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BRA

BRAGUETTE. Voyez Braie, ou Brayette.

☞ BRAHILOW. Brahilovia, Brakovia. Petite ville de Pologne, en Valaquie, aux confins de la Moldavie.

BRAHIN, adj. Vieux mot. Stérile. Il est dans le roman de la Rose.

☞ BRAHMA. Voyez Brama.

BRAI, ou BRAY. Voyez Bray.

☞ BRAID-ALBAIN. Albania. Province d’Ecosse, dans la partie septentrionale, au Sud-est de Lochaber.

BRAIE. s. f. Linge qui couvre depuis la ceinture jusqu’aux genoux, comme caleçons, haut-de-chausse. Femoralia. C’est ce qu’on appelle autrement bragues, brages, ou brais, mort celtiques qui avoient donné le nom à la Gaule Narbonnoise de Gallio braccate ; c’étoit une espèce de haut-de-chausse, ou, selon d’autres, une espèce de saye court. Du Cange croit que c’étoit la partie de l’habit qui couvroit les cuisses, comme font nos hauts-de-chausse, que le mot venoit du latin bracæ, ou braccæ, parce qu’elles étoient courtes.

Le peuple de la campagne, qui en a retenu l’usage, en a aussi gardé le nom ; & les Suisses, qui sont ceux des Gaulois, qui ont été le moins sujets aux invasions des peuples étrangers, & par conséquent aux changemens qui ont désolé si souvent le reste de la Gaule, n’ont pas encore quitté cette coutume, dit Chorier, pag. 86. Saumaise, après Isidore, L. XIX. C. 22, veut qu’il vienne du grec βραχὺς. D’autres croient qu’il vient de l’hébreu berec, qui signifie genou, à cause que cet habit va jusqu’aux genoux. Mais Henri Etienne, dans son livre De Latinitate falso suspectâ, ch. 8, p. 360, ne doute nullement que le mot de Braies ne vienne des Gaulois ; & il s’appuie sur l’autorité de Diodore de Sicile qui le leur attribue. Selon le P. Pezron, le mot celtique est brag. Henry Etienne ajoute que ces anciens Gaulois ne prononçoient pas braie, comme nous prononçons aujourd’hui ; mais qu’ils prononçoient ce mot d’une manière plus rude, & qui approchoit davantage du latin bracca, & du grec βράκαι, qui est dans Diodore. Cela s’accorde avec la vieille prononciation bragues. Covarruvias, dans son trésor de la langue Castillane, a remarqué, en parlant de Brague, ville capitale du royaume de Portugal, qu’elle tire son nom des Gaulois celtiques appellés braccati. Enfin, tous les peuples qui descendent des Celtes, qui ont eu la même langue, retiennent encore ce mot ; les François, brague, & broye ; les Allemans, selon les différens dialectes, bruch, broock, bruuk, broek. On a dit en latin Bracca, braccæ, & brucchæ. Les Hibernois disent broges au pluriel, ou broages. Les Anglois britches. Voyez Cluvier, Germ. Ant. L. I. p. 70 & 140. Cambden dit, p. 14 que les Anglois appellent encore à présent brati des habits mauvais & déchirés, sales ; ce qui revient, selon lui, à ce que Diodore de Sicile dit, que les brayers des Gaulois étoient des habits à long poil & de différentes couleurs. Cambden prouve encore, p. 12 que c’étoit aussi un vêtement des anciens Bretons. Quoique l’usage des braies fut dans Rome dès le temps d’Auguste, Tacite l’appelle un vetement barbare, Barbarum tegmen, parce qu’il venoit des Gétes, des Sarmates, des Allemans & des Gaulois. Les Perses, qui tirent leur origine des anciens Scythes, se servoient aussi de braie, Persicam braccam, dit Ovide. ☞ On dit figurément & populairement d’une mauvaise affaire, qu’il en est sorti les braies nettes.

Braie, se dit aussi des linges dont on enveloppe le derrière des petits enfans qui ne sont pas nets, pour les changer plus aisément. La nourrice est allée laver les braies de son enfant.

On dit en Architecture, une fausse braie, ou basse enceinte, expliquée ailleurs à Fausse-braie.

Braie, en termes de Marine, se dit des morceaux de cuir, ou de toile cirée, dont on entoure le pied du mât, ou l’ouverture par où passe la barre du gouvernail, afin d’empêcher que la pluie, ou les vagues n’entrent dedans, ou ne tombent à fond de cale.

Braie, en termes de Charpenterie, sont des pièces de bois qu’on met sur le paillier d’un moulin à vent, pour soulager les meules. Tigillum. Cette pièce de bois a environ six pieds de long, & six pouces de grosseur. Caron.

Braie, se dit aussi, en termes d’Imprimerie, pour signifier un morceau de parchemin qu’on colle au grand timpan, quand il est usé. ☞ On appelle aussi braie une feuille de papier gris ou une maculature coupée en frisquette, qui sert à faire des épreuves.

Braie, chez les Ciriers, est un instrument avec lequel on écache la cire.

Braies, terme de fortification. Les braies paroissent avoir été une fortification comme les Bailles & la Barbacane. Quelques Auteurs les appellent en latin Brachiale. Le P. Daniel. Les braies étoient une espèce d’avant-mur élevé devant la porte de la ville, ou peut-être une saillie de la tour. Idem.

Braies de cocu, plus communément primevère. Voyez ce mot.

BRAIEMENT. s. m. Qui se dit du cri des ânes, comme le hennissement de celui des chevaux. On dit aussi le braire. Rudentis asini sonus, ruditus. Ces deux mots ne sont pas reçus ; ou du moins on ne les trouve point dans nos Dictionnaires. Il faut pourtant choisir entre braiement ou le braire de l’âne, pour exprimer son cri.

BRAILLARD, Voyez Brailleur.

☞ BRAILLE. s. f. Voyez Brailler, terme de pêche.

BRAILLER. v. n. Parler beaucoup & fort haut, sans dire rien de bon, ni de solide. Clamare, vociferari, obtundere.

Brailler, en termes de pêche, se dit du hareng, lorsqu’on le saupoudre de sel, & qu’on le remue avec des pelles, qu’on appelle brailles, afin qu’il prenne mieux la salure.

BRAILLEUR, EUSE. On dit aussi, BRAILLARD, ARDE. adj. Qui parle beaucoup, fort haut, & mal-à propos. Clamator, clamosus rabula. Il ne se fait point brouiller avec ces grands brailleurs. Mol. On dit qu’il n’y a point de terme en françois qui explique rabula, qui veut dire en général un méchant Avocat. Pour moi je l’exprimerois par celui de brailleur, qui est assez le caractère des méchans Avocats. Vign. Mar.

Brailleur, se dit aussi, en termes de manège, d’un cheval qui hennit très-souvent.

☞ BRAINE. Petite ville de l’Isle de France, dans le Soissonnois, à trois lieues de Fismes, avec une abbaye considérable de l’ordre de Prémontré. Brana.

☞ BRAINE L’ALLEU ou L’ALLEUD. Brennia Allodiensis. Petite ville libre, avec une petite juridiction dans les Pays-Bas Autrichiens, entre Bruxelles, Mons & Nivelle.

Braine-le-Comte. Brennia comitis, ou Bronium. Petite ville des Pays-Bas Autrichiens, dans le Hainaut, entre Bruxelles & Mons

BRAIE. v. n. Terme dont on se sert pour exprimer le cri des ânes. Rudere. Un âne chargé d’or ne laisse pas de braire. Coste. Ce verbe ne s’emploie ordinairement qu’à l’infinitif, à la troisième personne du présent de l’indicatif, il brait, ils braient, à la troisième personne du futur, & à la troisième du subjonctif, il brairoit.

Ménage dérive ce mot du latin barrire, ou plutot de rudere qui se dit des ânes proprement. Borel le dérive de bram, qui signifie grand cri en langue gothique.

Braire, se dit figurément & populairement des cris importuns & excessifs des hommes & surtout de ceux qui ont la voix fort rude & désagréable. Vociferari. Il y a long-temps que cet homme ne fait que braire. Ce méchant Avocat ne fait que braire, & ne dit rien qui serve à sa cause.

BRAISE. s. f. Bois ou charbon allumé, & dont l’humidité est consumée, ensorte qu’il ne rende point de fumée ; charbon ardent. Pruna. Des