore l’architecture romaine, furent bâties par Ostorius, qui commandoit en Angleterre, sous l’Empereur Claude, & qu’il fit élever cette forteresse dans le Royaume de Mercie sur les frontières de celui de Galles, pour tenir les peuples de ce dernier dans le respect.

☞ CHESTERFIELS. Chesterfida. Ville d’Angleterre en Derbyshyre, dans la vallée de Scardale, sur les frontières du Comté d’Yorck.

☞ CHESTERSHIRE. Voyez Cheshire.

CHÉTEL. s. m. C’est ainsi qu’on prononce & même qu’on écrit aujourd’hui ce mot. Voyez Chepteil, pour l’explication.

CHÉTIF, IVE. Qui est de peu de valeur : il se dit des personnes & des choses. Vilis, miser, macilentus, informis. Cet homme est bien chétif, maigre, mal fait, misérable. Il a fait un présent bien chétif, qui n’est d’aucune considération. Cet habit, cette étoffe est bien chétive.

Il vint des partis d’importance,
La belle les trouva trop chétifs de moitié.

La Font.

Combien de temps faut-il ? Un temps proportionné à notre durée vaine & chétive. Pascal.

Il vient de l’italien cattivo, selon Pasquier. Mais Ménage tient que ce mot vient de captivus, & prouve que chétif signifioit autrefois captif : ce qui est d’autant plus vraisemblable, qu’on a dit chétif-votson pour captivité. Autrefois on disoit chaitis. Borel le fait venir de captivus, aussi-bien que Ménage ; & il remarque que chaitim se dit en gascon pour chaitis, & que ces mots signifient misérable. Chaitis n’est plus en usage ; chétif se dit encore, mais rarement.

☞ Corneille a employé ce mot très-heureusement dans Pompée, dans ce vers où il est parlé des cendres de ce grand homme.

Dans quelque urne chétive en ramasser les cendres.

☞ Le mot de chétive ne passeroit pas aujourd’hui. Il me paroît qu’il fait ici un très-bel effet, par l’opposition d’une fin si déplorable, à la grandeur passée de Pompée. Voltaire condamne l’usage qu’a fait Corneille de ce mot dans la même pièce. D’une flamme pieuse autant comme chétive, cela n’est, dit-il, ni françois ni noble. Ce mot chétive a été heureusement employé au second acte. Le même terme peut faire un bon & un mauvais effet, selon la place où il est. Une urne chétive qui con-